La FIAC 2000 qui s'est tenue porte de Versailles à Paris du 24 au 30 a marqué une petite révolution au niveau de son concept qui a voulu que les galeries ne présentent en général qu'un seul artiste mais globalement, elle a été loin de tenir son rôle visant à la promotion de jeunes artistes. Les organisateurs de la FIAC 2000 ont donc en partie gagné leur pari car le nouveau concept proposé a permis d'offrir une lecture plus claire des œuvres soumises aux yeux du public.
On a pu y admirer des œuvres constructivistes de Rotchenko, un panorama de l'abstraction des années 1950, notamment à travers Atlan, Michaux, Torres-Garcia, Poliakoff, Zao Wou-Ki, Esteve, Hans Hoffman, Tobey ou Hartung, des exemples de l'Art Brut avec Dubuffet, avoir un aperçu du Surréalisme avec Man Ray, Picabia, Brauner, redécouvrir le Pop Art avec Warhol ou Wesselman, le nouveau réalisme avec Martial Raysse, Spoerri, Niki de Saint-Phalle, le mouvement Fluxus avec Ben, le BMPT avec Buren et Mosset, l'Arte Povera avec Merz et Jan Fabre, le Minimal Art avec Donald Judd, l'Expressionnisme Abstrait ou Néo-Fauvisme avec Baselitz, Fetting, Lupertz et Max Neumann, la Figuration Narrative avec Arroyo, Monory et Fromanger, la Figuration Libre avec Combas, des performances avec Kulik, l'Installation avec Fabrice Hybert, la photographie avec Mapplethorpe, Stéphane Couturier, Sophie Calle, Pierre & Gilles ou encore Kreuter mais le seul avantage pour les visiteurs a surtout été de trouver en un seul lieu ce qu'ils ont déjà vu par ailleurs.
La FIAC a semble-t-il de plus en plus de mal à rivaliser avec ArtBasel et cela s'est considérablement senti même si on a parfois éprouvé la sensation de se retrouver comme dans un gigantesque musée d'art contemporain où cependant les chefs d'œuvre sont rares.
De plus, il a paru difficile d'y faire des découvertes, même si certains stands ont versé plus que d'autres dans l'audace mais au final un artiste comme Combas, qui s'est montré plus agressif cette année, et bien d'autres encore ont déçu quelque peu.
Les organisateurs de la FIAC ont donc voulu cette année rompre avec le train-train des manifestations précédentes en incitant les exposants à ne montrer en général que les œuvres d'un seul de leurs poulains. Une bonne initiative à priori sauf que les pièces présentées ont souvent laissé à désirer. Le cru 2000 a été honnête sans plus et n'a rien eu d'enivrant.
Rappelons que dans le domaine de l'art contemporain, les Américains continuent à faire la loi et ne laissent que des miettes aux Français. A Drouot, les œuvres des meilleurs autochtones se négocient souvent en dessous de 200 000 FF, une misère par rapport aux prix enregistrés pour celles de Jeff Koons, Thomas Struth, Basquiat, Carl André, Damien Hirst, Cindy Sherman, Robert Gober, Charles Ray ou même Tom Friedman, l'artiste qui monte outre-Atlantique.
Les vedettes françaises ne font pas le poids sur le marché international et les acheteurs en France ne sont pas légion. Comme la création ne peut se développer qu'avec la diffusion, il y a un déficit qui devient de plus en plus difficile à combler. A la FIAC, Robert Combas s'affiche entre 50 000 FF et 250 000 FF alors qu'au début des années 1990, certaines de ses œuvres se négociaient à plus de 500 000 FF. On espère que Buren, maintenant sous la coupe de Marian Goodman, se vendra mieux hors de l'Hexagone alors que Bertrand Lavier , Fabrice Hybert ou Pierre et Gilles pointent de plus en plus leur nez sur le marché en vendant la plupart de leurs œuvres aux Etats-Unis.
Cette idée de «one-man» show a permis à la FIAC de se singulariser mais cette audacieuse initiative la desservie d'un autre côté puisque de nombreux artistes importants ont été absents de cette édition, notamment Richter, Boltanski, Hantaï ou Polke.
