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ART DECO, ART ASIATIQUE ET CERTAINS PEINTRES MODERNES EN POINTE
01 Décembre 2005



Le bilan de l'année 2005 ayant reposé en grande partie sur plusieurs ventes de pièces exceptionnelles, il convient d'analyser en profondeur les domaines du marché de l'art pour déterminer ce qui marche bien ou pas.

Art Déco: Porté par la vente des sièges d'Eileen Gray, ce secteur a permis à Paris de consolider sa place de leader sur le marché. Les créations de Charles Perriand ont été au pinacle, celles de Dupré-Lafon ont connu des hauts et quelques bas, celles de Rateau sont toujours aussi recherchées, celles de Dominique ont trouvé de nouveaux amateurs, celles de Ruhlmann sont restées stables, les laques de Gaston Suisse et les créations de Dunand ont fait un tabac, les sculptures de Miklos ont cartonné tout comme celles des frères Martel. Le marché est donc solide et promet d'être stable sinon en progression.

Art Nouveau: Ce domaine a connu moins de retentissement. Affaire de mode dira-t-on car la clientèle semble de plus en plus portée sur l'Art Déco, plus en phase avec le design de notre époque. On peut parler d'une régression, sauf lorsque des pièces exceptionnelles sont proposées dans les ventes.

Verreries: Voilà un secteur à la recherche d'un nouveau souffle surtout concernant les créations de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Là, la désaffection des Japonais a grandement joué et on est resté loin des niveaux de la fin des années 1980. Gallé et Daum se vendent toujours mais souvent au 5e des prix d'il y a quinze ans. Valeur sûre: Lalique dont certaines pièces uniques en verre ont continué à atteindre des prix conséquents. La verrerie ancienne a suscité un intérêt soutenu de la part des amateurs qui se sont montrés disposés à payer cher des pièces façon de Venise ou de Nevers du XVIe, XVIIe ou XVIIIe siècle. A noter la bonne tenue des flacons de parfum durant l'année écoulée.

Peinture ancienne: Ce domaine vaut essentiellement pour les oeuvres de qualité et rares. Pour les tableaux dits moyens, les prix ont baissé. Valeurs sûres: Hubert Robert, Largillière, Pierre Brueghel le jeune, les peintres italiens de natures mortes, Marguerite Gérard, Van Wittel, spécialiste de vues romaines, Canaletto, Guardi, certains peintres du XVIe siècle mais la bonne peinture se fait de plus en plus rare, ce qui fait que les découvertes sont désormais moins nombreuses.

Peinture du XIXe siècle: Un certain tassement a été constaté dans ce domaine avec des acheteurs devenus de plus en plus sélectifs qui savent discerner entre un bon Corot et un mauvais. Les peintres de Barbizon plaisent moins depuis trois ans alors que les prix pour Boudin font parfois du yoyo sans atteindre les altitudes de naguère. Jongkind est plus apprécié tout comme Michallon mais le marché a marqué un recul.

Peinture impressionniste et moderne: New York a tenu le haut du pavé pour les Impressionnistes avec un retour en force de Monet alors que Picasso est resté au top. Par contre, les Renoir intéressants ont été plus rares sur un marché demandeur d'oeuvres de qualité. On n'a pas hésité à payer plus de 22 millions de dollars un Toulouse-Lautrec plutôt atypique, plus dans la veine d'un Degas, alors que Boldini est resté recherché et que Marquet a plutôt stagné. Bonne tenue, mais sans plus, pourLe Sidaner, Rouault, Vallotton, Vuillard ou Bonnard. Stabilité pour les peintres espagnols et américains, pour Moret, Montézin, Denis, Maufra, Picabia ou Guillaumin. Petites déceptions pour Marquet, Loiseau, du Puigaudeau, Sérusier, Pascin. Grosses déceptions pour Vlaminck, Foujita ou Bernard Buffet. Hausse sensible pour les peintres russes, Exter, Gontcharova, Machkov, Dobuzhinski, Aivazovsky, Pougny, Choultse et d'autres comme pour Rothko, Lanskoy ou Sayed Haider Raza. L'Expressionnisme allemand est resté demandé mais les oeuvres de qualité ont manqué durant l'année écoulée. Là encore, les acheteurs se sont avant tout montrés sélectifs.

