Un antiquaire parisien a acquis une belle armure du XVe siècle qui ne serait autre que celle portée par Jeanne d'Arc en 1429. La découverte de Pierre de Souzy, spécialiste en armes anciennes, n'a rien d'un canular. Premièrement, l'armure en question est bien du XVe siècle d'après les expertises qui ont été faites. Deuxièmement, elle a été fabriquée pour une personne mesurant tout juste un mètre cinquante et elle ne sied qu'à une jeune fille. Troisièmement, elle présente des bosses à la salade et des petits trous au plastron et au niveau du cuissard qui correspondent aux blessures infligées à Jeanne d'Arc aux sièges d'Orléans et de Paris en 1429.
Le fait que cette armure ait été portée écarte l'hypothèse de sa fabrication pour un enfant ou même un adolescent lequel n'aurait pas été à même de s'en revêtir pour combattre puisque seuls les chevaliers en avaient le droit.
Le plus important est que seule une jeune peut s'y sentir parfaitement à l'aise et on connaît les différences avec les garçons au niveau des épaules, de la poitrine et de la taille. Il s'agit donc à l'évidence d'une armure de femme.
En avril 1429, le roi Charles VII avait commandé une armure aux mesures de Jeanne et on sait que ce fut à Tours que Colas de Montbazon la fabriqua.
Jeanne d'Arc fut blessée au dessus du sein droit d'un trait d'arbalète au siège d'Orléans et l'armure présente un trou au plastron. La salade, c'est à dire le casque, porte aussi la marque d'un coup violent qui serait venu de la droite. Or, elle avait été aussi blessée à la tête à Orléans. Le 8 septembre de la même année, elle avait reçu un carreau d'arbalète à la cuisse droite à l'endroit du trou découvert dans le cuissard.
Par ailleurs, Pierre de Souzy a relevé une trace de réparation sous la ceinture et rares sont les spécialistes à savoir que Jeanne d'Arc s'était sérieusement blessée en tombant lourdement contre le pommeau de sa selle lors d'une folle chevauchée pour échapper à l'ennemi.
Pierre de Souzy, d'après les analyses faites sur le métal de l'armure, est assuré qu'il ne s'agit pas d'un faux exécuté au XIXe siècle. Il sait d'ailleurs que la dame âgée chez qui il l'a achetée la tenait de famille depuis 1760, année durant laquelle un de ses aïeux, marin de son état, l'avait achetée en Angleterre.
Jeanne avait été faite prisonnière en mai 1430 devant Compiègne et son armure resta probablement en possession de la famille de Luxembourg qui la garda en captivité. On peut imaginer que ses geôliers la cédèrent à des Anglais. En tout cas, l'armure correspond à quelques détails près à la représentation en miniature de celle que portait Jeanne faite par un de ses compagnons près d'un demi-siècle après la mort de cette dernière.
Oubliée durant quatre siècles, remise à l'honneur au siècle dernier au point de devenir une sainte pour l'Église et un symbole pour la France, Jeanne d'Arc et son image d'héroïne boutant les étrangers hors de France ont été récupérées par les catholiques traditionalistes et l'extrême droite. S'il s'avérait que cette armure était bien la sienne on imagine avec un certain effroi l'impact qu'elle aurait en tant que relique auprès de certains fanatiques.