Les ventes organisées à Paris entre le 17 et le 25 mai 2002 ont été surtout marquées par l'adjudication d'un superbe tableau par Henri Lebasque enlevé pour 546 000 euros lors d'une vacation menée par l'étude Ferri.
Le 17 mai, l'exemplaire de « Daphnis et Chloé » (Paris, Ambroise Vollard, 1902) de Longus, illustré de 150 lithographies et deux dessins originaux de Bonnard et relié par Legrain a été adjugé pour 40 000 euros chez Christie's.
Une aquarelle sur carton de Jean Cocteau datée de 1948 montrant un profil d'homme poisson (96 x 68 cm) a été vendue pour 25 000 euros. Du même Cocteau, les 120 feuillets du manuscrit autographe du « Grand Ecart » accompagné de cinq dessins originaux n'a atteint que 80 000 euros, en dessous de son estimation.
Un des dix exemplaires sur chine de « Poésie des mots inconnus » (Paris, Le Degré 41, 1949, un recueil composé par Ilia Zdabévitch regroupant des textes inspirés par le Futurisme russe et le Dadaïsme a été enlevé pour 55 000 euros alors que « Le Livre de la Jungle » de Rudyard Kipling (Paris, Société du Livre Contemporain, 1919) illustré de 123 bois gravés par Paul Jouve a atteint 36 000 euros. Un des 55 exemplaires sur papier vélin de Montval des eaux-fortes originales de Picasso pour des textes de Buffon (Paris, Martin Fabiani, 1942) en maroquin marron mosaïqué d'un décor abstrait par Legrain contenant 31 aquatintes au sucre, eaux-fortes et pointes sèches commandées par Vollard en 1936 a séduit un amateur pour 36 000 euros et un exemplaire hors commerce de « La Passion » (Paris, Ambroise Vollard, 1939) selon André Suarès, illustrés de 17 gravures à l'eau-forte en couleurs de Georges Rouault et 82 gravures sur bois d'après des dessins de l'artiste a été vendu pour 55 000 euros.
Le 22 mai, l'étude Beaussant a enregistré une enchère de 10 050 euros pour un poème autographe de dix vers par Stéphane Mallarmé intitulé « Soupir ». La seconde édition de « La Fauconnerie… recueille des livres de M. Martino, Malopin, Michelin et Amé Cassian » (Poitiers, Enguilbert de Marnef, Bouchets frères, 1567) relié d'époque en veau fauve à riche décor doré a été vendue pour 26 000 euros. Cette édition comporte les trois traités accompagnant celui ayant servi pour la première édition.
L'édition originale en deux volumes du « Rouge et le Noir » (Paris, Levasseur 1831) de Stendhal relié en demi-veau glacé tabac a recueilli une enchère de 30 000 euros. Les deux volumes de « Gesammelte Schriften » (Leipzig, Wien, Zurich Internationaler psychoanalytischer Verlag 1925-1934) de Sigmund Freud avec un envoi autographe de l'auteur à Marie Bonaparte qui organisa sa fuite d'Autriche après l'annexion de ce pays par les nazis, a atteint 22 000 euros.
Durant cette semaine, dominée par des ventes de livres rares, un livre illustré de Jean Paulhan, « Les Paroles transparentes » (Paris, Bibliothèque de l'Union Française, 1955) ornée de 14 lithographies de Georges Braque a été adjugé pour 13 000 euros par le groupe PIASA le 23 mai.
Le 24 mai Sotheby's a enregistré un beau succès pour le créateur Marc Duplantier (1901-1975) dont un siège curule en placage d'ébène posant sur un montant en fer à patine brune, à base à pans coupés en placage d'ébène (hauteur 68 cm, largeur 49 cm, profondeur 27 cm) a été adjugé pour 200 000 euros.
Une sellette en fer de Duplantier à patine brune (hauteur 71 cm), les barres de métal à section carrée stylisant par des formes géométriques un homme sans bras tenant sur sa tête un disque d'ardoise encastré dans une cornière de métal a atteint 145 000 euros.
Un guéridon aux orchidées de Louis Majorelle, les deux plateaux en placage de ronce de noyer maintenus dans un piétement en acajou à profil bombé évidé dans sa partie basse pour former des nervures de bois remontant vers l'intérieur du meuble a été vendu pour 82 000 euros, au double de son estimation.
Un éléphant blanc mendiant (hauteur 14 cm), sculpture de Rembrandt Bugatti en bronze à patine brune fondu à la cire perdue par Hébrard et provenant de la collection d'Alain Delon a atteint 92 000 euros. Deux pieds de lampe par Jean-Michel Frank ont doublé leur estimation pour atteindre 35 000 et 31 000 euros respectivement. L'un est un modèle cruciforme en plaques de chêne (hauteur 22 cm) et l'autre est formé par une épaisse dalle d'albâtre (22 x 14 x 5 cm).
