La galerie Prazan, rue de Seine à Paris, présente jusqu'au 22 décembre un choix d'œuvres exceptionnelles signées de Serge Poliakoff, Maurice Estève et Otto Freundlich. Freundlich (1878-1943) se lança dans l'abstraction passé l'âge de 40 ans après s'être initié à la technique du vitrail. Peu d'œuvres de cet artiste subsistent car la plupart ont été détruites par les nazis qui classèrent celles-ci comme dégénérées. Juif d'origine, Freundlich fut arrêté par la Gestapo en 1943 et assassiné au camp de concentration de Maidanek dès son arrivée dans ce sinistre lieu.
Les œuvres d'Estève (1904-2001) présentent parfois certaines analogies avec celles de Freundlich tandis que celles de Poliakoff (1900-1969) sont structurées avec plus de simplicité mais aussi de force.
L'ART AMERICAIN A BORDEAUX
Le Musée des Beaux-Arts de Bordeaux présente jusqu'au 31 décembre 2001 une exposition intitulée « Made in USA » consacrée à l'art américain de 1908 0 1947.
C'est un panorama de l'art américain jusqu'à l'éclosion de l'Expressionnisme abstrait qui est offert pour la première fois en France et qui démontre que celui-ci n'a pas pris naissance au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale mais bien durant la Première.
Les abstractions de Morgan Russell, Macdonald-Wright ou de Marsden Hartley sont là pour nous le rappeler, même si ceux-ci furent bien évidemment influencés par Kandinsky, Malevitch ou Delaunay alors que Joseph Stella fut certainement moins perméable à ces derniers en produisant en 1913 « Bataille de lumières à Coney Island », une œuvre sublime qui éclaire d'un jour nouveau la naissance de l'art américain du XXe siècle.
Il convient aussi de se rappeler que nombre d'artistes européens, avant-gardistes, dadaïstes et surréalistes, vinrent dès les années 1915 à New York pour y semer naturellement leurs influences sans oublier celles des muralistes qui exercèrent leurs talents durant les années 1930 dans la grande métropole.
Les racines de cet art américain ont puisé au plus profond dans le terreau de l'art européen pour s'étendre à travers de multiples ramifications locales, citadines mais aussi provinciales notamment avec Thomas Hart Benton ou même Edward Hopper avant de parvenir à sa surprenante éclosion à la fin des années 1940 au moment même où les artistes de la vieille Europe marquaient terriblement le pas à l'ombre d'un Picasso triomphant.
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