On aura néanmoins vu des pièces intéressantes de Man Ray chez Marion Meyer, de Martial Raysse chez Seroussi, d'Eugène Leroy à la Galerie de France, de Pierre et Gilles chez Jérôme de Noirmont, des pièces historiques de Rodchenko à la galerie Gmurzynska, de Buren, avec ses «Cabanes Eclatées» chez Marian Goodman ou de Wang Du, un artiste chinois vivant en France, à la Galerie Art et Public.
La FIAC nous a offert un gentil panorama mais insuffisant par certains côtés avec une impression de déjà vu. Espérons que la véritable révolution viendra bientôt après tant d'expériences qui ont semblé tourner en rond. Ce ne sont pas les photos coloriées de Pierre et Gilles, vendues à des prix faramineux, qui pourront nous faire croire le contraire. Il reste donc des inventions à faire, des styles à digérer et attendre de voir des courants divers s'affirmer avant de pouvoir jauger un marché de l'art contemporain qui carbure à l'aide d'idées qui font souvent long feu.
Certains artistes sont trop chers, d'autres pas assez. Il conviendrait de trouver un juste milieu mais le plus important est de motiver un public toujours influencé par les effets de mode et à qui il manque des connaissances adéquates pour mieux opérer ses choix. Résultat : on lui impose des artistes avant tout médiatisés qui ne sont pas forcément les meilleurs et il se comporte encore trop comme les moutons de Panurge. Il est néanmoins utile de rappeler qu'il en était de même au siècle dernier alors que les Impressionnistes furent longtemps raillés avant d'occuper le devant de la scène mais en cent ans, le libre-arbitre des individus a nettement évolué, ce qui nous fait croire que le public ne fait pas assez d'efforts pour juger librement les artistes. C'est là encore un problème de manque de connaissances qui a pour conséquence de soumettre les gens aux opinions de critiques pas toujours avisés alors que d'autres ne cessent pas de signaler le plus souvent avec raison que l'art contemporain a abouti dans une impasse. Adrian Darmon
La FIAC 2000 qui s'est tenue porte de Versailles à Paris du 24 au 30 a marqué une petite révolution au niveau de son concept qui a voulu que les galeries ne présentent en général qu'un seul artiste mais globalement, elle a été loin de tenir son rôle visant à la promotion de jeunes artistes. Les organisateurs de la FIAC 2000 ont donc en partie gagné leur pari car le nouveau concept proposé a permis d'offrir une lecture plus claire des œuvres soumises aux yeux du public.
On a pu y admirer des œuvres constructivistes de Rotchenko, un panorama de l'abstraction des années 1950, notamment à travers Atlan, Michaux, Torres-Garcia, Poliakoff, Zao Wou-Ki, Esteve, Hans Hoffman, Tobey ou Hartung, des exemples de l'Art Brut avec Dubuffet, avoir un aperçu du Surréalisme avec Man Ray, Picabia, Brauner, redécouvrir le Pop Art avec Warhol ou Wesselman, le nouveau réalisme avec Martial Raysse, Spoerri, Niki de Saint-Phalle, le mouvement Fluxus avec Ben, le BMPT avec Buren et Mosset, l'Arte Povera avec Merz et Jan Fabre, le Minimal Art avec Donald Judd, l'Expressionnisme Abstrait ou Néo-Fauvisme avec Baselitz, Fetting, Lupertz et Max Neumann, la Figuration Narrative avec Arroyo, Monory et Fromanger, la Figuration Libre avec Combas, des performances avec Kulik, l'Installation avec Fabrice Hybert, la photographie avec Mapplethorpe, Stéphane Couturier, Sophie Calle, Pierre & Gilles ou encore Kreuter mais le seul avantage pour les visiteurs a surtout été de trouver en un seul lieu ce qu'ils ont déjà vu par ailleurs.
La FIAC a semble-t-il de plus en plus de mal à rivaliser avec ArtBasel et cela s'est considérablement senti même si on a parfois éprouvé la sensation de se retrouver comme dans un gigantesque musée d'art contemporain où cependant les chefs d'œuvre sont rares.
