Née à Crémone en 1530, Sofonisba Anguissola fut une des six filles d'un noble italien nommé Amilcare Anguissola.
Dès son enfance, Sofonisba et quatre de ses soeurs, Elena, Europa, Anna Maria et Lucia apprirent la peinture sous la direction d'un maître. Toutefois, elle fut la seule à faire de la peinture une profession puisque Elena entra dans les ordres dès son adolescence, que Anna et Europa renoncèrent aux pinceaux dès qu'elles furent mariées et que Lucia, promise à un grand avenir artistique, mourut jeune.
Sofonisba étudia sous la direction de Gatti et de Campi qui fut un des premiers peintres à accepter des élèves féminines dans son atelier. Elle devint une artiste prolifique comme en témoigne aujourd'hui la présence à Crémone, sa ville natale, de plus d'une trentaine d'oeuvres signées de sa main sur les 50 connues à ce jour. Elle vécut jusqu'à l'âge respectable de 95 ans et eut une carrière de premier ordre puisqu'elle devint peintre à la cour de Philippe II d'Espagne et reçut à Gênes en 1623 la visite du célèbre Van Dyck qui l'admirait et qui ne manqua pas de dessiner son portrait après lui avoir demandé des conseils.
Excellant dans l'art du portrait, un domaine auquel elle apporta une touche novatrice, elle mourut à Palerme en 1625.
Sofonisba fut en fait une des rares femmes de son temps à s'adonner à la peinture et surtout à acquérir une réputation de dimension internationale. Michel-Ange lui-même lui offrit des dessins dont elle fit des copies avant de les renvoyer au célèbre maître afin d'obtenir un avis sur son talent.
Après Laevinia Teerlinck, fille d'un peintre de la cour de Henri VIII, elle fut une des premières artistes à manier le pinceau avec une rare dextérité au point qu'elle suscita bien des vocations chez les femmes désireuses d'entreprendre une carrière artistique au mé^ris des conventions rigides de leur époque.
Vasari, qui rédigea un livre fameux sur la vie des peintres, ne manqua pas d'écrire à son propos qu'elle montrait plus d'application et de grâce que tout autre femme de son âge à produire des dessins remarquables. Il souligna qu'en plus de son talent de dessinatrice, elle savait mélanger les couleurs avec art, peindre d'après nature et faire de superbes copies de grands maîtres tout en réalisant elle-même des oeuvres remarquables.
Alors que Lavinia Fontana, Barbara Longhi ou Fede Galizia étaient toutes filles de peintres, le cas de Sofonisba fut probablement unique dans l'histoire de la peinture du XVIe siècle puisqu'elle n'était pas née dans une famille d'artistes. Bien qu'issue d'une famille noble, elle ne put en tant que femme s'initier comme les hommes puisqu'elle n'avait pas le droit d'étudier l'anatomie et dessiner des personnages d'après nature.
Elle ne put peindre que des modèles particuliers ou faire son autoportrait pour ne pas risquer de subir les foudres des autorités ou de l'Eglise. On retrouve bien évidemment l'influence de Campi dans ses premières oeuvres, comme son autoportrait aujourd'hui conservé au Musée des Offices à Florence
Son travail fut intimement associé à la vie qu'elle passa à Crémone, une ville influencée artistiquement par Mantoue et Parme. A travers l'enseignement de Gatti, elle retint les influences évidentes du Corrège comme dans cette toile peinte en 1555 (Musée de Poznan, Pologne) montrant Minerva, Lucia et Europa Anguissola en train de jouer aux échecs dans laquelle l'art du portrait se mêle à celui de la scène de genre.