Fréquenter le marché de l'art contemporain n'est pas chose aisée pour n'importe quel amateur débutant parce qu'avant d'acheter, il convient de découvrir des artistes qui valent la peine d'être suivis et qui ne seront donc pas de simples météores. Ce marché reste réservé à des initiés qui en connaissent tous ses rouages et qui savent où chercher les perles rares en allant de cocktail en cocktail dans les galeries les plus en vue. Pour les nouveaux mordus, le parcours est difficile si ceux-ci n'ont pas pris la peine de visiter moult expositions avant de se jeter dans le bain.
Il est donc nécessaire d'entrer dans le circuit par la grande porte et ne pas se contenter d'acheter des revues qui évoquent rarement les talents de demain ou de visiter des musées qui n'exposent que des valeurs sûres.
La FIAC a été le grand rendez-vous de l'art contemporain du 5 au 10 octobre 2005 mais il fallait aussi courir toutes les manifestations qui ont eu lieu au même moment aux quatre coins de la capitale, comme l'exposition consacrée à Jacques Monory au Musée d'Art Contemporain du Val de Marne ou celle concernant Robert Malaval au Palais de Tokyo mais aussi ne pas oublier d'être chaque jeudi pour visiter les galeries du quartier de la rue de Seine.
N'empêche, il n'y avait pas grand chose de nouveau à la FIAC, à part des œuvres de l'artiste nantaise Virginie Barre, des DVD d'artistes vendus à petits prix afin de transformer un écran de télévision en œuvre d'art ou des multiples comme ceux de Sammy Engramer et de Bruno Peinado. Question sang neuf, les amateurs n'ont pas été vraiment gâtés alors que rien ne dit que les pièces vendues prendront de la valeur dans les années à venir.
Il faut aussi suivre le marché au niveau international, s'informer au sujet de la foire de Bâle, de Frieze à Londres et d'autres manifestations qui se tiennent à Cologne, Lyon, Venise, Düsseldorf, New York et Miami. Au final, l'amateur se retrouve un peu dans la peau d'un boursicoteur qui suit les cours au jour le jour.
Les galeries ont un rôle important à jouer mais rares sont celles qui ont les moyens de le faire parce que la promotion d'un artiste en devenir coûte cher, ce qui fait que le nombre de celles qui osent miser sur de jeunes talents reste limité.
De leur côté, les salles de ventes se risquent peu à organiser des vacations d'œuvres réalisées par des artistes encore méconnus. Ce ne sont donc pas les cinq ou six ventes organisées chaque année à l'Hôtel Drouot qui feront bouger le marché. Mieux que rien, diront certains et probablement mieux que d'aller faire un tour du côté de la rue Louise Weiss où les galeries d'art contemporain vivent surtout d'achats réalisés par le Fonds National d'Art Contemporain où les œuvres finissent souvent dans les réserves.
Il faut surtout éplucher les journaux et les magazines pour découvrir parfois des noms qui montent comme cela a été le cas pour Fabrice Hybert, savoir aussi ce qu'achètent des collectionneurs comme François Pinault ou Bernard Arnault et essayer de temps à autre d'acheter des oeuvres sur un coup de cœur quitte à se tromper.
Il n'en reste pas moins qu'en matière d'art contemporain, la France est à la traîne par rapport aux Etats-Unis, à l'Allemagne, à la Grande-Bretagne ou l'Italie, des pays qui affichent une santé bien meilleure au niveau des ventes. A Paris, l'art se vend dans un climat mondain avec un nombre restreint d'initiés qui se côtoient sans cesse dans les cocktails des vernissages et pour faire partie du « club », il faut pas mal de persévérance et de temps.
Faire découvrir et aimer l'art contemporain à un plus grand nombre passe par un changement des mentalités, ce qui semble le plus dur à faire en France, en dehors de l'envie manifestée par certains galeristes de vendre des œuvres à petits prix, ce qui est louable en soi sauf que les pièces proposées sont souvent des multiples dont la valeur restera en général négligeable.
Les talents ne manquent pas. Par contre, les galeries n'osent pas trop miser sur des artistes méconnus qui ne vendent leurs œuvres qu'occasionnellement et doivent se battre sans cesse pour être reconnus comme Ludo Vandame, maintenant connu des amateurs de l'Hôtel Drouot ou Mariana-Luiza, une artiste appréciée d'un petit noyau de collectionneurs qui, la faute à trop de timidité, n'a toujours pas été représentée en galerie bien qu'elle ait participé à plus de 75 expositions durant sa carrière.