Un mystérieux acheteur anglais a acheté un tableau de Velasquez, Santa Rufina, pour 8,9 millions dollars (57,85 millions FF) avec les frais le 29 janvier 1999 chez Christie's à Londres. Ce tableau de grande qualité a été vendu à un prix record de trois fois supérieur à son estimation. Le précédent record pour une œuvre de l'artiste espagnol du XVIIe siècle était de 5 millions dollars pour le portrait de son esclave maure Juan de Parera vendu en 1970 chez Christie's à Londres.
Les musées espagnols étaient sur les rangs mais ont dû vite décrocher durant la bataille d'enchères.
Chez Sotheby's la veille, c'est un tableau de Poussin, L'Agonie au Jardin, qui a volé la vedette avec une enchère de 6,7 millions dollars avec les frais.
Il avait été acheté par le marchand parisien Charles Bailly pour 2,2 millions FF dans une vente aux enchères à Paris. Une jolie plus-value pour ce dernier qui se rachète de sa déconvenue enregistrée avec son Immaculée Conception, achetée plus de 20 millions FF à Drouot en 1991 et qu'il présenta comme une œuvre de Velasquez à Sotheby's en 1994.
Las, dénigrée par de nombreux spécialistes qui affirmèrent qu'il s'agissait d'une toile d'Alonso Cano, elle resta en rade. Entre temps, Bailly s'est refait une santé avec une vue peinte au Brésil par Frans Post, achetée un peu plus de 50 000 FF à Nancy et revendue 4,512 millions dollars à New York le 30 janvier 1997 et un Rubens, La Tête de Saint Jean Baptiste présentée à Salomé, acheté 2 millions FF près de Paris et revendu plus de 35 millions encore à New York le 30 janvier 1998. Décidément, la fin du mois de janvier porte bonheur à Bailly, le chasseur infatigable de trésors. Ce champion des redécouvertes, n'aura pas fini de nous étonner.
Les belles pièces se vendent de mieux en mieux mais le marché se montre bien plus sélectif qu'auparavant. Sotheby's n'a vendu que 70% des lots proposés et Christie's 80% mais plusieurs tableaux mièvres ou qui n'étaient pas dans un bel état de conservation sont restés invendus.
On a pu relever cependant que La Fontaine d'Amour de Fragonard s'est négociée à 2,2 millions dollars (12,32 millions FF) alors qu'une œuvre de Gandolfi a atteint 728,500 dollars, soit douze fois plus que l'estimation haute. Mais que dire du beau tableau de Lemoyne, vendu à 240,000 dollars sur une estimation haute de 700,000 dollars ? Que dire aussi des Canaletto ravalés ?
Bref, les gros prix n'entraînent pas toujours le marché vers les sommets puisque celle la qualité et la rareté parviennent à bien se vendre.