L'artiste français Philippe
Parreno a fait un tabac à la foire Art Basel de Miami avec "Ma chambre est
un autre aquarium" (2016), son installation de ballons flottants en forme
de poissons vendue à 350 000 dollars pièce (édition de trois plus une épreuve
d'artiste) par la galerie londonienne Pilar Corrias.
Les 90 poissons de chaque
installation (30 saumons, 30 éperlans et 30 gardons) gonflés à l'hélium sont en
suspension, comme dans un aquarium, surveillés par une assistante qui les
regonfle au besoin et chaque acheteur recevra 60 poissons de remplacement avec
la garantie de fournitures supplémentaires de la part de l'atelier de Parreno.
Une de ces installations, avec
des poissons tropicaux cette fois, a été vendue chez Christie's en novembre
2017 au prix record de 516 000 dollars (avec les frais), bien au-dessus de son
estimation haute de 350 000, pulvérisant l'ancien haut score de 19 380 dollars
établi en 2012.
L'ascension de Parreno a donc été
fulgurante pour croire qu'il fera bientôt concurrence aux ballons métalliques
de Jeff Koons en devenant un des rois du Pop Art actuel. Né en 1964 à Oran et
travaillant à Paris, l'artiste a produit une œuvre protéiforme et souvent éphémère,
qui remet en question les formats d'expositions et la nature des images. Il est
passionné par le passage de la réalité à la fiction et par l'exposition conçu
comme médium et espace de fiction.
Dans les années 1990, Philippe Parreno s'est
fait connaître grâce à l'originalité de son travail, et à la diversité de ses
pratiques ( le cinéma, le dessin, la performance, etc.). Tout comme nombre
d'artistes de sa génération, en particulier ses proches collaborateurs et amis
de chez Anna Sanders Films à savoir Dominique Gonzales-Foerster ou Pierre Huygue. il travaille particulièrement à partir d'un univers cinématographique ou
télévisuel.
Philippe
Parreno travaille beaucoup sur le décalage entre les différentes formes de
représentation des images, entre réalité et fiction, langage et narration, la
temporalité, le théâtre, les codes télévisuels et cinématographiques, qu'il
fusionne entre eux. Il a réalisé de nombreuses expositions et installations,
impliquant par exemple des objets (un arbre de Noël, une fresque fluorescente,
des mannequins ou encore des ballons fixés au plafond("bulles sans
paroles"), de la musique, des lumières, et des films. Tous ces médiums
accompagnent l'expérience poétique des spectateurs.
En
collaboration avec le plasticien anglais Douglas Gordon, il a réalisé en 2004
un film en temps réel d'un match de football à travers le portrait de
l'icône du football mondial Zinédine titré " Zidane, a portrait of
the 21st century". Un film qui ne cadre que les moindres faits et
gestes du joueur, tout au long d'un match de championnat avec le Real Madrid au
stade Santiago Bernabeu en plongeant le spectateur au cœur du match, dans un
chaos de geste discontinus, de chocs physique
En 2013,
Philippe Parreno a transformé le Palais de Tokyo en énorme organisme vivant
avec "Anywhere, anywhere out of the world" en jouant avec les symboles, les mots
et les sons, modifiant alors la perception de l'espace par les visiteurs en
faisant du lieu une grande boite à musique, une machine poétique au mécanisme
en perpétuelle évolution. Le montage de l'exposition ressemblait à un
gigantesque plateau de cinéma, où les œuvres se déclenchaient, s'arrêtaient, s'entrechoquaient. Dans la rotonde centrale, des rails étaient posés en cercle
au sol, autour d'une petite scène, comme pour le filmage d'un travelling, sauf
qu'il n'y avait pas de caméras, mais un pan de mur tournant automatiquement
autour d'un étrange dance floor où l'on entendait le son de danseurs tandis
qu'avec ses poissons, il immerge étrangement le spectateur dans un univers sous-marin.