Agatha Christie et Alfred Hitchcock réunis n'auraient pas eu l'idée de mettre en scène une aventure du genre de celle du cœur du dauphin, dix ans de vie mais deux cents ans de suspense avant que ne soit résolue la plus grande énigme de l'histoire.
Enfermé dans une cellule depuis le 18 janvier 1794, le petit Louis Charles vit son état de santé empirer en mai 1795, ce qui n'étonna personne. Le 6 du même mois, le docteur Desault fut envoyé au Temple où il réconforta l'enfant mais le praticien mourut subitement le 1er juin, ce qui ne manqua pas de susciter des questions.
Le docteur Pelletan lui succéda et donna un léger traitement à l'enfant dont l'état ne cessa cependant pas de se détériorer. En fait, il était trop tard et celui-ci mourut le 8 juin alors que la Convention envisageait de livrer le petit roi à l'Espagne en échange d'une signature garantissant la paix.
Le « dangereux » petit roi fut-il éliminé selon le désir de Hébert et de Chaumette ? Personne ne pourra l'affirmer avec certitude bien que l'on sache que rien ne fut entrepris pour le maintenir en bonne santé et le préserver du destin funeste qui l'attendit.
On pourra toujours épiloguer sur le rôle équivoque du docteur Pelletan qui fut jacobin sous la Révolution, puis un fidèle de l'Empereur avant de devenir royaliste sous la Restauration mais on n'oubliera pas qu'il tenta d'approcher Louis XVIII pour confirmer le décès de son prédécesseur et qu'il joua un rôle de premier plan pour aider à la manifestation de la vérité deux siècles plus tard.
On saura éternellement gré au docteur Pelletan d'avoir eu l'idée de subtiliser le cœur du petit martyr à l'issue de son autopsie. Ce cœur maintenant déposé depuis 1975 à la basilique de Saint-Denis qui a servi à l'analyse d'a.d.n nécessaire pour confirmer son lien de parenté indiscutable avec sa mère Marie-Antoinette.
A la suite de l'autopsie, qui confirma que la cause de la mort de l'enfant était due à une tuberculose généralisée, les médecins Lassus, Dumangin, Pelletan et Jeanroy refermèrent le corps de Louis XVII. Ce fut alors que le docteur Pelletan, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu, subtilisa le cœur du petit roi, l'enveloppa dans un mouchoir après l'avoir roulé dans du son et le mit dans sa poche sans que ses confrères ne s'en rendissent compte.
Tandis que le corps fut jeté dans une fosse commune, le docteur Pelletan emporta le cœur chez lui et le conserva dans un vase en cristal rempli d'alcool. Respect royal, souvenir macabre, comme d'autres qui furent issus des profanations des tombes royales de Saint-Denis ? Qu'importe…
Pelletan cacha le vase dans sa bibliothèque puis au bout d'une dizaine d'années, il le rangea dans un tiroir de son bureau le cœur qui s'était durci et momifié. Vers 1810, Pelletan parla de son secret à un de ses élèves nommé Jean Henri Tillos qui se mit subitement en tête de dérober la précieuse relique. Pelletan n'osa pas réclamer la restitution du cœur. Quelques années plus tard, l'indélicat étudiant en médecine fut victime de la tuberculose et avant de mourir, demanda à son épouse de rendre le cœur de Louis XVII à Pelletan. L'ayant récupéré en avril 1814, ce dernier cherchant à entrer en grâce auprès de Louis XVIII, voulut alors à le restituer aux Bourbons mais, se heurtant à des intrigues de cour, il ne parvint pas à entrer en contact avec Le roi. Il eut pourtant l'occasion de rencontrer aux Tuileries la duchesse d'Angoulême Marie-Thérèse, sœur du dauphin, qui n'accepta pas la précieuse relique en dépit des preuves écrites et des témoignages fournis par le médecin.
Napoléon revint alors à Paris et Pelletan préféra alors se faire discret mais après la mort de l'empereur en exil à Sainte-Hélène, le docteur reprit ses démarches et se fit recommander auprès du préfet de police en signalant au passage qu'il avait soigné Louis XVII durant près de deux semaines alors qu'en vérité, il ne l'avait assisté que pendant trois ou quatre jours.
Lassé d'avoir eu déjà affaire à des imposteurs s'étant fait passer pour son défunt neveu et d'avoir entendu toutes sortes de balivernes sur son sort, Louis XVIII fit éconduire Pelletan qui ne supporta pas l'affront qu'il venait de subir.
En 1828, Pelletan, qui devait mourir l'année suivante, le confia comme « dépôt sacré » aux bons soins de l'archevêque de Paris, Mgr de Quelen, afin de le remettre à Charles X.
L'archevêque n'eut pas le temps d'exercer ses bons offices car en1830, la révolution enflamma Paris. L'archevêché fut pillé et un ouvrier imprimeur du nom de Lescroart s'empara du cœur pour le restituer au fils du docteur Pelletan, Philippe-Gabriel, lui-même médecin. A cette occasion, un autre émeutier voulut se saisir de l'urne de cristal et la brisa. Par miracle, le fils Pelletan et Lescroart retrouvèrent six jours plus tard les débris du vase et le cœur enfoui sous un tas de sable dans la cour de l'archevêché.
En 1895, Edouard Dumont, héritier du docteur Pelletan décédé en 1879, remit le cœur de Louis XVII à don Carlos, duc de Madrid, prétendant aux trônes de France et d'Espagne et la relique fut placée dans la chapelle du château de Frohsdorf, près de Vienne.
