On a appris le 23 mars 2002 que le collectionneur et mécène Pierre Lévy était mort le 25 février à Bréviandes (Aube) à l'âge de 94 ans. Cet amateur d'art avait légué une grande partie de sa collection à l'Etat en novembre 1976. Evaluée alors à quelque 150 millions FF et exposée dans l'ancien évêché de Troyes devenu un musée d'art moderne, elle vaudrait vingt fois plus aujourd'hui.
Né à Guebwiller (Haut-Rhin), Pierre Lévy avait fondé la société textile Devanlay avant de siéger au conseil artistique de la Réunion des musées nationaux de 1969 à 1999.
Passionné d'art, il avait commencé à collectionner des tableaux modernes et des objets d'art primitif à partir de 1946, année où il devint l'ami de Derain. Sur les 1600 peintures (378 au total), sculptures (100) et dessins donnés au musée de Troyes, on compta notamment 79 tableaux et 77 sculptures de cet artiste.
Derain avait joué un rôle important dans ses achats et lui avait fait partager sa passion des arts primitifs. Cependant, ce dernier n'aimait guère Matisse et ne l'incita pas à acquérir des œuvres de cet artiste, ce que Lévy regretta par la suite.
Pierre Lévy consacra près de 20% de ses revenus annuels à des achats de tableaux et d'objets d'art. En 1946, il acquit ainsi plusieurs pièces de la célèbre collection du critique d'art Félix Fénéon, ami de Seurat, dont il se rendit propriétaire de deux œuvres, notamment « Les Pêcheurs à la ligne ».
L'industriel accumula une quantité d'œuvres majeures, notamment de Courbet, Daumier, Balthus La Fresnaye et Modigliani, ainsi que des sculptures de Rodin, Degas, Maillol et Picasso.
Pierre Lévy se considérait avant tout comme le dépositaire des œuvres qu'il avait acquises car il pensait que celles-ci devaient profiter au plus grand nombre.