Le peintre chilien Roberto Matta Echauren, considéré comme le dernier géant du Surréalisme, est mort en Italie à l'âge canonique de 92 ans. Architecte de formation, il avait parcouru l'Europe en 1932 puis travaillé à Paris avec Le Corbusier et à Londres avec Moholy-Nagy. Passionné d'ésotérisme, il avait ensuite rencontré le poète Frederico Garcia Lorca en Espagne qui l'avait introduit auprès de Dali lequel le présenta à André Breton et Tanguy. Il participa à l'exposition international du Surréalisme en 1938 puis travailla à New York durant la Seconde Guerre Mondiale.
Ayant fait la connaissance de Duchamp, ce peintre doté d'une stupéfiante imagination et d'une grande habileté technique connut le succès dès 1940. Revenu à Paris en 1947, il fut exclu du groupe des Surréalistes pour d'obscures raisons l'année suivante et se fixa à Rome entre 1949 et 1954. Réintégré en 1959 dans le groupe surréaliste, il eut la drôle d'idée de se marquer au fer rouge pour signifier sa joie.
Destitué en 1974 de la nationalité chilienne pour avoir soutenu le gouvernement Allende, Matta continua à travers ses engagements à poser le problème de l'insertion des expressions plastiques dans le combat social et politique, ce qu'il fit d'ailleurs tout au long de sa carrière en prenant position en faveur de la révolution cubaine, de l'indépendance de l'Algérie et de la guerre de libération du Vietnam.
Matta fut un virtuose de la science-fiction en organisant sur chacune de ses toiles un espace intersidéral peuplée d'êtres bio-morphes ou anthropomorphes, d'insectes phosphorescents et robotisés s'agitant dans des gesticulations guerrières et érotiques avec l'ambition d'atteindre à la morphologie de l'homme-scandale en manifestant le combat de l'homme dans ses œuvres et en promouvant ainsi en compagnie des muralistes mexicains, de Torrès-Garcia et de Wifredo Lam une forme d'art latino-américain à un niveau international.
Aujourd'hui, on ose espérer qu'il aura rejoint le paradis des Surréalistes au sein d'un cosmos ressemblant à ses toiles avec cependant la violence en moins et la féerie en plus.
A.D