Le Salon des Indépendants qui s'est tenu à l'Espace Champerret durant la troisième semaine du mois d'avril 2005 a malheureusement été peu riche en découvertes. Les visiteurs ont pu se poser la question de savoir si une telle manifestation qui attira dans le passé des artistes d'envergure avait encore sa place tant les œuvres présentées par des centaines d'exposants ont semblé banales ou pauvres en qualité, à croire que l'inspiration a fait cruellement défaut pour la plupart d'entre eux.
Il est vrai que les responsables de ce Salon ne se soucient pas, ou si peu, de sélection de sorte que n'importe quel peintre du dimanche peut y accrocher ses horreurs et Dieu sait qu'il y en a eu à profusion dans les allées de l'Espace Champerret ou création a cruellement rimé avec désolation.
On a heureusement pu admirer certaines œuvres dignes d'intérêt, comme les étonnants trompe l'œil d'Andrée Bars, les collages intelligents de Jean-David Chétrite, les superbes sculptures animalières de Vassil, les bronzes de Myriam Franck, les tableaux amusants de Halimi, les pastels émouvants de Richard Weisberg, les huiles réalistes de Valérie Vanden Bulcke représentant des animaux sauvages, une toile terrible et pleine de force intitulée « Les Pères des Peuples » par Jacq Panhal, les montages constructivistes de Victor Serfaty et les assemblages d'images de Guillem d'Aragon.
Ces dix artistes ont ainsi permis au Salon d'éviter un véritable naufrage mais son devenir reste malgré tout posé si ses organisateurs ne veulent pas qu'il finisse par être celui des indigents.
Il reste à espérer que cette violente critique leur soit salutaire surtout à un moment où le marché de l'art fait face à une dure récession. Il aurait donc été souhaitable d'opérer une sélection rigoureuse pour monter une manifestation digne d'intérêt, au lieu de quoi, hormis les accrochages consacrés en hommage à Utrillo et à Vagh Weinman, on a eu droit à un étalage de laideur, à une orgie de présentation de tableaux sans âme ou mal peints.
A quoi bon montrer de mauvaises interprétations de Rothko, Poliakoff ou Soulages, des tableaux de fleurs qui semblent avoir été copiés d'après des rouleaux de papiers peints ou produits par des ménagères en mal d'occupation, des portraits brossés par des mains malhabiles et des paysages qui sont loin de valoir ceux reproduits sur les calendriers des Postes ?
Il y a pourtant des artistes talentueux en France dont les œuvres méritent d'être découvertes mais tout compte fait, ceux-ci ont dû se dire qu'ils n'avaient pas intérêt à exposer aux Indépendants de peur de se dévaloriser.