Enchères records à New York, Londres et Paris, le marché de l'art s'est enflammé durant les six derniers mois de 1999. Les millions ont ainsi valsé dans ces trois villes, surtout à New York, dans les salles de ventes dont l'atmosphère est de plus en plus électrique.
Les acheteurs entrent le plus souvent dans une sorte de compétition en faisant monter les enchères au-delà des limites raisonnables, à croire que les salles de ventes sont devenues des casinos.
Au final, on fait très peu d'affaires dans ces ventes parce que les enchérisseurs sont tentés de lever le doigt avec le souci premier de marquer leur présence en oubliant la valeur réelle de l'objet ou du tableau qu'ils convoitent d'autant plus que les lots proposés en France sont de qualité moyenne. Les belles pièces, elles, se vendent à Londres ou à New York, surtout celles d'artistes modernes ou contemporains, car le droit de suite (3%) n'est pas appliqué en Angleterre ou aux Etats-Unis.
Ces acheteurs oublient ainsi qu'il est plus simple d'aller acheter des objets à des prix plus intéressants au marché aux Puces de Saint-Ouen.
Autre phénomène, les Français achètent de moins en moins. La liaison du tunnel sous la Manche a permis une augmentation sensible des acheteurs britanniques dans les salles de ventes françaises tandis que les Italiens et les Espagnols y sont toujours aussi nombreux. Moins de 50% des oeuvres achetées restent en France, ce qui signifie une fuite du patrimoine qui s'est amplifiée depuis ces dix dernières années. Il suffit de faire un tour à Saint-Ouen pour se rendre compte que le nombre des vases Gallé, Daum et Lalique a considérablement baissé dans les stands, tout autant que les bronzes ou les tableaux de qualité. Seuls les meubles, de par leur fonctionalité, se vendent encore bien mais là encore, le marché s'est déporté vers les créations des années 1960 ou 1970 qui avaient été longtemps délaissées. On ne parle pas des meubles Art Déco dont les prix ont été multipliés par dix en vingt ans.