Les nouveaux acheteurs, qui ont rapidement fait fortune dans le domaine des nouvelles technologies, sont donc attirés par les artistes de leur génération. L'achat de l'œuvre de Jeff Koons, pourtant éditée en quatre exemplaires, est une frappante illustration du changement de mentalité qui vient de s'opérer dans le monde des nantis. Ce prix de 11,8 millions FF atteint pour une œuvre propre à donner la nausée aux véritables amateurs d'art, nous donne une idée des goûts actuels des nouveaux collectionneurs.
Tant mieux pour Jeff Koons qui en prime a eu droit à une «Pink Party» organisée par Christie's laquelle a attiré plus de 1400 personnes triées sur le volet avant la vente qui a eu lieu au Rockefeller Plazza. Tant pis pour l'image du marché de l'art qui ne mérite certainement pas de devenir le creuset de la vulgarité. Warhol et Lichtenstein avaient ouvert la voie à de nouveaux concepts qui prenaient directement leurs sources dans la création publicitaire et la bande dessinée mais ils n'avaient certes pas prévu que leurs audaces finiraient par être banales face aux productions délirantes de pseudo-artistes comme Jeff Koons, des choses qui ont de moins en moins de rapport avec l'art et de plus en plus de liens avec des clichés à la mode.
Pourquoi avoir échappé pendant plus d'un demi-siècle à une telle démarche pour finalement tomber dans la marmite de ces sorciers qui fabriquent à tout va des poupées Barbie, des monstres japonais, des super héros de B.D, des films gore ou d'action invraisemblables, des gadgets et des personnages de science-fiction qui excitent tant les bambins d'aujourd'hui ?
Il n'y a pas si longtemps, l'art se basait sur des schémas classiques et sur une créativité qui évoluait vers de nouvelles formes de modernité malgré de vives résistances parmi les tenants d'un académisme forcené.