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Faire une découverte dans une foire à la brocante, c'est comme abattre la muraille de chine (AD)

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LA PROVENANCE, UN SACRE PLUS POUR INFLUENCER LES EXPERTS par Adrian Darmon
12 Octobre 2007
Catégorie : Marché
Dans la série télévisée "Les Experts de Miami", les agents du FBI semblent plutôt  avoir l'habitude de se baser sur les provenances d'indices pour résoudre des énigmes criminelles alors que dans le domaine de la peinture, les experts ne se contentent pas d'indices de provenance pour établir des certificats d'authenticité. Là où le bât blesse, c'est qu'il est nettement plus facile d'établir des provenances bidons que des faux tableaux.

Combien de fois des chineurs ayant cru faire une importance découverte au hasard de leurs pérégrinations sur des foires à la brocante se sont vu refuser des certificats pour manque de provenance ?  Autant dire que le nombre des désillusions subies par ces derniers a été incalculable depuis ces trente dernières années et en tant qu'amateur d'art,  je suis bien placé pour le savoir et le souligner. Maintenant, combien de fois des tableaux refusés pour manque de provenance se sont ensuite retrouvés miraculeusement nantis d'un certificat d'authenticité après avoir changé de main ? Pas une fois malheureusement.

Faire une découverte est une chose, et les trouvailles sont nombreuses, mais la faire authentifier est une autre affaire. Ayant suivi de très près le marché de l'art depuis maintenant plus de 35 ans en ayant eu au passage l'occasion d'écrire de nombreux articles sur le sujet, je serais certainement à même de pondre un solide bouquin concernant les nombreux petits malheurs et les rares joies des uns et des autres durant toutes ces années.

Il est indéniable qu'une belle provenance pour une oeuvre non authentifiée représente un atout de poids lorsqu'elle est présentée à un expert encore faut-il savoir ou se douter que ce dernier sera probablement plus aimable avec un grand collectionneur qu'avec un quidam qui lui est inconnu.

Je peux rappeler pour exemple l'anecdote de ce chineur qui a Drouot en 1995 avait acheté pour 754 francs frais compris une toile non signée représentant un paysage de neige en Norvège sur le châssis de laquelle était écrit au crayon "Monet, paysage de Sandviken".

Au chômage depuis de nombreuses années, ce petit chineur qui vivait chichement du RMI en restant fermement accroché aux branches de l'espérance, alla faire des recherches à la bibliothèque du Centre Beaubourg et découvrit que Claude Monet avait peint huit paysages de Sandviken dont la moitié manquait encore à l'appel.

Convaincu d'avoir trouvé un des Monet manquants, il alla voir un restaurateur pour boucher deux petits trous dans la toile et la faire nettoyer puis, il se rendit chez Sotheby's où l'expert de service, le traitant de haut en voyant qu'il était mal habillé, lui rétorqua que son tableau était une croûte. Obstiné, il sortit de son sac les photocopies des pages du livre qu'il avait consulté à Beaubourg et son interlocuteur finit alors par accepter de soumettre sa trouvaille à Daniel Wildenstein.

Trois semaines plus tard, ce chineur eut le bonheur d'apprendre que son tableau, déclaré authentique, allait être vendu par Sotheby's en juin de la même année à Londres. Celui-ci fut finalement adjugé 1 million de francs, ce qui lui permit toucher un chèque d'une somme nette de 825 000 francs pour sortir enfin de la mouise.

Voilà ainsi une belle histoire mais elle reste tout de même rare car bien d'autres chineurs ont subi des désillusions en tentant de faire expertiser leurs découvertes. En attendant, il convient de signaler que Daniel Wildenstein se fiait tout d'abord à son flair en examinant un tableau sans chercher à se préoccuper de sa provenance qui, s'il s'avisait de l'acheter, devenait de toute manière magnifique puisqu'elle se retrouvait désormais entre ses mains...

Il faut dire que depuis une bonne vingtaine d'années, les experts sont devenus frileux quant à vouloir authentifier des découvertes même si celles-ci semblent indubitablement indiscutables au niveau stylistique lorsqu'on fait abstraction de leur provenance. De fait, certains chineurs ont compris que pour se donner une chance de voir leur trouvaille authentifiée, il semblait préférable de la confier à des gens bien en cour avec des spécialistes pour la simple raison que ceux-ci pourraient influer sur leur avis.

