Le mois de novembre 1998 a été fertile en prix mirobolants dans les ventes new-yorkaises de tableaux impressionnistes, modernes et contemporains chez Christie's et Sotheby's. D'abord, il convient de souligner les triomphes de Vincent Van Gogh et de Jean-Michel Basquiat, deux artistes devenus légendaires, l'un pour avoir souffert comme un damné et l'autre, pour être mort trop tôt victime d'une overdose de drogue.
Van Gogh-Basquiat, leur malheur a fait le bonheur du marché de l'art et les délices de collectionneurs fortunés. Pour Van Gogh, il y a quelque chose de sordide dans cette récupération qui profite aux héritiers de ceux qui le firent sombrer dans la folie. Durant sa courte existence, Van Gogh n'intéressa personne, hormis le Dr Gachet qui lui assura le gîte et le couvert en échange de plusieurs toiles qui font aujourd'hui la gloire de certains musées.
Bref, son autoportrait sans barbe, datant de 1889, a été adjugé le 19 novembre pour 71 502 500 US $ (plus de 400 millions de FF), une somme qui place ce tableau en deuxième position, derrière le portrait du docteur Gachet vendu en mai 1990 pour 82,5 millions dollars, pour les prix records des oeuvres de l'artiste.
Paul Cézanne et Amédéo Modigliani, deux autres «maudits», ont aussi fait parler d'eux. Une des versions du Château Noir (vers 1904) du premier a atteint 11,5 millions dollars chez Christie's alors que le portrait de Jeanne Hébuterne, peint par le second, a grimpé jusqu'à 15,127 millions dollars chez Sotheby's trois jours plus tôt.
Il n'y a donc plus que les mythes qui incitent les amateurs à se laisser grignoter leurs tapis d'argent avec délectation. Le mythe Basquiat devient ainsi très vorace comme on l'a constaté chez Christie's le 12 novembre. Son Autoportrait de 1982 a donné lieu à une sévère bataille d'enchères jusqu'à 3,02 millions dollars, soit plus de huit fois son estimation.
La peinture pratiquée par Basquiat, qui fait penser aux gribouillages d'enfants de quatre ans, serait-elle propre à faire perdre la maturité d' adultes responsables ? En attendant, le marché new-yorkais impose sa loi et tient en Basquiat une locomotive toute trouvée. Mais le danger serait de la voir dérailler en cas de surchauffe. L'art contemporain est d'ailleurs le domaine le plus «casse-gueule» qui soit car il est régi par des individus souvent influencés par des phénomènes de mode. Quand les profanes voient Brigid Polk (1971), un portrait de Gerhard Richter, atteindre 750 000 dollars ou Sommerbilder-IV de Sigmar Polke s'envoler à 662 500 dollars, ils peuvent légitimement se poser des questions étant donné qu'à ce niveau de prix on peut s'offrir une superbe œuvre de la Renaissance, du XVIIe ou du XVIIIe siècle. Cela peut rester néanmoins une affaire de goût mais le véritable amateur d'art, lui, ne peut en toute logique se limiter au contemporain. On peut donc penser qu'entre un Poussin et un Dubuffet à six millions FF, il n'y a pas trop à réfléchir comme il n'y a pas à se poser de questions entre un Modigliani et un Jasper Johns à 50 millions FF.
On signalera que le 17 novembre, quatre tableaux de Jim Dine, un enfant chéri de la spéculation des années 1980, sont restés invendus alors que les amateurs semblent maintenant sous le charme de Jeff Koons dont String of Puppies a été enlevé à 288 500 dollars. Jim Dine a été trop longtemps surmédiatisé et Koons risque de l'être autant à présent.
Le mois de novembre 1998 a été fertile en prix mirobolants dans les ventes new-yorkaises de tableaux impressionnistes, modernes et contemporains chez Christie's et Sotheby's. D'abord, il convient de souligner les triomphes de Vincent Van Gogh et de Jean-Michel Basquiat, deux artistes devenus légendaires, l'un pour avoir souffert comme un damné et l'autre, pour être mort trop tôt victime d'une overdose de drogue.
Van Gogh-Basquiat, leur malheur a fait le bonheur du marché de l'art et les délices de collectionneurs fortunés. Pour Van Gogh, il y a quelque chose de sordide dans cette récupération qui profite aux héritiers de ceux qui le firent sombrer dans la folie. Durant sa courte existence, Van Gogh n'intéressa personne, hormis le Dr Gachet qui lui assura le gîte et le couvert en échange de plusieurs toiles qui font aujourd'hui la gloire de certains musées.
Bref, son autoportrait sans barbe, datant de 1889, a été adjugé le 19 novembre pour 71 502 500 US $ (plus de 400 millions de FF), une somme qui place ce tableau en deuxième position, derrière le portrait du docteur Gachet vendu en mai 1990 pour 82,5 millions dollars, pour les prix records des oeuvres de l'artiste.
Paul Cézanne et Amédéo Modigliani, deux autres «maudits», ont aussi fait parler d'eux. Une des versions du Château Noir (vers 1904) du premier a atteint 11,5 millions dollars chez Christie's alors que le portrait de Jeanne Hébuterne, peint par le second, a grimpé jusqu'à 15,127 millions dollars chez Sotheby's trois jours plus tôt.
