Une rétrospective consacrée à Edouard Vuillard (1868-1940) est présentée au Grand Palais à Paris jusqu'au 5 janvier 2004. Vuillard a été un artiste à part, quelque peu solitaire après avoir fréquenté le groupe des Nabis durant la dernière décennie du XIXe siècle. A travers 230 œuvres, les visiteurs peuvent se faire une idée précise du talent particulier de ce peintre attachant qui sut exhaler l'intimisme sous toutes ses facettes.
Introduit auprès du groupe des Nabis en 1889, Vuillard s'en détacha assez rapidement après avoir conçu des décors de théâtre et des affiches pour produire alors une peinture audacieuse, gaie et réflective tournant autour de la vie quotidienne.
Il représenta souvent sa mère et sa sœur ainsi que Misia Nathanson, dont il était secrètement amoureux, mais resta le plus souvent confiné dans son appartement de la place de Vintimille pour y représenter la première en train de coudre et pour peindre son intérieur et la vue sur la rue qui s'offrait à lui.
Avec une palette très colorée, il peignit des scènes avec légèreté en montrant des personnages à peine ébauchés mais pleins de vie en n'oubliant pas à chaque fois de créer une atmosphère semblant réglée sur la pendule marquant les heures de la journée.
En dehors du confort douillet de son appartement, Vuillard visita les galeries, fréquenta les milieux des intellectuels et des acteurs, voyagea en Normandie et en Bretagne et joua aussi au photographe amateur.
Il fut également portraitiste en se plaisant surtout à peindre les gens chez eux en les associant au décor comme pour bien mettre l'accent sur leur rang social et leurs particularités.
Peintre du silence, Vuillard travailla paradoxalement à la manière d'un musicien en composant de charmantes sonates colorées mais aussi comme un poète en créant des hymnes et des stances à la vie, une existence bercée par une certaine indolence avec une insouciance qui entraîne des questions quant à son état d'esprit. Le drame fut toujours absent dans son œuvre exhalant une forte sensualité et un profond intimisme alors qu'il sembla faire peu de cas du monde qui l'entourait en préférant ostensiblement être hors du temps un peu à la façon de Marcel Proust plongé dans « Du Côté de chez Swann ». On se retrouve ainsi du côté de chez Vuillard, loin des bruits de l'affreuse guerre qui s'était terminée et du prochain carnage qui s'annonçait, transporté dans un univers feutré et suave au sein du nid familial qu'il ne quitta pratiquement jamais en devenant un dandy en pantoufles, imperméable aux remous extérieurs. En fait, Vuillard fut tout entier tourné vers l'intériorité.
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