La société des droits d'auteurs ADAGP traque depuis plusieurs mois les illustrations de son répertoire diffusées par des sites Internet et dont les animateurs reçoivent des rappels à l'ordre menaçants.
Ce répertoire concerne tous les artistes contemporains ou morts depuis 1927 pour lesquels des droits de reproduction sont à payer.
L'Adagp a ainsi mené une vaste offensive contre les sites français estimant que ceux-ci sont redevables des droits relatifs à son répertoire. Par contre, ses moyens sont pour l'instant peu efficaces à l'encontre de sites situés à l'étranger.
Ce faisant, l'Adagp pénalise lourdement les sites d'art français dont la plupart ne cherchent qu'à assurer la promotion des artistes modernes et contemporains en dehors de l'Hexagone.
Alors que de nombreux sites opérant en dehors des frontières de la France diffusent quantités d'images, ceux situés en France sont condamnés à ne présenter que des textes en raison de la pression exercée par la société des droits d'auteurs laquelle ne fait pas de distinction, hormis dans l'application de ses tarifs, entre les sites à but culturel et ceux qui exploitent parfois sans vergogne les images.
Cette situation a pour résultat de réduire le rayonnement de nombreux artistes modernes et contemporains français dont les reproductions d'œuvres sont limitées de ce fait sur le Web.
lPour l'instant, l'Adagp ne semble pas avoir compris le bien-fondé du contenu de certains sites qui se privent de la diffusion d'images pour ne pas s'exposer à ses foudres.
Il est évident que sans image, l'impact de la production d'un artiste restera limité et ce ne sera pas le texte faisant son apologie qui permettra aux internautes de se faire idée de son talent.
Il est dommage que l'Adagp ne songe pas négocier des accords en vertu desquels certains sites pourraient diffuser un nombre fixé d'images sans avoir à payer des droits alors que tout le monde sait que les programmes Internet, en dehors de ceux consacrés à la pornographie, ne génèrent pas de profits intéressants. Ainsi, l'art s'arrête souvent sur Internet aux artistes morts en 1924 et c'est toute une frange du domaine de l'art moderne et contemporain qui reste occultée sur le Web parce que les diffuseurs de programmes voient mal pourquoi ils devraient payer des droits en faisant la promotion des artistes, promotion qui bénéficie quelque part à leurs ayant-droits.
Les sites Internet consacrés à l'art resteront longtemps pauvres en images d'œuvres modernes et contemporaines tant que l'Adagp ne cherchera pas à comprendre où réside vraiment l'intérêt des artistes, à savoir être montrés au milieu de textes mettant en valeur leur talent.Adrian Darmon