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Biographies

Artcult vous propose une sélection de biographies de grands maîtres. Sélection par Adrian Darmon.
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Maurice de VLAMINCK
Date naissance/Mort : 1876-1958
Nationalité : Française
Activité : Peintre
Fourchette de prix : Entre 40 000 et 11 millions d'euros
Né d'un père belge et d'une mère lorraine, tous deux musiciens, Maurice de Vlaminck alla vivre avec ses parents au Vésinet en 1879. Marié en 1894, il apprit le dessin avec les peintres Robichon et H. Rigal et travailla dans l'île de Chatou en étant surtout influencé par les Impressionnistes.

Après son service militaire entre 1896 et 1899, Vlaminck donna pour vivre des leçons de musique et joua comme violon au Théâtre du Château d'Eau. En 1900, il rencontra Monet et se lia d'amitié avec Derain avec lequel il loua un atelier dans l'île de Chatou.

Vlaminck éprouva comme une sorte de révélation en visitant en 1901 une exposition consacrée à Van Gogh. A partir de ce moment, il travailla en s'inspirant du principe de la couleur pure que le maître hollandais avait appliqué dans son œuvre pour se diriger tout naturellement vers le Fauvisme dont il devint un des représentants les plus importants.

Avec Derain, Matisse, Braque et d'autres artistes, Vlaminck fut un remarquable peintre fauve d'autant plus qu'il n'avait fréquenté aucune académie. Il fut donc un peintre travaillant à l'instinct qui parvint à produire des œuvres puissamment colorées durant près d'une dizaine d'années avant la disparition brutale du Fauvisme.

Bizarrement, la carrière de Vlaminck marqua brutalement le pas à l'orée de la Première Guerre Mondiale après avoir inexplicablement changé de style.

Il est vrai que réfractaire à l'idée de fréquenter une académie pour se perfectionner, il ne prit pas non plus la peine de devenir le porte-étendard du Fauvisme et qu'il n'envisagea pas une seconde d'avoir des élèves sous son aile en préférant mener sa barque à sa guise.

Longtemps peu concerné par le fait de savoir s'il pouvait vivre de sa peinture, Vlaminck ouvrit donc la voie à l'Expressionnisme en France mais son influence fut surtout manifeste parmi nombre de peintres étrangers venus s'établir à Paris alors que ce mode d'expression resta pratiquement ignoré par les artistes autochtones.

Entre 1903 et 1912, Vlaminck s'intéressa essentiellement aux paysages des environs de Chatou tout en s'attirant les faveurs d'Ambroise Vollard qui lui acheta son fond d'atelier en 1906 et ce, après qu'il eût fait sensation l'année précédente au Salon des Indépendants où un critique parla pour la première fois de la « cage aux fauves ».

Le Fauvisme représenta en lui-même une volonté de tout dévoiler et de tout unifier avec la rage de peindre en plus, cette rage qui habita Vlaminck d'emblée et qu'il conserva plus tard en peignant à la chaîne des paysages aux ciels torturés.

Anti académique par essence et d'un naturel frondeur, Vlaminck n'eut pas de difficulté à devenir révolutionnaire sans toutefois parvenir à le rester. La quarantaine venue, il finit par ressembler à ces sans-culottes dépassés par les événements après avoir fait la révolution. Ce personnage bourru ancré dans ses certitudes et peu enclin à admirer les maîtres qui avançaient tels Picasso ou Braque, poursuivit ainsi son chemin en produisant des œuvres, tourmentées certes, mais sombres et plutôt répétitives.

Encensé par de nombreux critiques, et surtout par André Salmon dont les commentaires dithyrambiques paraissent aujourd'hui quelque peu superfétatoires, Vlaminck n'eut pas à se remettre en question en continuant à produire à profusion des paysages, des natures mortes et quelques portraits qui furent à mille lieues de valoir ses magnifiques toiles de l'époque fauve.

Au mieux, on pourra dire de Vlaminck qu'il fut un tigre transformé en matou dès le début des années 1910. Au pire, on pourra avancer que le fauve perdit sa patte pour ne plus produire que des œuvres insipides et lassantes.

Il est vrai qu'il fut quelque peu conduit à abandonner le Fauvisme en suivant inconsciemment les conseils de Salmon et consorts qui prônèrent durant les années 1920 un retour aux racines de la peinture française pour remettre à l'honneur un art lisible, vivant et humain et se débarrasser des idées farfelues de certains intellectuels ou de spéculations maladives.

Pour Salmon, le Cubisme avait eu une influence néfaste au point d'exercer des ravages sur les esprits et d'étouffer dans l'œuf toute inspiration. On peut croire qu'en se dirigeant vers une peinture moins spectaculaire et moins agressive, Vlaminck trouva des appuis solides qui malheureusement lui firent perdre une grande partie de sa verve d'antan.

Il n'y a pas de comparaison possible avec « Le Quai Sengauzin à Bougival » de 1902 ou « La Seine à Bougival » de 1905 ou encore « La Seine à Chatou » de 1909 et les multiples monotones villages sous la neige peints à partir de la Première Guerre Mondiale tant les œuvres de la période fauve de Vlaminck écrasent ces dernières.

Il est non moins vrai qu'en restant à l'écart de la vie artistique parisienne et en vivant quelque peu retiré tout en étant le bon père d'une famille nombreuse, Vlaminck se transforma au fil des ans en artisan dénué d'inspiration en ayant peut-être acquis le sentiment d'être devenu le peintre de la France profonde.

Ayant perdu ses repères, il eut la malencontreuse idée de faire partie de ce groupe d'artistes qui allèrent visiter Berlin à l'invitation des nazis durant l'occupation allemande, ce qui le rendit moins sympathique après la guerre mais ne l'empêcha nullement de continuer à peindre inlassablement des paysages qui furent loin de refléter sa gloire passée.

Vlaminck renia le Fauvisme probablement parce que les Français restèrent rébarbatifs à ce mode d'expression qui perdura en Allemagne sous le label d'Expressionnisme allemand jusqu'à l'avènement du nazisme. Derain, qui préféra fréquenter une académie pour se perfectionner après s'être formé au contact de Vlaminck en abandonnant lui aussi les couleurs pures pour revenir à un académisme de bon aloi et à une palette plus sourde, eut ensuite une carrière semblable à celle de son ami alors que Braque et Matisse explorèrent des voies nettement plus fécondes.

Spectaculaires en tant qu'artistes fauves, Vlaminck et Derain devinrent des peintres plutôt mièvres aidés en cela par des critiques devenus farouchement xénophobes après la Première Guerre Mondiale. On leur tiendra cependant rigueur de ne pas avoir conservé un esprit révolutionnaire ni d'avoir su sublimer leurs talents après avoir largement contribué à la gloire du Fauvisme qui, il est vrai, n'a été qu'un bref intermède dans l'histoire de l'art français.

Adrian Darmon

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