Le Président de la République a inauguré le 20 juin 2006 le nouveau Musée du quai Branly conçu par l'architecte Jean Nouvel, un édifice qui réunit désormais les collections du département d'ethnologie du Musée de l'Homme, au Trocadéro, et celles du Musée des Arts africains et océaniens de la porte Dorée. 3500 objets forment ainsi les collections permanentes présentées dans un espace de 4 500 mètres carrés.
Jacques Chirac a déclaré lors de son discours d'inauguration que la création de ce nouveau lieu était nécessaire pour rendre justice à l'infinie diversité des cultures et "porter un autre regard sur le génie des peuples et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques".
Le chef de l'Etat a insisté sur l'hommage de la France " à des peuples auxquels au fil des âges, l'histoire a trop souvent fait violence...Peuples humiliés et méprisés, auxuquels on allait jusqu'à dénier qu'ils eussent une histoire. Peuples aujourd'hui encore souvent marginalisés, fragilisés, menacés par l'avancée inexorable de la modernité."
"Il y a au coeur de notre démarche, le refus de l'ethnocentrisme, de cette prétention déraisonnable de l'Occident à porter en lui seul, le destin de l'humanité. Il y a le rejet de ce faux évolutionnisme qui prétend que certains peuples seraient comme figés à un stade antérieur de l'évolution humaine, que leurs cultures dites primitives ne vaudraient que comme objets d'étude pour l'ethnologie ou, au mieux, sources d'inspiration pour l'artiste occidental. ce sont là des préjugés absurdes et choquants. Ils doivent être combattus car il n'existe pas de hiérarchie entre les peuples. C'est d'abord cette conviction, celle de l'égale dignité des cultures du monde, qui fonde le Musée du quai Branly", a-t-il ajouté.
La création de cette institution, dont l'idée est revenue au marchand d'art primitif Jacques Kerchache, disparu en 2001, ne s'est cependant pas faite sans mal. Au début, Kerchache avait imaginé que les arts premiers soient exposés au Louvre, ce qui souleva la réticence des responsables du musée. Par ailleurs, il a fallu se préoccuper du sort du Musée de l'Homme, riche de 250 000 objets, confronté à une longue guerre intestine et imaginer ce que deviendraient les
25 000 pièces détenues par le Musée des arts africains et océaniens de la Porte Dorée, un lieu tombé progressivement en désuétude.
En 1995, Jacques Chirac a donné le feu vert à la création d'une commission des arts primitifs avant de prendre la décision un an plus tard de créer un musée des arts et civilisations ainsi que l'exposition dans des salles du Louvre de pièces provenant d'Afrique, d'Océanie, d'Asie et des Amériques, ce qui ne plut guère aux responsables de ce musée tandis que ceux du Musée de l'Homme s'émurent du démembrement annoncé de leur institution, certains d'entre eux refusant que des objets ethnologiques voués à l'étude des civilisations fussent destinés à devenir simplement des oeuvres d'art.
Il a donc été de nécessaire de convaincre tout ce beau monde pour faire accepter ce grand projet artistique avant de s'atteler à la construction du Musée du quai Branly à partir de 1998 mais dans l'attente de sa réalisation, Jacques Chirac a inauguré en avril 2000 les salles du Musées du Louvre prévues pour recevoir des chefs d'oeuvre d'arts premiers, une inauguration accompagnée d'une polémique concernant l'acquisition par l'Etat de trois terres cuites Nok du Nigéria, achetées en Belgique mais provenant de fouilles illégales, ce qui a obligé celui-ci a négocier un accord avec le gouvernement de Lagos en vertu duquel ces pièces pièces resteront en dépôt au Musée du quai Branly pour une période de 25 ans renouvelable.