Je n'irai pas jusqu'à prétendre que tous les experts se focalisent exclusivement sur la provenance d'une oeuvre qui leur est soumise et non sur sa qualité et lorsqu'un tableau parle de lui-même, il y a des spécialistes qui s'attachent néanmoins à faire des recherches appuyées avant de tenir compte de sa provenance alors que d'autres semblent malheureusement un peu trop sensibles au pedigree supposé de ce qui leur est soumis.

Je dis bien supposé car il ne faut pas prendre pour argent comptant ce que peux affirmer une personne venue présenter une oeuvre pour qu'elle soit expertisée. Bien sûr, si on peut remonter l'origine d'un tableau depuis sa création après sa redécouverte, il n'y a pas matière à discussion. Mais dans le cas contraire, lorsqu'on ne dispose que d'un document en apparence fiable, les choses sont plus compliquées.

Je dis encore en apparence parce que rien ne prouve que le document en question ne soit pas un faux et dans ce contexte, il y a pas mal de petits malins tentés de fabriquer des fausses provenances en produisant alors des lettres falsifiées, en collant de fausses étiquettes d'expositions majeures sur le châssis ou des vraies enlevées de tableaux déjà authentifiés. Leur ingéniosité est en fait sans limite. A titre d'exemple, un tableau d'un peintre des années 1920 confié il y a quelques années à une galerie avec  collée sur le châssis une étiquette de Zborowski, le marchand de Modigliani, a été rendu à son possesseur quelques semaines plus tard privée de celle-ci, utilisée vraisemblablement par ce galeriste quelque peu roublard pour appuyer la provenance d'une oeuvre de cet artiste légendaire.

Bref, les experts manifestent une prudence crasse vis-à-vis des gens venus leur soumettre une oeuvre à authentifier quand ils ne les connaissent pas et sont plus aimables avec des collectionneurs connus sur le marché quand ils ont déjà eu affaire à ces derniers. En l'occurrence, l'habit peut donc faire le moine.

Quand on sait que la plupart des experts rechignent encore à expertiser des tableaux à l'aide de méthodes scientifiques en ne se fiant rien qu'à leur oeil et parfois simplement aux personnes qui soumettent ceux-ci, on comprend mieux qu'il puisse y avoir des erreurs et par ricochet des injustices.

J'en veux pour preuve l'histoire suivante: un tableau d'un peintre moderne important trouvé dans une brocante il y a environ une quinzaine d'années a été confié en 1999 par son découvreur à un courtier influent pour être expertisé mais le verdict a été négatif pour faute de provenance. Ce tableau a été de nouveau présenté en 2002 et refusé tout net par l'expert. Dépité, son possesseur s'en est  séparé en 2006 pour découvrir 18 mois plus tard qu'il allait être mis en vente accompagné d'une belle provenance et d'un certificat d'authenticité délivré par ce même expert qui l'avait rejeté cinq ans auparavant. En attendant de savoir si cette vente aura bien lieu, il y aura de quoi publier ensuite un article retentissant sur les errements de ce spécialiste, coupable de ne s'être fié qu'à une provenance prestigieuse mais fausse

Combien d'oeuvres sont-elles vendues chaque année aux enchères avec des provenances discutables ? Probablement plus qu'on ne l'imagine d'après les nombreux témoignages de professionnels ayant affirmé les avoir vues ailleurs que chez les collectionneurs mentionnés dans les catalogues concernés.

A moins donc de disposer du pedigree complet d'une oeuvre, on peut donc se poser des questions quant à son origine, ce qui me fait dire que la provenance est loin d'être tout lorsqu'il s'agit pour un expert de délivrer un certificat d'authenticité et dont le travail doit en fait reposer sur d'autres critères plus déterminants.

Inventer des provenances semble être devenu une sorte de sport pour doper les chances d'un tableau d'être reconnu authentique mais parfois, il y a des retours de bâton lorsqu'une personne s'estime lésée en constatant qu'après s'être séparé d'un tableau refusé par un expert était ensuite reconnu bon en atterrissant dans d'autres mains.

