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Le fabuleux trésor de la Tour Montparnasse
01 Août 2006



Cet article se compose de 2 pages.
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Affairés sur le chantier de la construction de la Tour Monparnasse depuis sept heures du matin en ce mois d'avril, Gonçalvo, Nunio et Pedro avaient poursuivi à un train d'enfer le creusement des fondations du futur édifice malgré la pluie qui tombait sans discontinuer depuis la veille.

Vers neuf heures, ayant heurté quelque chose de solide avec sa pelleteuse, Gonçalvo avait coupé le contact pour aller voir de quoi il retournait. Sous l'averse, il constata qu'il avait brisé une sorte de baignoire en pierre contenant des poteries avant que son regard ne fut attiré par quelque chose de brillant.

Il se pencha dans la boue, s'accroupit et tendit la main pour saisir ce qui l'avait intrigué avant de rester un instant interdit en enlevant lentement la couche de terre recouvrant sa trouvaille qui s'avérait être une mince couronne d'or finement ciselée de feuilles et de traits réguliers. Il la caressa machinalement en se demandant s'il ne rêvait pas avant de tressaillir et de faire brusquement un signe de croix en apercevant un crâne et des ossements humains au milieu des débris qu'il avait provoqués.

Il se mit subitement à trembler de tous ses membres puis tomba subitement sur son séant et balbutia quelques mots en portugais en invoquant alors la Vierge Marie.

A quelques mètres de là, Nunio et Pedro crurent que Gonçalvo avait eu un malaise en le voyant prostré, le cul planté dans la boue. Ils stoppèrent alors leur moteur pour se précipiter à l'aide de leur collègue et lorsqu'ils s'approchèrent de lui, ils sursautèrent en découvrant ce qu'il tenait à la main.

Eux aussi eurent un mouvement de recul en apercevant les ossements à leurs pieds avant de soulever Gonçalvo par les aisselles pour le relever et lui demander comment il avait fait cette trouvaille.

« Ah les copains ! Je crois qu'il y a un trésor ici ! », lâcha-t-il éberlué en essayant de reprendre son souffle.

Ils se regardèrent alors à la manière de conspirateurs puis se retournèrent pour scruter avec inquiétude les environs pour se rendre enfin compte que personne n'avait surpris leur manège.

Les trois hommes se concertèrent à voix basse pour décider de ce qu'il convenait de faire puis s'affairèrent rapidement parmi les débris avant que d'autres ouvriers ne puissent découvrir leur étrange manège.

Pris d'une indicible frénésie, Nunio plongea la main dans une jarre en terre cuite renversée au fond du sarcophage brisé et étouffa un cri en retirant une poignée de pièces d'or alors que Pedro ne fut pas en reste en se saisissant à son tour d'une statuette en bronze et d'un collier fait de boules d'or qui affleuraient dans la boue.

Excité comme un gosse par cette récolte miraculeuse, Gonçalvo se rendit compte qu'il n'avait rien pour l'emballer et l'emmener discrètement. Il se mit à paniquer durant quelques secondes avant d'avoir l'idée d'enlever sa veste pour y mettre ce butin et d'ordonner à Pedro d'aller vite chercher une pelle pour creuser autour des débris du sarcophage. Au bout d'un quart d'heure, les trois hommes firent ainsi le ménage en trouvant encore quelques objets en bronze et des pièces d'or avant de décider d'effacer illico toute trace du site archéologique gallo-romain sur lequel ils étaient tombés.

Trempés jusqu'à l'os, ils retournèrent à leurs pelleteuse et continuèrent à creuser comme si de rien n'était jusqu'aux environs de midi et reprirent leur travail jusqu'à la fin de leur service avant de se retrouver vers 16 heures dans un café de l'avenue du Maine pour décider ce qu'ils allaient faire de ce trésor constitué de divers objets, de la couronne, des bijoux et des quelque 300 pièces d'or et de bronze qu'ils avaient transposés dans un sac au moment de quitter le chantier.

« Et maintenant ? », demanda Pedro d'un ton inquiet à Gonçalvo après que chacun eût commandé une bière alors que dehors, la pluie n'avait pas cessé de tomber comme pour leur rappeler que 2000 ans plus tôt, les Gaulois craignaient dans de pareilles circonstances que le ciel ne leur tombât sur la tête.

- Maintenant ? Il va falloir se montrer prudent et trouver le moyen d'écouler ce qu'on a trouvé sans que personne ne le sâche.

Nunio se balança nerveusement sur sa chaise avant de se risquer à dire qu'il connaissait un voisin qui collectionnait des pièces anciennes et que ce dernier pouvait lui donner des tuyaux concernant les monnaies découvertes sur le chantier. Pedro se mit à surenchérir en suggérant d'aller voir des antiquaires.

« Nunio, vas-y mais ne montre à ton voisin qu'une seule pièce pour lui demander ce qu'elle vaut et à qui on peut la vendre. Quant aux antiquaires, on verra », rétorqua Gonçalvo.

A la table d'à côté, un homme affublé d'un imperméable qui lisait son journal n'avait pas perdu un seul mot de la conversation entre les trois ouvriers. Après avoir attendu le moment opportun pour y mettre son grain de sel, il posa son quotidien près de la tasse de café qu'il avait siroté et s'adressa à eux en arborant un sourire en coin.

« Excusez-moi d'être indiscret mais je peux peut-être vous aider au sujet de ce dont vous parlez», leur déclara-t-il à mi-voix tout en mordillant distraitement une branche de ses lunettes.

Gonçalvo sursauta sur sa chaise et avala de travers sa gorgée de bière alors que Nunio et Pedro sentirent leur pouls s'accélérer en se regardant d'un air médusé.

« C'est que…Enfin… », bredouilla Gonçalvo, décontenancé comme un imbécile pris sur le fait après un mauvais coup.

« Soyez rassurés, je ne suis pas de la police. Vous pouvez me faire confiance. Toute cette histoire restera donc entre nous », ajouta l'homme en se caressant le menton.

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