SEURATGEORGES (1859-1891)
Nationalité:Français
Activité : Dessinateur et Peintre
Cote moyenne :entre 4 et 35 millions d'euros
Georges Pierre Seurat naquit au sein d'unefamille aisée le 2 décembre 1859 à Paris. Son père,Chrysostome Antoine Seurat, était huissier à la Villette.Vivant de ses rentes dans sa résidence d'été au Raincy,ce dernier ne rendait visite qu'une fois par semaine à sa femmeet à son fils .
La mère de Seurat, Ernestine Faivre,fut très proche de son fils qui fut très tôtinitié à la peinture par son oncle maternel Paul Haumonté-Faivre,marchand de tissus et peintre amateur. Sa vocation ne fut ainsi jamaiscontrariée.
En 1875, Seurat alla suivre des cours dedessin d'une école du soir municipale dirigée par le sculpteurJustin Lequien. Ce fut à cette époque qu'il se lia d'amitiéavec Edmond Aman-Jean, puis en 1876, il étudia la Grammaire desarts du dessin de Charles Blanc avant d'être admis en février1878 avec Aman-Jean à l'École des Beaux-Arts, où ilfréquenta la classe de Henri Lehmann, élève de JeanAuguste Dominique Ingres.
En 1879, Seurat quitta l'École desBeaux-Arts et occupa avec Aman-Jean et Ernest Laurent un atelier dans larue de l'Arbalète avant d' effectuer une année de volontariatmilitaire à Brest où il produisit de nombreuses étudeset d'innombrables dessins à la mine Conté tout en étudiantl'ouvrage de David Sutter « Les Phénomènes de lavision » et celui de Chevreul sur la loi du contraste simultané.
À son retour de Brest en 1880 ,Seurat s'installa dans une petite pièce au 19, rue de Chabrol oùil peignit jusqu'en 1886 ses œuvres les plus importantes.En 1881 Seuratse familiarisa avec la théorie des couleurs d'Ogden N. Rood et analysaen profondeur les tableaux de Delacroix.
En 1883, il participa pour la seule etunique fois, Seurat au Salon en montrant un dessin représentantle portrait d'Aman-Jean. A la même époque, il rencontra Puvis de Chavannes.
L'année suivante, son premier grandtableau, « Une Baignade à Asnières » futrefusé par le Salon. Ce fut alors qu'il fonda avec Paul Signac,Henri-Edmond Cross et Maximilien Luce le Salon des Indépendantsoù l'artiste présenta « Une Baignade à Asnières».
En 1884, Seurat avait peint «La Baignade », « La Couseuse » «Une périssoire » et produit de nombreuses étudespour « Un Dimanche à la Grande Jatte ».En 1885,il travailla sur « La Grande Jatte » qu'il termina l'annéesuivante tandis que Signac lui fit rencontrer les écrivains symbolistesPaul Adam et Henri de Régnier .
En 1886, Seurat exposa « Un Dimancheà la Grande Jatte » à la dernière expositiondes Impressionnistes. Intéressé par son œuvre, le critiqued'art Félix Fénéon le mit en rapport avec le jeunemathématicien et théoricien d'art Charles Henry dont lesthéories l'impressionnèrent fortement.
Après un été àHonfleur, Seurat présenta dix œuvres dont « Un Dimancheà la Grande Jatte » à l'exposition des Indépendants.Il fut ensuite invité à l'exposition du groupe d'avant-gardebruxellois Les Vingt grâce à Signac qui fut l'initiateurdu groupe des néo-impressionnistes (ainsi baptisé par ArsèneAlexandre) regroupant des artistes utilisant la technique du pointillisme.
L'année 1886 vit la dernièreexposition des Impressionnistes au N°1 de la rue Laffite. Celle-cimarqua aussi une scission avec les néo-impressionnistes lesquelsaspiraient à de nouvelles ambitions sous l'impulsion de Signac quicodifia les nouveaux préceptes de leur mouvement. Pour sa part,Seurat enthousiasmé très tôt par l'idée quela couleur, soumise à des règles sûres, pouvait s'enseignercomme la musique, s'appliqua à définir des règlesstrictes concernant aussi bien l'harmonie colorée que la compositionlinéaire.L'ouvrage de Chevreul étant devenu son livre dechevet, il étudia avec le plus grand soin les divers aspects dela loi du contraste simultané des couleurs
Le 2 février 1887, Seurat participaavec Signac à l'ouverture du Salon des Vingt où ilexposa sept toiles dont « Un Dimanche à la Grande Jatte». Durant la même année, il peignit des vues deHonfleur ainsi que son phare
Le 26 mars 1887 , Seurat présentaaux Indépendants des études pour son nouveau tableau «Les Poseuses ». Durant l'été, il continua àtravailler sur cette toile et sur « La Parade »
En janvier 1888, Seurat et ses amis présentèrentleurs œuvres dans les locaux de la Revue Indépendante dirigéepar Fénéon. Il se tourna alors vers les scènes decirque et de cabaret et exposa au Salon des indépendants «Les Poseuses », « La Parade » et huit dessinsavant de passer l'été à Port-en-Bessin sur la Mancheoù il réalisa plusieurs marines.
