La fondation en charge de la supervision des musées de Berlin a décidé de restituer à la communauté Chagach d'Alaska neuf oeuvres pillées il y a plus de 130 ans dans des cimetières esquimaux.
"Ces objets furent pris illégalement sans l'autorisation des indigènes", a déclaré Hermann Parzinger, le président de la Fondation de l'héritage culturel prussien pour dire que le musée concerné ne pouvait plus les posséder. Il s'agit d'une idole en bois, d'un panier pour bébé et de plusieurs masques pillés entre 1882 et 1884 par l'aventurier et ethnographe amateur norvégien Johan Adrian Jacobsen qui les avaient cédés au musée ethnographique de Berlin.
La restitution de ces objets est intervenue au moment où les musées européens ont été appelés à faire plus d'efforts pour déterminer les provenances de leurs objets et de rendre ceux acquis dans des conditions jugées aujourd'hui illégales. Par ailleurs, lors d'une visite au Burkina-Faso l'an dernier, le président Emmanuel Macron a décrété que la restitution d'objets d'art africains était devenue à ses yeux une priorité en ajoutant que l'héritage africain ne pouvait plus être exclusivement entre les mains de collectionneurs ou de musées européens.
Avec la création d'un comité chargé de déterminer la provenance d'objets entrés dans les musées allemands durant la période nazie pour restituer ceux qui avaient été pillés, des controverses ont éclaté au sujet d'objets d'art africain détenus dans le pays qui les avait acquis durant une brève colonisation. L'an dernier, Benedicte Savoy, une historienne d'art, a quitté le conseil d'administration du Humboldt Forum, un musée en cours de construction à Berlin, pour protester contre le manque de recherche sur la provenance de sa collection. Directrice du département d'histoire de l'art moderne à l'université technique de Berlin et professeure au Collège de France, cette dernière a été engagée par le président Macron pour le conseiller sur la question de la restitution d'objets à l'Afrique.