L'exposition consacrée à Giambattista Tiepolo au Petit Palais (jusqu'au 24 janvier 1999) a servi à mettre en valeur la vision scènique, baroque et lumineuse du peintre de Venise.
Très vite admiré, Tiepolo se libéra de l'influence de Marco Ricci et de Benconvitch pour imposer sa propre peinture.
Ses premiers tableaux représentaient des scènes religieuses et mythologiques qui furent caractéristiques de son art. Il produisit ensuite de nombreuses fresques pour des églises et des palais vénitiens en y instillant une certaine fantaisie et en donnant à ses personnages des attitudes élégantes et gracieuses. L'ennui pour le spectateur d'aujourd'hui est que son sens du grandiose est difficile à montrer dans des espaces peu propices à la monumentalité. Ce sont les esquisses et ses tableaux de chevalet qui en fait donnent toute la mesure d'un talent hors pair chez ce peintre qui fut considéré comme le digne successeur de Véronèse.
Tiepolo, qui suscita l'admiration de Canaletto, sut aussi se montrer l'égal de Boucher, notamment avec «Le Temps enlevant la Vérité» et produire des dessins à l'encre et au lavis qui sont de délicieux exercices de liberté dans le trait. On peut voir l'unique fresque du peintre conservée au Musée Jacquemart-André laquelle a été restaurée récemment.
Elle provenait de la villa Cantarini, en pleine campagne vénitienne, et fut rapportée en France par Edouard André et son épouse Nelly Jacquemart en 1893. Elle représente Henri III de passage en Vénétie en 1574 reçu par le banquier des Valois, Frederico Cantarini. Cette fresque reflète l'habile sens de la mise en scène chez Tiepolo qui montra ses personnages dans une architecture ouverte sur des perspectives passagères en trompe l'œil.