Pour les meubles, le magazine oublie de signaler que certains antiquaires se servent d'éléments en bois du XVIIIe siècle récupérés de meubles abimés ou détruits pour créer des bureaux ou des commodes qui passent ensuite pour authentiques… Il omet de raconter que les fers des estampilles de nombreux grands ébénistes du XVIIIe siècle furent vendus dans les années 1960 à l'Hôtel Drouot et qu'ils furent acquis (légalement, cela posé) par quelques marchands peu scrupuleux. Il ne mentionne pas que certains marchands ont remplacé par des copies les bronzes originaux ornant des meubles afin de les dupliquer à loisir.
Pour les dessins anciens, il faudrait vraiment être un débutant naïf pour se faire refiler une gravure rehaussée vendue comme une aquarelle. Une simple loupe servirait à démontrer la supercherie. Prétendre qu'une bordure maladroite d'un carré de papier est un signe de plagiat est contestable tout comme crier au faux lorsqu'on tombe sur un dessin comportant des traits se terminant par une sorte de virgule. Enfin, il indique que Dali aurait paraphé des milliers de pages blanches destinées à la production de fausses lithographies. Il fallait dire « avait »…Arts Magazine aurait aussi mieux fait de s'intéresser aux faux manuscrits qui pullulent autant que les dessins.
Toutes les ruses des faussaires ne sont pas éventées, loin de là, dans cette enquête menée à la va-vite par des journalistes peu avertis obligés de consulter des spécialistes pour obtenir des tuyaux souvent percés et qui ne permettront pas à des yeux non aguerris de toujours faire la distinction entre le vrai et le faux. Bref, pour réaliser un magazine qui se démarque des autres, il faut des collaborateurs qui connaissent bien le domaine de l'art et disposer d'une sacrée documentation (la bibliothèque de artcult.com est à ce titre riche de plus de 5 000 ouvrages...)
Au delà de cette enquête sur les faux qui laisse à désirer d'autant plus qu'une journaliste d'Arts Magazine m'avait sollicité par e-mail pour obtenir mon aide sur ce dossier, que j'ai refusée pour la simple raison qu'artcult.com a été suffisamment « pompé » en étant trop rarement citédepuis sa création et que j'en ai assez d'être pris pour un philanthrope ayant passé dix ans à nourrir gratuitement mon site sans contrepartie, je me permets d'estimer que ce magazine n'est pour l'instant qu'un fourre-tout destiné à des béotiens qui le resteront malheureusement et dont la seule utilité est de fournir un calendrier assez étoffé des expositions, ce que "Le Journal des Arts" fait aussi bien. A titre d'exemple, l'article sur Jeff Koons aurait pu être autrement intéressant si son auteur se serait posé la question de savoir si on avait affaire à un artiste ou à un entrepreneur spécialisé dans le marketing artistique à travers le fait que celui-ci était entouré de 50 collaborateurs tout en essayant d'expliquer son ascension fulgurante sur le marché de l'art.
Pour le reste, il y a toujours la possibilité de consulter artcult.com en long et en large pour découvrir plus de 100 pages sur les faux dans bien des domaines, des milliers d'analyses de résultats dans les ventes publiques, des centaines de biographies , des dizaines de dossiers consacrés aux styles ou à la peinture ancienne, moderne et contemporaine ainsi que le « Journal d'un fou d'art », riche de plus de 550 pages d'anecdotes croustillantes et de révélations inédites sur le marché de l'art (plus de 400 visiteurs par jour rien que pour artcult.com/jour0.html). Il faut avant tout avoir de la passion, du talent et de l'expérience pour diffuser utilement la connaissance comme les 14 millions de visites enregistrées par mon site tendent à le prouver mais je regrette évidemment de ne pas disposer des fonds adéquats pour réaliser un pendant d'artcult sur papier qui dans les kiosques serait sans conteste une revue autrement plus informative et percutante que les autres. Cela viendra peut-être un jour. Qui sait?
A.D
Créateur de revues sur papier, dont Art et Valeurs en 1988, et du site Internet artcult.com, qui va bientôt fêter son dixième anniversaire, j'ai souvent décortiqué des magazines d'art pour me faire une idée du talent ou non de leurs collaborateurs ou de mes capacités à proposer de mon côté un contenu plus pertinent et excitant que les autres. Les quelque 14 millions de visites enregistrées par artcult.com depuis sa création, m'ont au moins démontré que mon rôle d'informateur en matière d'art ne semblait pas superflu.
Néanmoins, je n'ai jamais eu envie de publier mes appréciations sur tel ou tel organe de presse jusqu'au jour où les créateurs d'un nouveau magazine se sont permis de claironner pompeusement qu'avant eux « on n'avait jamais parlé d'art comme ça… ».
