L'année 2005 aura été bonne pour le marché de l'art français avec 705,25 millions d'euros de ventes enregistrées, soit une hausse de plus de 25% par rapport à 2004 où le chiffre d'affaires global n'avait été que de 559 millions d'euros. Raison de ce succès: il y a eu plus de collections vendues au cours de l'année écoulée alors que Drouot, avec un produit de 420 millions d'euros, a enregistré une hausse de 18% grâce à douze enchères supérieures à un million d'euros et 162 au-delà de 150 000 euros. Constat: c'est la quantité de bonne marchandise qui a permis ces résultats alors que celle de qualité moyenne a été bien plus difficile à vendre.
De son côté, Christie's, avec un produit total de 115 millions d'euros, a tenu le haut du pavé à Paris grâce à 5 pièces ayant dépassé le million d'euros et 90 autres au-delà de 150 000 euros alors que Artcurial a manifesté un certain dynamisme en totalisant 77,6 millions d'euros (3 enchères au-delà du million d'euros et 48 dépassant les 150 000 euros) grâce à ses ventes d'art moderne et contemporain (44% de ce total).
Le groupe Tajan a enregistré un C.A de 69 millions d'euros, en progression de 6% alors que Sotheby's a eu un score assez décevant avec 43,7 millions d'euros, soit une baisse de 17% par rapport à 2004 alors que le groupe Pierre Bergé, a enregistré un C.A de 35,5 millions d'euros accompagné d'une hausse de 60% par rapport à l'exercice précédent grâce surtout à la vente de la collection de livres de Pierre Bérès.
Si les groupes Millon & Associés, avec 22,35 millions d'euros (plus 25%) et Camard, avec un C.A de 20,57 millions d'euros, se sont bien comportés, en revanche le groupe Piasa, avec 32,88 millions d'euros, a accusé une baisse de 17M% due en partie à la coincurrence manifestée par Christie's dans la vente de dessins anciens.
On ne répétera jamais assez que les résultats positifs du marché sont dûs essentiellement aux pièces prestigieuses vendues dans les ventes aux enchères alors que les professionels ont pour la plupart du mal à équilibrer leurs comptes, ce qui signifie que le marché n'évolue plus sur deux axes équilibrés, basés sur l'activité des maisons de vente et sur celle des professionnels mais à présent sur deux niveaux différents, les ventes aux enchères affichant une meilleure santé que celles faites par les marchands en boutique. Ce qui veut dire que le fonctionnement du marché de l'art est désormais en déséquilibre.
Il faut dire que Drouot et les autres maisons de vente parisiennes attirent de plus en plus de clients étrangers qui préférent se concentrer sur leurs vacations plutôt que de courir d'un magasin à l'autre pour trouver de la bonne marchandise sans oublier que la clientèle d'il y a dix ans n'est plus la même aujourd'hui. Plus sélective dans ses choix, elle est en outre plus portée vers l'art contemporain et l'art moderne, un secteur constamment en pointe alors que certains domaines souffrent du vieillissement des collectionneurs et donc de la réduction de leur nombre, notamment concernant le 18e siècle ou la Haute Epoque quand les pièces proposées n'ont pas la qualité voulue.
En fait, le marché ne tient que par les ventes d'importantes collections qui suscitent la convoitise des amateurs. Ces ventes dépendent de cycles particuliers basés sur la durée. Il faut donc savoir que les collections se font et se défont en moyenne tous les vingt ans mais au fil du temps, les pièces exceptionnelles finissent par être acquises par des musées, ce qui signifie une raréfaction inéluctable de leur nombre. Heureusement, l'art contemporain est là pour compenser les baissess constatées dans d'autres domaines encore que là, on entre dans un système où règne la spéculation sans pouvoir déterminer avec certitude si les artistes actuels les plus recherchés aujourd'hui vaudront autant dans dix ans. Au final, on peut craindre que le marché s'étroitise au fil des ans pour n'attirer finalement que des amateurs fortunés mais rien ne dit qu'il ne trouvera pas les ressources pour rebondir grâce aux acheteurs russes et chinois qui y sont de plus en plus actifs.
A.D