En février 1889, Seurat participade nouveau à l'exposition des Vingt à Bruxelles. Ily rencontra le modèle Madeleine Knobloch et commença àprendre ses distances avec ses amis en s'estimant un peu fatiguépar leurs querelles. Il demeura à partir d'octobre avec son amiedans un atelier tenu secret dans le passage de l'Élysée-des-Beaux-Artset produisit ses dernières œuvres dans un style plus rigoureux basésur les différents préceptes du divisionnisme. A cet égard,selon la loi des contrastes simultanés de tons et de mélangesoptiques, la composition se devait d'être régie par la rigoureusesymbolique de la proportion dorée, chaque élémentétant construit sur la section d'or (voir les verticales et horizontalesde « La Parade » ou les verticales et les obliques du« Cirque » ou du « Chahut »)
Seurat peignit plusieurs vues du Crotoyet le portrait de Paul Alexis durant cette année 1889.
Son fils Pierre Georges naquît le16 février 1890 puis il montra aux Indépendants «Le Chahut » et « Jeune Femme se poudrant ».Il peignit aussi le portrait de Signac et la Tour Eiffel et passa les moisd'été à Gravelines sur la mer du Nord où ilréalisa des marines. Ce fut à cette époque qu'il exposal'ensemble de sa doctrine dans la lettre suivante à Maurice Beaubourg: « ESTHETIQUE : L'art, c'est l'harmonie. L'harmonie, c'estl'analogie des contraires, l'analogie des semblables, de ton, de teinte,de ligne, considérés par la dominante et sous l'influenced'un éclairage en combinaisons gaies, calmes ou tristes. Les contraires,ce sont pour le ton, un plus lumineux (clair) pour un plus sombre. Pourla teinte, les complémentaires, c'est à dire un certain rougeopposé à sa complémentaire,etc… Pour la ligne, cellesfaisant un angle droit. La gaieté du ton, c'est la dominante lumineuse; de teinte, la dominante chaude ; de ligne, les lignes au dessus de l'horizontale.Le calme du ton, c'est l'égalité du sombre et du clair ;de teinte, du chaud et du froid, et l'horizontale pour la ligne. Le tristedu ton, c'est la dominante sombre ; de teinte, la dominante froide, etde ligne, les directions abaissées. TECHNIQUE : Etant admis lesphénomènes de la durée de l'impression lumineuse surla rétine, la synthèse s'impose comme résultante.Le moyen d'expression est le mélange optique des tons, des teintes(de localités de la couleur éclairante : soleil, lampe àgaz, à pétrole etc.), c'est à dire des lumièreset de leurs réactions (ombres) suivant les lois du contraste, dela dégradation, de l'irradiation ».
Son discours lui valut ainsi l'admirationdes Cubistes et des néo-constructivistes autour de Mondrian.
En 1891, après avoir peint «Le Cirque » et « Le Chenal de Gravelines »,il exposa au salon des Vingt à Bruxelles « Le Chahut» et six paysages .Au salon des Indépendants inauguréle 16 mars de cette année là, il montra son tableau inachevé« Le Cirque ». Le 29 Mars il mourut brutalement dessuites d'une angine infectieuse contractée en préparant sonexposition. Atteint lui aussi, son fils succomba peu de temps après.
A sa mort, l'inventaire de son atelierfut dressé par Luce et Fénéon et ses œuvres furentréparties entre sa famille et ses amis.
Disparu à l'âge de 31 ans,Seurat avait exposé au Salon en 1883, aux Indépendants en1884-85, 1886, 1887,1888, 1889, 1890 et 1891, aux Impressionnistes, rueLaffite, en 1886, à New York en 1885-1886, à Nantes et àAmsterdam au Blanc et Noir en 1886, aux Vingt à Bruxelles en 1887,1889 et 1891. Il laissa six carnets de croquis, 420 dessins, 170 aquarelleset une soixantaine de toiles parmi lesquelles cinq monumentales («La Baignade », « Un dimanche à la Grande Jatte »,« Les Poseuses », « Le Chahut » et «Le Cirque ») mais les critiques estimèrent injustementqu'il n'avait laissé aucune œuvre.
Il fallut attendre près d'une vingtained'années pour découvrir Seurat alors que son pèreet son frère dispersèrent ses œuvres sans se soucier de samémoire et que le Louvre refusa celles proposées par sa mère.Seurat sortit enfin de l'oubli en 1905 lors d'une exposition rétrospectivede 44 de ses œuvres organisée en même temps que la rétrospectiveVan Gogh dans les serres du Cours-la-Reine mais déjà, lenéo-impressionnisme pratiqué également par Pissarro,Signac, Cross ou Van Rysselberghe avait été classéau rang de style académique.
Seurat fut incontestablement à l'origined'une importante révolution en peinture et s'il avait vécuplus longtemps, la question qu'on pourrait se poser aujourd'hui est desavoir où son art l'aurait conduit. Aurait-il continué àse montrer de plus en plus rigide dans l'application de ses principes,serait -il revenu à la poésie qu'il exhala avec plus de libertédans « La Grande Jatte » ou aurait-il choisi une autrevoie en allant vers le Cubisme, le Futurisme ou le Constructivisme ? Onpeut fortement parier que son penchant pour la recherche sur la lumièreet l'harmonie des tons l'aurait conduit vers d'autres innovations.
On a surtout retenu le caractèrepointillisme de son œuvre alors qu'il chercha après la révolutionimpressionniste à se dégager avant tout de la représentationfidèle en peinture comme le firent Cézanne, Van Gogh, Gauguinou Toulouse-Lautrec à son époque pour percer les mystèresde ses lois propres et de ses possibilités d'harmonie et jeter lesfondements de nouvelles tendances. Il suffirait de coller son regard auplus près d'une de ses toiles pour découvrir à traversles tons composant un visage, un corps ou un élément qu'ilavait formulé une abstraction savamment ordonnée.