Comme quoi au juste ? L'épluchage fouillé d'Arts Magazine m'a finalement démontré qu'on ne m'avait jamais parlé de l'art aussi platement, à croire qu'il suffit simplement d'avoir de l'argent pour lancer une revue et la promouvoir en se passant des moteurs essentiels que sont la passion et une connaissance approfondie du domaine concerné.
En tant que journaliste, historien d'art, créateur de huit magazines grand public et d'artcult.com dont le contenu que j'ai nourri dépasse aujourd'hui 9 000 pages, j'ai eu l'impression d'avoir parcouru un magazine mélangeant les styles de « Voici », « Entrevue»,« Géo » ou le défunt « Muséart » sans avoir rien appris de sensationnel mais il est non moins vrai que la sévérité de mon jugement peut avoir quelque part un côté arbitraire étant donné que d'après les moteurs de recherche du Web je suis cité plus de mille fois comme un spécialiste de l'art.
Il n'en reste pas moins que sous le vernis du dossier « Vrai ou faux ? » d'Arts Magazine je n'ai trouvé que du bla-bla sans consistance avec des emprunts faits un peu partout et vraisemblablement dans artcult.com…
Ainsi dans la section sculptures, après avoir cité un galeriste qui prétend que les faussaires ne trompent personne, l'auteur fait prudemment volte-face pour indiquer douze lignes plus loin que les faussaires ont mille manières pour tromper les amateurs (on aurait aimé savoir lesquelles). A propos des surmoulages, le magazine se permet de donner la parade qui consisterait à graver la signature du sculpteur dans le bronze, à mettre le numéro de l'épreuve et le millésime de l'année de la fonte, ce qui jusqu'à ce jour a rarement été fait sauf d'émettre le numéro d'une série éditée par un fondeur encore que rien n'empêche des petits malins de dupliquer les séries en question dans la fonderie même ou en utilisant des moules qui n'auraient pas été détruits et je parle là en connaissance de cause, ayant enseigné l'histoire du bronze à l'EAC-IDETH durant quatre ans…
L'histoire des provenances fabriquées est archi-connue (voir "Le Journal d'un fou d'art" sur artcult). Prétendre ensuite en dix lignes que Guy Hain ne faisait que des faux est plutôt léger surtout qu'il serait bon de savoir que ce dernier avait acquis les droits de tirage de la fonderie Rudier. Néanmoins, il est vrai qu'il abusa de son privilège et se permit d'utiliser les moules originaux d'autres fonderies tout en employant des méthodes pas très licites pour écouler des milliers d'épreuves sur le marché. L'affaire Guy Hain méritait une pleine page. Quant à affirmer qu'il y a un vrai problème avec les fonderies asiatiques, il faudrait déjà dire avec précision à quel niveau…
Pour les verreries Art Nouveau, le magazine indique que leur valeur se situe entre 700 euros et 10 000 euros la pièce. Correction : je dis entre 500 euros et plus de 100 000 euros. Arts Magazine oublie aussi de dire que les imitations de vases Gallé produites en Roumanie sont pour la plupart très mauvaises et ne passent donc pas la rampe auprès de n'importe quel spécialiste.
Pour les céramiques : 20 lignes sur le sujet ne sont pas suffisantes. Il aurait été plus intéressant d'évoquer par exemple les fausses céramiques chinoises des XVIIe et XVIIIe siècles et les fausses sculptures de la Chine antique qui ont affecté la valeur des vraies tout comme le trafic d'antiquités provenant de Chine.
Pour la photographie : Arts Magazine s'aventure à citer un expert qui prétend qu'il n'y a plus aujourd'hui les mêmes papiers et les techniques d'autrefois. Il suffit d'aller du côté de la rue Saint-Maur où un laboratoire parvient à recréer des tirages anciens pour se faire une idée du contraire. Trouver du vieux papier pour des tirages photographiques est d'ailleurs toujours possible alors que certaines techniques modernes permettent des duplications difficiles à déceler. Enfin, il suffit de lire dans artcult.com les nombreuses pages consacrées à l'histoire de la photographie et aux faux Man Ray pour en connaître un peu plus sur le sujet.
