Les œuvres d'Anselm Kiefer, un des plus grands artistes contemporains allemands, sont exposées à la Fondation Beyeler à Bâle jusqu'au 17 février 2002. Kiefer se réfère à la mémoire et à l'histoire en créant des œuvres denses et touffues se rapportant aux mythes historiques allemands, aux légendes égyptiennes, à la Genèse ou à la Kabbale.
Ce sont 23 peintures monumentales ainsi que onze gouaches créées de 1973 à aujourd'hui qui sont présentées au public. Visionnaire, l'artiste a notamment réalisé en 1997 une peinture intitulée « Lilith » montrant un avion s'écrasant sur une ville.
Né en 1945, Kiefer a été l'élève de Josph Beuys à l'Académie de Düsseldorf et s'est attaqué à l'histoire avec un réalisme exacerbé et en utilisant toutes de sortes de matériaux dans ses œuvres en demeurant toutefois plus classique que Beuys.
Souvent critiqué et dénigré par des historiens d'art qui ont perçu une sorte d'apologie du nazisme dans certaines de ses œuvres, Kiefer s'est éloigné de l'Allemagne en 1993 pour vivre et travailler dans un village des Cévennes.
Sont présentés à Bâle quatre thèmes, « Les Tableaux de grenier » de 1973 se rapportant aux légendes héroïques, les « Salles de pierre » qui font référence à l'œuvre architecturale d'Albert Speer, un des dignitaires du parti national-socialiste, et qui ont fait l'objet de vivres critiques, les « Architectures d'argile » qui montrent des pyramides et des constructions de briques et les « Tableaux cosmiques et sidéraux », une série commencée en 1995 qui évoque les démons et les fantômes des légendes nordiques.
Adepte du monumental, Kiefer plonge avec délice dans les mystères du monde sans se soucier de la critique. En fait, il s'attaque à la mémoire sous tous les angles quitte donc à nous faire affronter les ténèbres, histoire peut-être de nous faire découvrir la vraie lumière.
Kiefer est dérangeant à plus d'un titre et s'il fallait lui donner un surnom, ce serait « Le Wagner de la peinture » avec tous les sous-entendus que cela suppose.