Peinture orientaliste: Ce domaine reste toujours aussi actif avec des enchères bien soutenues, notamment pour Majorelle mais aussi inquiétantes, comme pour Pontoy, peintre du dimanche sacré subitement comme un maître. Pour le reste, Ernst, Weisz et d'autres peintres spécialistes du genre ont encore eu la cote auprès des amateurs. Néanmoins, Dinet a marqué le pas comme d'autres artistes du XIXe siècle alors que le marché a semblé en manque d'oeuvres superbes.

Peinture contemporaine: Les poids lourds du marché ont été les peintres américains et allemands tout comme l'Anglais Damien Hirst ou l'Ecossais Peter Doig, nouveau venu très apprécié. Basquiat est resté une valeur sûre tout comme Warhol, Motherwell, Wesselman, Murakami ou Tom Friedman. Sam Szafran et Simon Hantaï ont été en hausse sensible jusqu'à casser la baraque à Paris. A suivre, les peintres chinois comme Chu Teh Chun qui a été de record en record alors que Zao Wou Ki est resté stable. Ce marché est resté soumis à un jeu très subtil des "marketing men" de Sotheby's ou Christie's ou à l'influence de très gros collectionneurs américains ou encore de Saatchi à Londres ou de François Pinault à Paris lesquels ont joué les décideurs en misant sur leurs artistes préférés. C'est là où les plus-values sont les plus conséquentes avec une inconnue à la clé, à savoir si les chouchous actuels seront toujours ceux de demain. Ce secteur joue ainsi un rôle de locomotive sur le marché avec une connotation très spéculative. D'un côté, il permet au chiffre d'affaires global du marché de rester positif tout en augmentant toutefois les risques d'une dangereuse dégringolade. Pour jouer dans la cour des grands, il faut donc être un initié tout en ayant les moyens d'acheter, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Soumis aux effets de mode, ce domaine est ainsi le plus aventureux qui soit pour les amateurs.

Dessins anciens: Le rare s'est encore vendu cher avec un record pour Jacques-Louis David mais après l'engouement enregistré ces dernières années, le soufflet est quelque peu retombé faute de dessins suffisamment intéressants sur le marché. La demande reste forte, l'offre est cependant devenue moins abondante s'agissant des feuilles les plus recherchées.

Sculpture: Rodin a encore été au rendez-vous des grandes ventes tout comme Giacometti alors que quelques enchères mirobolantes ont été enregistrées pour des fontes du XVIe et du XVIIe siècle. Dans le domaine des artistes modernes, les oeuvres de César se sont assez bien vendues mais en général, il n'y a pas eu de surprises étonnantes faute d'une offre plus étoffée.

Livres et manuscrits: Paris a assuré une place de leader sur le marché grâce à la vente du fonds de Pierre Berès qui a donné lieu à un flot d'enchères appuyées. Bonne tenue des manuscrits et des livres illustrés avec une clientèle toujours aussi avisée et désireuse d'acheter, même au prix fort.

Photographie: Ce domaine a offert moins de clichés extraordinaires que naguère mais les prix ont été à la hausse pour de nombreux photographes grâce à une demande soutenue.

Meubles anciens: Chute sensible pour la qualité moyenne, les meubles du XVIIIe siècle semblant de plus en plus délaissée par la nouvelle génération d'acheteurs. Seul l'exceptionnel s'est bien vendu comme des meubles estampillés Dubois, Weisweile, Carlin ou Jacob alors que le Boulle est demeuré très demandé, surtout en Angleterre où quelques enchères faramineuses ont été enregistrées.

Haute Epoque: Recul sensible dans ce domaine où la statuaire du XVIe siècle s'est plutôt mal vendue. Stabilité pour les émaux ou meubles du Moyen-Age tout comme pour les cabinets du XVIIe siècle qui sont toutefois loin du niveau espéré. Un cabinet flamand ou italien du XVIIe siècle à 20 000 euros représente toujours une bonne affaire.