Un chevalet triangulaire en bronze verni ( hauteur 185 cm) de Raymond Subes a atteint 65 000 euros et un autre de même facture avec un réglage à crémaillère sur le montant arrière a été vendu pour 60 000 euros. Un fauteuil de repos de Ruhlmann et son tabouret en ébène de macassar plaqué et massif ont été achetés pour 82 000 euros, au triple de leur estimation.
Comme signalé au début de cet article, l'étude Ferri a obtenu 546 000 euros pour « Le lever », une huile sur toile (92 x 95 cm) par Henri Lebasque, une enchère très soutenue, la meilleure pour cet artiste depuis ces trois dernières années.
Un tableau sur panneau de chêne parqueté de Jan Brueghel le Jeune (1601-1678) intitulé « La Corbeille dans une coupe en céladon » (48 x 61 cm) a atteint 88 000 euros. Une huile sur toile d'Eugène Boudin titrée « Caudebec, bords de Seine, effet du matin » (45 x 65 cm) a été vendu pour 83 000 euros alors qu'une toile de Maurice Brianchon, « Les coulisses des Folies-Bergères » (130 x 137 cm) a recueilli 27 000 euros.
Une huile sur toile d'André Derain datée de 1907- sa bonne période- représentant un paysage à Cassis (46 x 38 cm) et provenant de la galerie Kahnweiler a atteint 105 000 euros, soit plus du triple de son estimation.
Une huile sur carton de Maximilien Luce titrée « Paysage aux arbres près d'un ruisseau » (51 x 68 cm) a été vendue pour 50 000 euros sur une estimation de 10 000 euros alors qu'une sculpture en bronze d'Auguste Rodin, épreuve à patine brune de « La jeunesse triomphante » (hauteur 51 cm) (Fonte Thiébault Frères, Fumière et Cie), deuxième épreuve exécutée pour M. Achille Ségard, a été vendue pour 155 000 euros.
Une paire de tables de bouts de canapé en bronze à trois plateaux et pieds sabres, travail de Raymond Subes, a quant à elle été enlevée pour 31 000 euros sur une estimation de 8 000 euros.
Un vase « étrusque » à carafe en porcelaine de Sèvres (hauteur 44 cm) à décor en camaïeu brun avec dans un médaillon un portrait de Napoléon 1er présentant son fils devant une vasque et un fauteuil, dans un entourage à fond or sur lequel se détache une frise composée de deux rangs de tours en platine, certaines marquées de noms de capitales européennes, réalisé pour le baptême du roi de Rome en 1812 a atteint 40 000 euros.
Une tasse « Jasmin » et sa sous-tasse en porcelaine de Sèvres à décor polychrome représentant Napoléon Bonaparte en costume de consul a fait l'objet d'une préemption à 12 000 euros du musée de la Malmaison.
Un vase fuseau (hauteur 56 cm) en porcelaine de Sèvres d'époque Louis-Philippe orné dans un médaillon ceint de guirlandes et feuillage or sur fond vert d'un portrait du duc d'Angoulême en buste en habit de cérémonie, les anses en bronze doré en forme de dauphin a été adjugé pour 60 000 euros.
Une paire de vases« cordeliers » (hauteur 38 cm) marqués et datés 1843, la panse ornée d'une opulente guirlande de fleurs polychromes sur fond blanc, le col et le piédouche à motifs de rinceaux et palmettes or sur fond bleu ciel, les bases des anses en volute marquées par une tête de vieillard a recueilli 31 000 euros.
Un vase fuseau en porcelaine de Sèvres à décor polychrome représentant Napoléon 1er en costume de sacre en buste, au revers la couronne impériale reposant sur un coussin surmontée d'un aigle impérial et entourée de feuillages et volutes, le socle et les prises en bronze, époque Empire (hauteur 54,5 cm) a atteint le prix impressionnant de 250 000 euros sur une estimation de 80 000 euros.
Le samedi 25 mai, le groupe Tajan a obtenu 22 000 euros pour les 16 pages du manuscrit autographe du « Premier sermon pour la fête de la Visitation de la Sainte Vierge » (Metz, 1659) rédigé par Bossuet. L'édition originale des "Pensées" de Pascal, reliée d ‘époque en veau granité a atteint 10 500 euros. Un exemplaire du tirage sur alfa du « Voyage au bout de la nuit » par Céline (Paris, Denoël et Steele, 1932) imprimé spécialement pour Mme Georges Chiris a été vendu pour 12 000 euros.
« A la recherche du temps perdu » de Proust (Paris, Nouvelle Revue Française, 1918-1923, 1925-1927) a recueilli 16 500 euros. Un des 23 exemplaires sur vélin pur fil de « La Nausée » par Jean-Paul Sartre (Paris, Gallimard, 1938) relié en 1982 par Leroux en box noir mosaïqué de pièces festonnées et de papules en peau d'autruche tabac a été vendu pour 23 000 euros. La collection complète de la revue « Verve » (Paris, Tériade 1938-1958) a séduit un amateur pour 11 500 euros. Celle-ci comprend 38 numéros réunis en 26 volumes brochés ou cartonnés.