Le salon d'accueil de l'Hôtel de Ville de Paris présente jusqu'au 18 février 2005 une exposition rétrospective consacrée au photographe Willy Ronis aujourd'hui âgé de 95 ans. Spécialisé dans la prise de vues de scènes parisiennes, Ronis a été un des plus grands photographes du XXe siècle en compagnie de Robert Doisneau, Henri Cartier Bresson ou Jacques-Henri Lartigue.
Willy Ronis a commencé son métier de photographe au début des années 1930 en s'intéressant à la vie des Parisiens et surtout celle des faubourgs de la capitale. Durant toute sa carrière, cet artiste de l'objectif s'est surtout attaché à prendre des clichés sur le vif en cherchant à capter un instant mémorable.
C'est l'histoire de Paris et de ses habitants que son objectif a capturée pendant plus de 70 ans en laissant une trace indélébile de son évolution au fil des décennies, des photographies pleines de vérité parfois drôles ou tragiques et souvent emplies de poésie mais aujourd'hui, dans une ville truffée de grands immeubles modernes et des rues privées des bruits d'antan, le photographe serait bien en peine de restituer son atmosphère d'avant et d'après-guerre.
Chez Ronis, le banal devient miraculeusement extraordinaire grâce à des contrastes et des jeux de lumière astucieux avec toujours une touche de tendresse et une pointe acérée de curiosité. Il laisse le témoignage d'une capitale qui fut pleine de vie et de mystères devenue à présent malheureusement moins vibrante. Les gosses jouent beaucoup moins dans les rues, dont certaines ont disparu tout comme les innombrables ateliers d'artisans des quartiers populaires alors que les dimanches au Bois de Boulogne ou au bord de la Marne rappelant des moments à la Renoir père et fils ou des scènes de films comme "L'Hôtel du Nord" ne sont plus que de vagues souvenirs pour les vieux Parisiens.
Ronis a photographié la liberté, les angoisses et les joies du monde ouvrier en captant des instants émouvants. Il reste encore des vieilles pierres mais les rues ont été dépouillées de leurs pavés pour être revêtues d'un bitume lisse sur lesquelles roulent lentement des véhicules au milieu de nuages toxiques invisibles. Paris ne vit plus au rythme lent des piétons, des charettes tirées par des chevaux, de l'odeur particulière qui emplissait les artères de ses endroits populaires, du flux et du reflux des teuf-teufs, du brouhaha des quartiers des Halles ou de La Villette, des cris des vitriers, camelots, aiguiseurs de couteaux ou vendeurs de journaux, bref de tout ce qui l'animait alors qu'à présent, elle semble étouffer. Ronis, lui, a le mérite de la faire revivre sur papier glacé.