L'artiste Antoni Ros Blasco présente à la galerie Boa, 11 rue d'Artois à Paris, une sélection d'oeuvres réalisées à partir de 2010, plus dépouillées au niveau des effets de matière par rapport à celles qu'il a créées durant les années 1980.
Cette fois, l'artiste d'origine catalane a réduit sa gamme de couleurs jusqu'à la monochromie ou la bichromie pour les valoriser à travers des variations plus concentrées pour atteindre des niveaux symboliques plus appuyés, une peinture spectrale sur le temps qui passe, sur l'émotion pure et la liberté, comme le vol d'un oiseau, dans une déclinaison des plus savantes qui questionne sans arrêt le spectateur.
Les traits sont poétiques, aériens, nébuleux tandis que les couleurs déploient leurs ailes et dansent avec souplesse sur la toile dans une explosion de lumière éclatante, noire, blanche ou rouge pour opposer les vides aux pleins dans un chaos parfaitement ordonné, un Big Bang pictural qui nous ramène au commencement de l'univers sorti des ténèbres par la magie du pinceau de l'artiste qui plonge dans les abysses de l'abstraction et de la figuration et en ressort d'un bond fulgurant dans une formulation géométrique quasiment miraculeuse jusqu'à ressembler à une apparition divine.
Né en 1950, Antoni Ros Blasco a fait à Barcelone des études de dessin et d'expression plastique aux écoles Massana de graphisme et de Design et d'Art Liota avant de fréquenter celle des Beaux-Arts de 1969 à 1974 et d'accéder au poste de professeur de peinture en complétant son parcours à la faculté des Beaux-Arts de l'Université de sa ville natale. Ayant obtenu une bourse du gouvernement Français, il s'est installé en 1976 à Paris où il a suivi les cours de l'Ecole nationale des Beaux-Arts en réussissant, fait rare pour un étranger, le concours de l'Académie de France à Rome en 1984 pour alors devenir pensionnaire de la Villa Médicis durant deux ans;
Nommé professeur aux Ateliers des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Antoni Ros Blasco s'est intéressé à dépeindre la vie et la mort à travers une gestuelle déclinant des figures totémiques ou des oiseaux ailés ressemblant à des ptérodactyles pour jouer sur les contraires, avec d'un côté les ténèbres et de l'autre, des oppositions nées de ses doutes et de ses angoisses porté qu'il est par l'obsession rageuse d'atteindre une puissance énigmatique en allant flirter avec la sculpture pour tenter de pénétrer une nouvelle dimension.
Adrian Darmon