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Une page blanche est toujours vide de sens. Par contre, un tableau blanc ne l'est pas...
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Délires
QUAND L'EXTREME-DROITE DEVIENT GAUCHE...
01 Décembre 1998
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Cet article se compose de 2 pages.
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L'extrême droite française a donné durant les premiers jours de décembre 1998 une des plus belles représentations tragi-comiques de l'histoire de la politique française à travers le duel qui a opposé le chef du Front National Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret, le délégué-général de ce parti. Le feu couvait depuis des mois entre ces deux hommes que tout sépare, hormis leur profonde xénophobie. Le Pen, fondateur du parti, est un personnage qui pourrait être la copie conforme d'un Musssolini, outrancier et violent dans le geste et la parole qui assimile sa fonction à celle d'un monarque absolu. Issu de l'école polytechnique, ayant entraîné à sa suite d'autres anciens élèves de Grandes Ecoles qui trouvaient que le parti du Rassemblement pour la République n'était pas assez à droite, Bruno Mégret a trouvé dans le Front National le terreau idéal pour planter les graines d'une bureaucratisation progressive qui lui aurait permis d'arriver jusqu'au sommet de ce groupe politique qui longtemps a eu une tête (Le Pen) mais pas de corps. Mégret a ainsi donné du corps au F.N tout en le noyautant progressivement et en estimant qu'une tête pouvait être remplacée à tout instant. Le Pen, de son côté, a toujours cru que le parti s'incarnait en lui seul, ce qui a été vrai durant un temps mais ne l'est plus aujourd'hui. Les succès politiques de certains membres du F.N lui ont été paradoxalement insupportables du fait que dans son esprit ces stars montantes du parti risquaient de lui porter ombrage. On s'en est rendu compte lorsqu'il a préféré présenter son épouse aux prochaines élections européennes au lieu de choisir un stratège de la politique au sein du parti. Cette décision n'a pas manqué de pousser Mégret à s'opposer de plus en plus ouvertement au chef jusqu'à finir par demander la tenue d'un congrès extraordinaire qui aurait permis de régler leur différend. Le Pen a vu là une tentative de putsch visant à l'écarter de la présidence du F.N alors que Mégret, qui se considérait probablement comme son dauphin, n'a cherché probablement qu'à renforcer les structures du parti avec l'idée de brider son chef dont les initiatives déroutantes ont écorné l'image de l'extrême droite ces derniers mois. Poursuivi pour des actes de violence envers une élue socialiste et pour des propos racistes proférés lors de diverses interviews publiées par la presse, Le Pen n'a jamais donné l'image d'un fin politique, préférant sa stature de tribun n'ayant pas la langue dans sa poche. Les réparties de Le Pen, ses attaques contre les « affairistes » de la droite et de la gauche, ont plu à une frange de Français déçus des promesses des partis traditionnels. Toutefois, les éléments dynamiques du F.N et les jeunes militants bon chic bon genre ont plus été séduits par le discours plus équilibré de Mégret lequel a toujours tenté de définir un programme politique cohérent. Mégret a surtout pensé à l'après-Le Pen, le chef n'étant pas éternel, alors que Le Pen n'a voulu voir que sa personne à travers le parti. Cela posé, Mégret serait bien plus dangereux à la tête du F.N que son chef actuel qui considère le parti, dont plusieurs membres de sa famille contrôle ses rouages, comme un fonds de commerce. Odieux vis-à-vis de sa fille Marie-Caroline qui a rejoint le clan Mégret, vitupérant comme un vieux dictateur contre les «traîtres» du Front National, Le Pen a préféré prendre le risque de le saborder en suspendant Mégret et ses partisans plutôt que d'accepter de leur déléguer certains de ses pouvoirs. Au final, la droite traditionnelle pourra espérer récupérer de nombreux déçus du Front National qui, quoi qu'il arrive, sera affaibli d'autant plus que la seule vraie alternative offerte à Mégret sera de créer une autre formation nationaliste. En attendant, l'extrême droite prouve qu'elle est salement maladroite...
