Un tableau peint vers 1300 par Duccio di Buoninsegna représentant une Madone à l'Enfant a été vendu en privé au Metroploitan Museum de New York par Christie's pour une somme estimée entre 45 et 50 millions de dollars, selon le « New York Times ». Cette œuvre à la tempera mesurant 27,6 x 20,5 cm avait appartenu au compte Grigori Stroganoff, mort à Rome en 1910, puis à l'industriel belge Adolphe Stoclet.
On ne connaît que douze œuvres de Duccio à ce jour et Christie's a joué un coup de maître en parvenant à réaliser pareille transaction privée. Sotheby's, l'autre maison anglo-saxonne, n'a cependant pas été en reste en vendant à la National Gallery de Londres une Vierge à l'Enfant de Raphaël pour 34,88 millions de livres au début de l'année 2004.
Plus fort encore, selon « Le Figaro », le marchand parisien Hervé Aaron a vendu pour 70 millions de dollars le portrait d'Alfonso d'Aavalos, marquis del Vasto du Titien au Getty Museum à la fin de 2003. Ce tableau avait acheté en privé, dit-on, pour 65 millions de francs puis l'avait laissé au prêt au Louvre durant dix ans.
Les ventes en privé d'œuvres exceptionnelles se multiplient pour la simple raison qu'elles se réalisent en toute discrétion et surtout parce que les ventes aux enchères satisfont de moins en moins les vendeurs et les acheteurs, surtout du fait que les commissions des maisons de vente atteignent parfois 40% de l'adjudication.
« Le Figaro » a d'ailleurs signalé une pénurie d'offres d'œuvres de qualité dans les ventes et noté que seul un bouquet de fleurs sur cuivre de Bosschaert avait enregistré une enchère intéressante à Paris en atteignant 2,77 millions d'euros chez Piasa. A Londres, Sotheby's a pourtant enregistré quelques records en matière de peinture hollandaise et flamande, notamment pour Ruysdael, Van Ostade et Van Dyck les 8 et 9 décembre 2004 mais pour cette maison, la saison a finalement été sans grand éclat. On retiendra que les grands acheteurs aiment de moins en moins se disputer des œuvres de qualité musée dans des ventes aux enchères et qu'ils préfèrent de loin l'atmosphère de confidentialité qui préside lors d'une vente en privé d'autant plus qu'en négociant un prix à la baisse, ils ont le sentiment d'avoir fait une bonne affaire même si celui-ci reste somme toute colossal.