Le Musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam présente jusqu'au 11 novembre 2001 une exposition consacrée au maître flamand de la fin du XVe siècle Jérôme Bosch qui fut très certainement un des pionniers du Surréalisme. Les visiteurs regretteront peut-être l'absence des œuvres majeures de ce peintre hors normes, notamment «Le Jardin des Délices» et «Le Jugement dernier », conservées au Musée du Prado ou «La Tentation de St Antoine» du Musée de Lisbonne. Néanmoins, celles de sa main ou de son entourage présentées à Rotterdam, en tout une trentaine, suffisent déjà plus ou moins à mieux le cerner.
Bosch fut par excellence le peintre de l'imaginaire et les 18 panneaux de sa main exposés lors de cette manifestation paraissent plutôt sages par rapport aux œuvres délirantes qu'on connaît de lui et dont on n'a montré ici que des copies.
On ne saura par ailleurs pas avec certitude si Bosch fut hanté par les notions de l'enfer et du paradis ou simplement porté à faire de la peinture populaire en se montrant comme le précurseur d'un art typiquement flamand cultivé par Pieter Brueghel.
Déjà, on ne sait pas grand chose de Bosch, né probablement à Bois-le-Duc en 1450 et où il aurait travaillé jusqu'à sa mort en 1516, une ville de province située à l'écart de cités comme Anvers, Bruxelles, Bruges ou Amsterdam où l'éclosion de nombreux peintres fut plus aisée.
A ne voir que des œuvres originales représentant des saints et des thèmes religieux assez sages, on oublie le peintre fantasque, ancêtre spirituel de Dali, sauf à travers une petite série de dessins montrant des animaux monstrueux ou d'autres traités d'une manière très naturaliste.
Autre mystère à élucider, l'authentification de nombreuses œuvres qui ne peut se faire qu'à travers l'analyse de leurs supports en bois et là, certaines opinions ont été balayées puisque « Le Couronnement d'Epines » de l'Escurial, «Les Noces de Cana» de Rotterdam ou «La Nativité» de Cologne dateraient d'entre 1525 et 1570 alors que « L'Escamoteur » du Musée de Saint-Germain ne serait en fait qu'une œuvre d'atelier.
Il convient de noter que le côté le plus intéressant de cette exposition se situe au niveau de la présentation d'œuvres d'artistes contemporains qui se sont intéressés ou inspirés de près ou de loin à Bosch, tels James Ensor, Dali, T. Hirshhorn, Robert Gober ou Mariko Mori.
A.D