Horlogerie: Quelques pendules du XVIIIe siècle ont fait de gros prix durant l'année mais les quelques exceptions enregistrées n'ont pas dissipé de nombreuses déceptions. Dans le domaine des montres bracelets, les grandes complications ont eu la cote tout comme les modèles de grandes marques (Audemars-Piguet, Rolex, Patek-Philippe, Bréguet, Cartier notamment). Pour les modèles classiques, décrue générale depuis quatre ans.

Argenterie: Pas de résultats notables sauf pour les pièces signées Fabergé, très convoitées par les acheteurs russes. Pour le reste, les enchères ont été souvent décevantes sauf pour quelques pièces d'avant 1715 ou des coupes d'Augsbourg ou de Nuremberg du XVIIe siècle ainsi que pour un nautile monté en argent attribué à Meissonier.

Jouets: Stabilité dans l'ensemble mais les prix n'ont pas vraiment progressé. Les créations de Märklin ont tenu le cap, les poupées se sont assez bien vendues mais sans enchères surprenantes tout comme les automates.

Voitures de collection: L'engouement de 1990 a laissé la place à des enchères devenues plus que raisonnables dans ce domaine qui a marqué le pas depuis plus de cinq ans.

Armes anciennes: Ce domaine n'a pas résonné d'enchères percutantes en 2005 en raison d'un nombre peu important de pièces exceptionnelles dans les ventes.

Céramiques et Porcelaines: Poussée sensible pour les porcelaines de Meissen, Sèvres ou Vincennes, bonne tenue des céramiques du XVIe siècle ou des faïences du XVIIIe siècle. Ce domaine s'est bien comporté dans l'ensemble.

Arts primitifs: La ruée vers les arts africains ne s'est pas démentie tout au long de l'année avec un intérêt particulier pour les ivoires Lega et d'autres pièces provenant de collections prestigieuses. L'ouverture prochaine du Musée du quai Branly est appelée à exciter l'engouement des amateurs.

Archéologie: Grosse progression pour les arts pré-colombiens avec quelques enchères défrisantes à la clé sauf que certaines pièces ont prêté à contestation au sujet de leur provenance (nombreuses saisies opérées lors de ventes à la demande du gouvernement colombien). Belles batailles d'enchères pour les objets de la Bactriane mais là encore il y a eu des questions à se poser quant à leur provenance, leur nombre ayant sérieusement augmenté dans les ventes depuis l'intervention américaine en Afghanistan. Quelques gros scores pour des pièces provenant de Mésopotamie dont la provenance a paru aussi douteuse aux yeux de certains amateurs depuis le pillage du Musée de Bagdad. Assez bonne tenue des pièces archéologiques grecques ou romaines sans toutefois de poussée perceptible. Pour la qualité moyenne, beaucoup d'objets ont néanmoins été ravalés.

Design: Serge Mouille, Rond Arad et d'autres créateurs ont emballé ce marché fréquenté par une clientèle fortement attirée par des pièces correspondant à leur cadre de vie. Secteur en pleine expansion.

Arts asiatique: Une véritable fièvre s'est emparée de ce domaine grâce à l'afflux d'acheteurs chinois qui ont souvent poussé les enchères au plus haut. Les résultats remarquables enregistrés durant 2005 devraient se répéter pour 2006 avec des prix encore plus fous.

Arts islamiques:L'offre a été moins abondante mais cela n'a pas empêché les acheteurs d'être présents dans les ventes. A noter une forte progression des pièces du Gudjarat (Inde) du XVIe ou du XVII e siècle.

Bijoux: Paris s'est refait une belle santé grâce à la vente Simone del Duca et prouvé au passage que Genève n'était plus le lieu obligé pour vendre des bijoux somptueux.

Bande dessinée: Moins de planches signées Hergé proposées durant l'année 2005 et donc moins d'enchères appuyées. Toutefois, les autres auteurs de BD ont été de plus en plus recherchées par des amateurs prêts à en découdre dans les salles de vente.

A.D

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