UN REGARD RESOLUMENT MODERNE Keith Haring doit en grande partie sa célébrité au fait qu'il est mort du Sida. Vivant, il aurait eu peut-être plus de mal à percer sur le marché de l'art où ses œuvres s'arrachent maintenant à des prix très conséquents.
Né en 1958 en Pennsylvanie et mort en 1990 à New York, il commença par étudier le graphisme publicitaire à Pittsburgh puis alla s'installer à New York. Là, il fut l'élève de Joseph Kossuth et de Sonnier à l'école des Arts Visuels.
Il descendit dans le métro de New York pour y dessiner sur les murs, ce qui lui valut d'être arrêté plusieurs fois par la police.
Il exposa ensuite dans plusieurs galeries new-yorkaises, notamment chez Léo Castelli qui le lança et chez Tony Shafrazi. Il alla également peindre sur le mur de Berlin et peignit des fresques dans des hôpitaux aux Etats-Unis et en Europe (fresque de l'hôpital Necker à Paris).
Apprenant en 1989 qu'il était atteint du Sida, il recueillit des fonds pour la lutte contre cette maladie. La galerie Lucien Durand organisa une grande exposition de ses oeuvres en 1997.
On ne peut pas dire que Haring fut grandement influencé par cet autre graffiteur que fut Jean-Michel Basquiat mais qu'il voulut être avant tout un chantre de la culture urbaine en créant des oeuvres à caractère éphémère qui étaient comme des clins d'oeil faits aux passants. Cela lui permit d'accéder à un vaste public en ne passant pas exclusivement par les galeries.
Ses happenings à travers un trait simple et des symboles facilement lisibles assurèrent son succès. Il rejoignit quelque part les créateurs de B.D avec une oeuvre narrative, montrant des enfants, des animaux, des êtres à tête d'écran de télévision ou de crocodile et ce, avec une facture rapide et sans fioritures.
Haring ne faisait pas d'oeuvres préparatoires, dessinant à même le motif au gré de son inspiration, créant des sortes d'idôles et des Dieux à forte connotation sexuelle et métaphorique. A partir de 1984, il développa une symbolique colorée liée au monde des médias car collant à l'actualité.
Haring traita de nombreux thèmes comme la guerre ou la drogue, notamment dans le quartier de Harlem où ses fresques dénonçaient les préjugés raciaux et sexuels. Il réalisa aussi des sculptures en métal dans l'esprit de Calder.
Dans l'histoire de l'art, Haring se situe comme un peintre témoin de la société moderne, notamment new-yorkaise, dans un environnement urbain. Ses images reflètent une certaine innocence comme si l'artiste n'avait pas voulu grandir, regardant le monde avec des yeux d'enfant. A.D