Les experts seraient donc plus avisés de se montrer un peu plus circonspects quant à l'origine supposée d'une oeuvre et devraient moins se fier à la qualité des gens qui viennent les consulter pour une expertise en se concentrant plutôt sur celle de l'oeuvre qu'ils examinent. L'ennui est qu'on a affaire à des hommes parfois sensibles aux apparences. Voilà pourquoi l'erreur est humaine sauf que pour nombre de découvreurs, la bêvue d'un expert  peut sembler inhumaine au point d'avoir de quoi râler. Heureusement, de nombreuses personnes victimes de ce qu'on appelle une erreur sur la substance de la part d'un expert ont pu avoir gain de cause en justice sauf que parfois les procédures sont très longues et peuvent durer des années, ce qui a été le cas du propriétaire d'un Poussin, vendu aux enchères comme un étant l'oeuvre d'un suiveur avant d'être reconnu authentique, lequel a attendu plus de 30 ans pour obtenir réparation du préjudice subi.

Il n'y a pas que dans le domaine des tableaux que les problèmes de provenance peuvent se poser alors qu'on pourrait croire que la seule qualité d'un objet présenté à un expert pourrait suffire à l'authentifier. L'ennui est qu'il y a eu nombre de faussaires actifs dans presque toutes les catégories du marché de l'art, que ce soit pour la philatélie, la numismatique, les meubles, l'argenterie, les bronzes de la Renaissance ou antiques ou encore les objets archéologiques qui, une fois reconnus authentiques, ont été souvent affublés de provenances merveilleuses.

L'histoire la plus incroyable de ces dernières années a eu lieu à Jérusalem avec la découverte d'une stèle écrite sur ordre du roi Joas, qui régna une centaine d'années avant le célèbre Salomon censée provenir du Temple construit par ce dernier.

Apparue sur le marché, cette stèle, comme écrit dans un texte biblique, mentionnait en hébreu ancien que Joas avait, conformément à son voeu, ordonné la restauration du Temple, ce qui avait ému tout le pays d'Israël mis en présence d'un vestige important du Temple. Confiée par un détective privé pour examen avant sa vente éventuelle au Musée d'Israël, cette stèle fut déclarée d'époque mais des chercheurs s'étonnèrent ensuite de la présence du mot "restaurer"  dont l'interprétation était sujette à caution, exact en hébreu moderne mais signifiant "endommager" en hébreu ancien.

Les responsables du Musée, désireux de l'acquérir pour une somme dépassant les 5 millions de dollars, firent appel à des limiers pour retrouver la trace de son propriétaire et l'endroit où elle avait été trouvée. Après des mois d'enquête, ils s'intéressèrent à Oded Golan, un des plus grands collectionneurs du pays spécialisés dans la collecte de pièces bibliques qui avait été à l'origine de la sensationnelle découverte du sarcophage en pierre de Jacques, frère de Jésus, lequel avait été exposé dans un musée canadien où plus de 100 000 visiteurs l'avaient admiré.

Il s'avèra que la stèle n'était qu'un faux, tout comme le sarcophage, fabriqué sous la direction de Golan chez qui on trouva toutes sortes de pigments et de produits pour la vieillir de façon à ce qu'elle passe l'épreuve des tests scientifiques. Il avait ainsi suffi à Golan et son faussaire de trouver de la terre de Jérusalem, des morceaux de bois brûlés ainsi que d'antiques morceaux d'or de l'époque biblique pour concocter une patine ancienne mais la supercherie fut finalement mise à jour à travers des tests de chaleur ambiante, le faussaire ayant commis l'erreur de dissoudre du calcaire et des pigments avec de l'eau chaude à plus de 50°, une température supérieure à celle régnant habituellement dans la ville sainte.

Pour en revenir à la peinture, il est permis d'espérer que d'ici quelques décennies, il suffira de faire examiner des oeuvres à l'aide de moyens technologiques poussées, notamment avec des machines capables d'analyser les pigments, les coups de pinceaux, le support et d'autres éléments qui permettront ainsi de les décortiquer savamment et sans contestation possible sans avoir à tenir compte de leur provenance.

Adrian Darmon





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