De plus, il a paru difficile d'y faire des découvertes, même si certains stands ont versé plus que d'autres dans l'audace mais au final un artiste comme Combas, qui s'est montré plus agressif cette année, et bien d'autres encore ont déçu quelque peu.
Les organisateurs de la FIAC ont donc voulu cette année rompre avec le train-train des manifestations précédentes en incitant les exposants à ne montrer en général que les œuvres d'un seul de leurs poulains. Une bonne initiative à priori sauf que les pièces présentées ont souvent laissé à désirer. Le cru 2000 a été honnête sans plus et n'a rien eu d'enivrant.
Rappelons que dans le domaine de l'art contemporain, les Américains continuent à faire la loi et ne laissent que des miettes aux Français. A Drouot, les œuvres des meilleurs autochtones se négocient souvent en dessous de 200 000 FF, une misère par rapport aux prix enregistrés pour celles de Jeff Koons, Thomas Struth, Basquiat, Carl André, Damien Hirst, Cindy Sherman, Robert Gober, Charles Ray ou même Tom Friedman, l'artiste qui monte outre-Atlantique.
Les vedettes françaises ne font pas le poids sur le marché international et les acheteurs en France ne sont pas légion. Comme la création ne peut se développer qu'avec la diffusion, il y a un déficit qui devient de plus en plus difficile à combler. A la FIAC, Robert Combas s'affiche entre 50 000 FF et 250 000 FF alors qu'au début des années 1990, certaines de ses œuvres se négociaient à plus de 500 000 FF. On espère que Buren, maintenant sous la coupe de Marian Goodman, se vendra mieux hors de l'Hexagone alors que Bertrand Lavier , Fabrice Hybert ou Pierre et Gilles pointent de plus en plus leur nez sur le marché en vendant la plupart de leurs œuvres aux Etats-Unis.
Cette idée de «one-man» show a permis à la FIAC de se singulariser mais cette audacieuse initiative la desservie d'un autre côté puisque de nombreux artistes importants ont été absents de cette édition, notamment Richter, Boltanski, Hantaï ou Polke.
On aura néanmoins vu des pièces intéressantes de Man Ray chez Marion Meyer, de Martial Raysse chez Seroussi, d'Eugène Leroy à la Galerie de France, de Pierre et Gilles chez Jérôme de Noirmont, des pièces historiques de Rodchenko à la galerie Gmurzynska, de Buren, avec ses «Cabanes Eclatées» chez Marian Goodman ou de Wang Du, un artiste chinois vivant en France, à la Galerie Art et Public.
La FIAC nous a offert un gentil panorama mais insuffisant par certains côtés avec une impression de déjà vu. Espérons que la véritable révolution viendra bientôt après tant d'expériences qui ont semblé tourner en rond. Ce ne sont pas les photos coloriées de Pierre et Gilles, vendues à des prix faramineux, qui pourront nous faire croire le contraire. Il reste donc des inventions à faire, des styles à digérer et attendre de voir des courants divers s'affirmer avant de pouvoir jauger un marché de l'art contemporain qui carbure à l'aide d'idées qui font souvent long feu.
Certains artistes sont trop chers, d'autres pas assez. Il conviendrait de trouver un juste milieu mais le plus important est de motiver un public toujours influencé par les effets de mode et à qui il manque des connaissances adéquates pour mieux opérer ses choix. Résultat : on lui impose des artistes avant tout médiatisés qui ne sont pas forcément les meilleurs et il se comporte encore trop comme les moutons de Panurge. Il est néanmoins utile de rappeler qu'il en était de même au siècle dernier alors que les Impressionnistes furent longtemps raillés avant d'occuper le devant de la scène mais en cent ans, le libre-arbitre des individus a nettement évolué, ce qui nous fait croire que le public ne fait pas assez d'efforts pour juger librement les artistes. C'est là encore un problème de manque de connaissances qui a pour conséquence de soumettre les gens aux opinions de critiques pas toujours avisés alors que d'autres ne cessent pas de signaler le plus souvent avec raison que l'art contemporain a abouti dans une impasse. Adrian Darmon