Tout cela serait encore pardonnable s'il n'y avait pas autant de légèretés dans l'enquête sur les faux tableaux.A) Van Meegeren ne tromperait vraiment personne aujourd'hui et on se demande comment il a pu gruger des experts dans les années 1930 tellement son style était éloigné de Vermeer. B) Arts magazine a interrogé des experts qui pour la plupart ont été un jour piégés par des faux. Le journaliste qui a mené l'enquête peut être malgré tout excusé faute de bien connaître le milieu des experts. C) Il faut être tordu pour faire un faux Van Gogh car les chances d'une authentification de la part du Musée Van Gogh sont quasiment nulles. D) Le magazine n'évoque pas les faussaires en tableaux anciens qui ont été très actifs et dont plusieurs œuvres sont passées à Drouot comme authentiques (voir « Le Journal d'un fou d'art » sur artcult.com E) La citation concernant les aveux d'Alin Marthouret semble provenir tout droit de…artcult.com (Journal d'un fou d'art…) F) Le magazine oublie d'évoquer les opinions de certains experts qui contredisent celles de leurs prédécesseurs (affaire Modigliani et autres). G) Il oublie d'évoquer les milliers de faux Corot en circulation dans le monde. H) Il omet de parler des experts qui sont tatillons sur les provenances des œuvres qu'ils examinent sans vraiment se pencher sur leur qualité I) Il ne parle pas de la toute-puissance de certains comités d'experts J) Contrairement à ce qu'il affirme, les Impressionnistes ne sont pas les cibles favorites des aigrefins parce que leurs œuvres ne sont guère faciles à faire expertiser. Un Monet redécouvert est automatiquement suspect comme un Renoir, un Pissarro, un Sisley ou un Manet.
Pour les meubles, le magazine oublie de signaler que certains antiquaires se servent d'éléments en bois du XVIIIe siècle récupérés de meubles abimés ou détruits pour créer des bureaux ou des commodes qui passent ensuite pour authentiques… Il omet de raconter que les fers des estampilles de nombreux grands ébénistes du XVIIIe siècle furent vendus dans les années 1960 à l'Hôtel Drouot et qu'ils furent acquis (légalement, cela posé) par quelques marchands peu scrupuleux. Il ne mentionne pas que certains marchands ont remplacé par des copies les bronzes originaux ornant des meubles afin de les dupliquer à loisir.
Pour les dessins anciens, il faudrait vraiment être un débutant naïf pour se faire refiler une gravure rehaussée vendue comme une aquarelle. Une simple loupe servirait à démontrer la supercherie. Prétendre qu'une bordure maladroite d'un carré de papier est un signe de plagiat est contestable tout comme crier au faux lorsqu'on tombe sur un dessin comportant des traits se terminant par une sorte de virgule. Enfin, il indique que Dali aurait paraphé des milliers de pages blanches destinées à la production de fausses lithographies. Il fallait dire « avait »…Arts Magazine aurait aussi mieux fait de s'intéresser aux faux manuscrits qui pullulent autant que les dessins.
Toutes les ruses des faussaires ne sont pas éventées, loin de là, dans cette enquête menée à la va-vite par des journalistes peu avertis obligés de consulter des spécialistes pour obtenir des tuyaux souvent percés et qui ne permettront pas à des yeux non aguerris de toujours faire la distinction entre le vrai et le faux. Bref, pour réaliser un magazine qui se démarque des autres, il faut des collaborateurs qui connaissent bien le domaine de l'art et disposer d'une sacrée documentation (la bibliothèque de artcult.com est à ce titre riche de plus de 5 000 ouvrages...)
Au delà de cette enquête sur les faux qui laisse à désirer d'autant plus qu'une journaliste d'Arts Magazine m'avait sollicité par e-mail pour obtenir mon aide sur ce dossier, que j'ai refusée pour la simple raison qu'artcult.com a été suffisamment « pompé » en étant trop rarement citédepuis sa création et que j'en ai assez d'être pris pour un philanthrope ayant passé dix ans à nourrir gratuitement mon site sans contrepartie, je me permets d'estimer que ce magazine n'est pour l'instant qu'un fourre-tout destiné à des béotiens qui le resteront malheureusement et dont la seule utilité est de fournir un calendrier assez étoffé des expositions, ce que "Le Journal des Arts" fait aussi bien. A titre d'exemple, l'article sur Jeff Koons aurait pu être autrement intéressant si son auteur se serait posé la question de savoir si on avait affaire à un artiste ou à un entrepreneur spécialisé dans le marketing artistique à travers le fait que celui-ci était entouré de 50 collaborateurs tout en essayant d'expliquer son ascension fulgurante sur le marché de l'art.
Pour le reste, il y a toujours la possibilité de consulter artcult.com en long et en large pour découvrir plus de 100 pages sur les faux dans bien des domaines, des milliers d'analyses de résultats dans les ventes publiques, des centaines de biographies , des dizaines de dossiers consacrés aux styles ou à la peinture ancienne, moderne et contemporaine ainsi que le « Journal d'un fou d'art », riche de plus de 550 pages d'anecdotes croustillantes et de révélations inédites sur le marché de l'art (plus de 400 visiteurs par jour rien que pour artcult.com/jour0.html). Il faut avant tout avoir de la passion, du talent et de l'expérience pour diffuser utilement la connaissance comme les 14 millions de visites enregistrées par mon site tendent à le prouver mais je regrette évidemment de ne pas disposer des fonds adéquats pour réaliser un pendant d'artcult sur papier qui dans les kiosques serait sans conteste une revue autrement plus informative et percutante que les autres. Cela viendra peut-être un jour. Qui sait?