Les ventes organisées à Londres chez Sotheby's et Christie's les 8 et 9 décembre 2004 ont donné lieu à quelques résultats spectaculaires avec un record mondial de obtenu pour le fameux cabinet dit « Badminton » réalisé à Florence entre 1724 et 1732. Ce cabinet monumental décoré de pierres rares, vendu 8,5 millions de livres en 1990 a vu son record plus que doubler à la surprise générale d'autant plus que sa taille, plus de 3,8 mètres de hauteur, constituait un handicap sérieux eu égard à celles des demeures d'aujourd'hui. Il a été acquis par le Musée du Liechtenstein inauguré il y a peu à Vienne.
La propriétaire de ce meuble hors normes, Mme Piasecka-Johnson aura fait une belle mise sur celui-ci et pour ne pas être en reste, elle a vendu une nature morte du peintre espagnol du XVII e siècle Juan Sanchez Cotan pour 4,03 millions de livres, un autre record, le 8 décembre chez Christie's.
La même maison a adjugé pour 811 650 livres une commode d'entre-deux en laque estampillée BVRB, pour 285 250 livres un tapis italien du XVIIIe siècle et pour 386 050 livres deux sphinges qui avaient orné l'entrée du Belvédère du Petit Trianon.
Seules les pièces exceptionnelles ont trouvé grâce auprès des acheteurs comme en témoigne l'enchère de 763 600 livres obtenue chez Sotheby's pour une paire de vases en porcelaine de Sèvres ayant jadis appartenu au comte d'Artois munis de montures en bronze doré et ciselé de Pierre-Phlippe Thomire ou celles de 308 000 livres pour un bureau à cylindre de David Roentgen et de
431 200 livres pour une paire de commodes attribuées à l'ébéniste anglais du XVIIIe siècle John Linnell.
Dans le domaines des tableaux anciens, Sotheby's a vendu pour 3,7 millions de livres une Kermesse de Saint-Georges par Pieter Brueghel le Jeune, pour 3,14 millions de livres,un record, un tableau d'Adriaen Van Ostade titré « Paysans dansant devant une auberge » et pour 2,46 millions de livres une huile sur panneau de Jacob Van Ruysdael alors qu'une nature morte de Floris Van Dyck créait la surprise en atteignant 1,34 millions de livres, au double de son estimation.
Un paysage brésilien par Frans Post était adjugé pour 386 400 livres, une petite déception, alors qu'une vue de Rome par Vanvitelli culminait à 655 200 livres. Un « Sacrifice d'Isaac » par Valdes Leal atteignait 733 600 livres et un bouquet de fleurs par Juan de Arellano était cédé pour 509 600 livres.
Chez Christie's, sauvée de la morosité par l'enchère record portée sur la nature morte de Sanchez Cotan, une petite huile sur panneau d'El Greco a été adjugée pour 789 250 livres, une nature morte de Jan Davidz de Heem a atteint 635 850 livres et une huile de Pieter Brueghel II intitulée « Le Piège à Oiseaux » a séduit un amateur pour 733 250 livres.
Constatation : seules les œuvres de qualité ont atteint des prix conséquents dans ces ventes de prestige et le moins bon n'a pas souvent trouvé preneur. La clientèle est sélective et au delà de la barre des 500 000 livres seuls les enchérisseurs à l'abri de soucis financiers se sont manifestés.