Il n'y a donc plus que les mythes qui incitent les amateurs à se laisser grignoter leurs tapis d'argent avec délectation. Le mythe Basquiat devient ainsi très vorace comme on l'a constaté chez Christie's le 12 novembre. Son Autoportrait de 1982 a donné lieu à une sévère bataille d'enchères jusqu'à 3,02 millions dollars, soit plus de huit fois son estimation.
La peinture pratiquée par Basquiat, qui fait penser aux gribouillages d'enfants de quatre ans, serait-elle propre à faire perdre la maturité d' adultes responsables ? En attendant, le marché new-yorkais impose sa loi et tient en Basquiat une locomotive toute trouvée. Mais le danger serait de la voir dérailler en cas de surchauffe. L'art contemporain est d'ailleurs le domaine le plus «casse-gueule» qui soit car il est régi par des individus souvent influencés par des phénomènes de mode. Quand les profanes voient Brigid Polk (1971), un portrait de Gerhard Richter, atteindre 750 000 dollars ou Sommerbilder-IV de Sigmar Polke s'envoler à 662 500 dollars, ils peuvent légitimement se poser des questions étant donné qu'à ce niveau de prix on peut s'offrir une superbe œuvre de la Renaissance, du XVIIe ou du XVIIIe siècle. Cela peut rester néanmoins une affaire de goût mais le véritable amateur d'art, lui, ne peut en toute logique se limiter au contemporain. On peut donc penser qu'entre un Poussin et un Dubuffet à six millions FF, il n'y a pas trop à réfléchir comme il n'y a pas à se poser de questions entre un Modigliani et un Jasper Johns à 50 millions FF.
On signalera que le 17 novembre, quatre tableaux de Jim Dine, un enfant chéri de la spéculation des années 1980, sont restés invendus alors que les amateurs semblent maintenant sous le charme de Jeff Koons dont String of Puppies a été enlevé à 288 500 dollars. Jim Dine a été trop longtemps surmédiatisé et Koons risque de l'être autant à présent.
Le marché de l'art contemporain reste ainsi insaisissable quand on voit Horizon-Ocean View (1959) de Richard Diebenkorn atteindre un prix record de 3,96 millions dollars ou Yellows de Brice Marden s'arracher à 1,48 million dollars. Ces prix vertigineux suscitent d'ailleurs bien des interrogations au sujet de ceux, pour la plupart des Américains, qui font la pluie et le beau temps dans le secteur du contemporain.
Quelques foires internationales, une série d'expositions dans des galeries huppées et des articles dans la presse suffisent souvent à mettre un artiste sous les feux de la rampe, le plus étonnant étant que ceux qui sont à l'origine d'un succès mondial ne sont en fait pas plus d'une centaine. Ce sont les «initiés», les «happy few» qui font les stars de l'art contemporain . Mais les mythes d'aujourd'hui seront-ils aussi recherchés demain ? En attendant, on mise gros sur eux. On se croirait presque à Wall Street. Et si c'était le cas ? Les valeurs de novembre 1998 Basquiat, Johns, Warhol, Damien Hirst, Robert Gober, Matthew Barney, Cindy Sherman (123,500 dollars pour quatre photos de 1982), Robert Mangold, Sean Scully, Richter, Polke ou Mouna Hatoum sont d'ailleurs là pour le suggérer...
Fernand Léger pèse aussi, excusez le jeu de mots, de plus en plus lourd puisque son tableau intitulé Composition (le typographe) de 1917-1918 a atteint 6 millions dollars chez Christie's tandis que René Magritte n'a pas été en reste avec le Tombeau des Lutteurs (1960) vendu 5,7 millions dollars et Les Valeurs Personnelles (1952) enlevé à 7,1525 millions dollars par le San Francisco Museum of Art. Toutefois, avec Léger et Magritte on peut se faire moins de cheveux gris qu'avec les stars actuelles. La peinture impressionniste, lorsqu'elle est de qualité, fait toujours de beaux scores. Ainsi, un tableau de Claude Monet, Les Canotiers à Argenteuil (1874), a été poussé jusqu'à 9 millions dollars chez Christie's alors que Sotheby's a vendu Jeune Femme dans les Fleurs d'Edouard Manet pour 3,6 millions dollars. Beau résultat pour Paul Signac chez Christie's : 4,4 millions dollars pour une toile, Concarneau, Calme du matin, un titre qui fait contrepoids à celui qui pourrait être celui de notre article : New York, Agitation de l'après-midi chez Christie's ou Sotheby's...
Encore une fois, la qualité prime avant tout dans les ventes alors que le marché est plutôt en recul, surtout en ce qui concerne l'art asiatique, un peu partout dans le monde. Des domaines, tombés un temps en désuétude, se sont réveillés ces dernières années comme l'art pompier dont les meilleurs représentants, William Bouguereau, Jean Béraud ou Jean-Léon Gérôme deviennent de plus en plus recherchés. Le superbe Casino de Monte Carlo de Béraud a été vendu 1,6 million dollars par Sotheby's le 10 novembre, un tableau allégorique de Bouguereau, Alma Parens, vendu par l'acteur Sylvester Stallone, a atteint le prix record de 2,6 millions dollars alors que Christie's a adjugé La Terrasse du Sérail de Gérôme pour 1,3 million dollars.