Le marché de l'art parisien a semblé être à l'agonie jusqu'en mai 2006 mais le mois de juin est venu à point nommé pour le sortir de l'ornière et lui redonner fière allure grâce à certaines vacations de prestige dont la vente Vérité d'Art Primitif et celle de la collection de livres et manuscrits de Pierre Berès qui à elles deux ont totalisé plus de 58 millions d'euros. Les antennes parisiennes de Christie's et Sotheby's ont en outre enregistré de forts beaux scores durant le mois écoulé tout comme le groupe Artcurial, ce qui signifie que le marché a pu retrouver une certaine fermeté sans que les craintes d'un marasme à court terme soient pour autant dissipées.
Il sera ainsi difficile d'assister à des ventes aussi spectaculaires dans les mois à venir concernant les domaines des Arts Premiers ou des livres du calibre de la dispersion de la collection Vérité ou celle de Pierre Berès, ce qui n'arrangera pas les affaires des groupes de vente lesquels seront forcés de se démener pour trouver de belles pièces dans d'autres domaines, notamment celui de l'art moderne et contemporain qui a semblé être de plus en plus vigoureux avec des prix records qui ont émaillé la saison, notamment pour Georges Mathieu et Pierre Soulages, l'artiste vivant le plus cher de France.
N'empêche, les professionnels, dont les affaires ont fonctionné au ralenti depuis plusieurs mois, se sont plaints de plus en plus du manque flagrant de bonne marchandise alors que les ventes d'objets courants ont continué à enregistrer un recul inquiétant d'autant plus que les groupes de vente ont été confrontés à une nouvelle réalité du marché, à savoir les ventes sur Internet de lots vendus entre 50 et 1000 euros dont la progression a été phénoménale.
Dans un contexte économique difficile, les gros acheteurs se sont rabattus sur les pièces exceptionnelles proposées à la vente d'une part par précaution et d'autre part dnas un but spéculatif, sachant que la raréfaction de celles-ci est inéluctable et qu'à l'avenir elles vaudront encore plus cher sans oublier que le changements des mentalités en France a provoqué une réduction du nombre des collectionneurs, hormis dans le domaine de l'art contemporain où, malgré les hausses spectaculaires constatées, les valeurs sûres d'aujourd'hui ne seront pas forcément toutes celles de demain.
En conclusion, les ventes fonctionnent bien au plus haut niveau mais le reste du marché souffre de la désaffection de la clientèle pour les pièces de qualité moyenne, un phénomène qui a causé une baisse des chiffres d'affaires de la majorité des professionnels et nombre de faillites parmi ceux qui n'ont pas eu l'idée de réduire leurs stocks via des ventes par Internet pour espérer limiter la casse.
Maintenant, il n'est pas sûr que les ventes sur Internet représentent l'avenir pour la bonne raison que celles-ci se font par photo, c'est à dire pratiquement à l'aveugle, ce qui conduit souvent les acheteurs à être déçus une fois livrés. Si donc les déceptions venaient à augmenter, ces ventes finiraient par subir un coup de frein sauf que les choses pourraient changer si les groupes de ventes se décidaient intelligemment à contrecarrer le succès d'un site comme E-Bay en décidant d'organiser des vacations en ligne après avoir exposé les lots à vendre durant un ou deux jours dans des salles appropriées où les candidats à l'achat auraient ainsi le loisir de venir les examiner.
Victime d'une médiatisation à outrance après avoir gentiment évolué jusqu'à la fin des années 1980 jusqu'au moment où il a connu une superbe envolée, le marché est maintenant à la croisée des chemins. Pour lui éviter de tomber dans le marasme, ses acteurs sont contraints plus que jamais de donner un nouveau souffle à d'autres domaines, notamment celui de l'art contemporain qui est de plus en plus devenu une sorte de bulle spéculative offrant à tout moment le risque d'exploser.
A.D
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