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L'extrême droite française a donné durant les premiers jours de décembre 1998 une des plus belles représentations tragi-comiques de l'histoire de la politique française à travers le duel qui a opposé le chef du Front National Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret, le délégué-général de ce parti. Le feu couvait depuis des mois entre ces deux hommes que tout sépare, hormis leur profonde xénophobie. Le Pen, fondateur du parti, est un personnage qui pourrait être la copie conforme d'un Musssolini, outrancier et violent dans le geste et la parole qui assimile sa fonction à celle d'un monarque absolu. Issu de l'école polytechnique, ayant entraîné à sa suite d'autres anciens élèves de Grandes Ecoles qui trouvaient que le parti du Rassemblement pour la République n'était pas assez à droite, Bruno Mégret a trouvé dans le Front National le terreau idéal pour planter les graines d'une bureaucratisation progressive qui lui aurait permis d'arriver jusqu'au sommet de ce groupe politique qui longtemps a eu une tête (Le Pen) mais pas de corps. Mégret a ainsi donné du corps au F.N tout en le noyautant progressivement et en estimant qu'une tête pouvait être remplacée à tout instant. Le Pen, de son côté, a toujours cru que le parti s'incarnait en lui seul, ce qui a été vrai durant un temps mais ne l'est plus aujourd'hui. Les succès politiques de certains membres du F.N lui ont été paradoxalement insupportables du fait que dans son esprit ces stars montantes du parti risquaient de lui porter ombrage. On s'en est rendu compte lorsqu'il a préféré présenter son épouse aux prochaines élections européennes au lieu de choisir un stratège de la politique au sein du parti. Cette décision n'a pas manqué de pousser Mégret à s'opposer de plus en plus ouvertement au chef jusqu'à finir par demander la tenue d'un congrès extraordinaire qui aurait permis de régler leur différend. Le Pen a vu là une tentative de putsch visant à l'écarter de la présidence du F.N alors que Mégret, qui se considérait probablement comme son dauphin, n'a cherché probablement qu'à renforcer les structures du parti avec l'idée de brider son chef dont les initiatives déroutantes ont écorné l'image de l'extrême droite ces derniers mois. Poursuivi pour des actes de violence envers une élue socialiste et pour des propos racistes proférés lors de diverses interviews publiées par la presse, Le Pen n'a jamais donné l'image d'un fin politique, préférant sa stature de tribun n'ayant pas la langue dans sa poche. Les réparties de Le Pen, ses attaques contre les « affairistes » de la droite et de la gauche, ont plu à une frange de Français déçus des promesses des partis traditionnels. Toutefois, les éléments dynamiques du F.N et les jeunes militants bon chic bon genre ont plus été séduits par le discours plus équilibré de Mégret lequel a toujours tenté de définir un programme politique cohérent. Mégret a surtout pensé à l'après-Le Pen, le chef n'étant pas éternel, alors que Le Pen n'a voulu voir que sa personne à travers le parti. Cela posé, Mégret serait bien plus dangereux à la tête du F.N que son chef actuel qui considère le parti, dont plusieurs membres de sa famille contrôle ses rouages, comme un fonds de commerce. Odieux vis-à-vis de sa fille Marie-Caroline qui a rejoint le clan Mégret, vitupérant comme un vieux dictateur contre les «traîtres» du Front National, Le Pen a préféré prendre le risque de le saborder en suspendant Mégret et ses partisans plutôt que d'accepter de leur déléguer certains de ses pouvoirs. Au final, la droite traditionnelle pourra espérer récupérer de nombreux déçus du Front National qui, quoi qu'il arrive, sera affaibli d'autant plus que la seule vraie alternative offerte à Mégret sera de créer une autre formation nationaliste. En attendant, l'extrême droite prouve qu'elle est salement maladroite...
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