En 1975, les quatre petites-filles de don Carlos rétrocédèrent le coeur au duc de Bauffremont, Président du Mémorial de France, qui décida de le placer dans la basilique Saint-Denis.
Agatha Christie et Alfred Hitchcock réunis n'auraient pas eu l'idée de mettre en scène une aventure du genre de celle du cœur du dauphin, dix ans de vie mais deux cents ans de suspense avant que ne soit résolue la plus grande énigme de l'histoire.
Enfermé dans une cellule depuis le 18 janvier 1794, le petit Louis Charles vit son état de santé empirer en mai 1795, ce qui n'étonna personne. Le 6 du même mois, le docteur Desault fut envoyé au Temple où il réconforta l'enfant mais le praticien mourut subitement le 1er juin, ce qui ne manqua pas de susciter des questions.
Le docteur Pelletan lui succéda et donna un léger traitement à l'enfant dont l'état ne cessa cependant pas de se détériorer. En fait, il était trop tard et celui-ci mourut le 8 juin alors que la Convention envisageait de livrer le petit roi à l'Espagne en échange d'une signature garantissant la paix.
Le « dangereux » petit roi fut-il éliminé selon le désir de Hébert et de Chaumette ? Personne ne pourra l'affirmer avec certitude bien que l'on sache que rien ne fut entrepris pour le maintenir en bonne santé et le préserver du destin funeste qui l'attendit.
On pourra toujours épiloguer sur le rôle équivoque du docteur Pelletan qui fut jacobin sous la Révolution, puis un fidèle de l'Empereur avant de devenir royaliste sous la Restauration mais on n'oubliera pas qu'il tenta d'approcher Louis XVIII pour confirmer le décès de son prédécesseur et qu'il joua un rôle de premier plan pour aider à la manifestation de la vérité deux siècles plus tard.
On saura éternellement gré au docteur Pelletan d'avoir eu l'idée de subtiliser le cœur du petit martyr à l'issue de son autopsie. Ce cœur maintenant déposé depuis 1975 à la basilique de Saint-Denis qui a servi à l'analyse d'a.d.n nécessaire pour confirmer son lien de parenté indiscutable avec sa mère Marie-Antoinette.
A la suite de l'autopsie, qui confirma que la cause de la mort de l'enfant était due à une tuberculose généralisée, les médecins Lassus, Dumangin, Pelletan et Jeanroy refermèrent le corps de Louis XVII. Ce fut alors que le docteur Pelletan, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu, subtilisa le cœur du petit roi, l'enveloppa dans un mouchoir après l'avoir roulé dans du son et le mit dans sa poche sans que ses confrères ne s'en rendissent compte.
Tandis que le corps fut jeté dans une fosse commune, le docteur Pelletan emporta le cœur chez lui et le conserva dans un vase en cristal rempli d'alcool. Respect royal, souvenir macabre, comme d'autres qui furent issus des profanations des tombes royales de Saint-Denis ? Qu'importe…
Pelletan cacha le vase dans sa bibliothèque puis au bout d'une dizaine d'années, il le rangea dans un tiroir de son bureau le cœur qui s'était durci et momifié. Vers 1810, Pelletan parla de son secret à un de ses élèves nommé Jean Henri Tillos qui se mit subitement en tête de dérober la précieuse relique. Pelletan n'osa pas réclamer la restitution du cœur. Quelques années plus tard, l'indélicat étudiant en médecine fut victime de la tuberculose et avant de mourir, demanda à son épouse de rendre le cœur de Louis XVII à Pelletan. L'ayant récupéré en avril 1814, ce dernier cherchant à entrer en grâce auprès de Louis XVIII, voulut alors à le restituer aux Bourbons mais, se heurtant à des intrigues de cour, il ne parvint pas à entrer en contact avec Le roi. Il eut pourtant l'occasion de rencontrer aux Tuileries la duchesse d'Angoulême Marie-Thérèse, sœur du dauphin, qui n'accepta pas la précieuse relique en dépit des preuves écrites et des témoignages fournis par le médecin.
Napoléon revint alors à Paris et Pelletan préféra alors se faire discret mais après la mort de l'empereur en exil à Sainte-Hélène, le docteur reprit ses démarches et se fit recommander auprès du préfet de police en signalant au passage qu'il avait soigné Louis XVII durant près de deux semaines alors qu'en vérité, il ne l'avait assisté que pendant trois ou quatre jours.
Lassé d'avoir eu déjà affaire à des imposteurs s'étant fait passer pour son défunt neveu et d'avoir entendu toutes sortes de balivernes sur son sort, Louis XVIII fit éconduire Pelletan qui ne supporta pas l'affront qu'il venait de subir.
En 1828, Pelletan, qui devait mourir l'année suivante, le confia comme « dépôt sacré » aux bons soins de l'archevêque de Paris, Mgr de Quelen, afin de le remettre à Charles X.
L'archevêque n'eut pas le temps d'exercer ses bons offices car en1830, la révolution enflamma Paris. L'archevêché fut pillé et un ouvrier imprimeur du nom de Lescroart s'empara du cœur pour le restituer au fils du docteur Pelletan, Philippe-Gabriel, lui-même médecin. A cette occasion, un autre émeutier voulut se saisir de l'urne de cristal et la brisa. Par miracle, le fils Pelletan et Lescroart retrouvèrent six jours plus tard les débris du vase et le cœur enfoui sous un tas de sable dans la cour de l'archevêché.
En 1895, Edouard Dumont, héritier du docteur Pelletan décédé en 1879, remit le cœur de Louis XVII à don Carlos, duc de Madrid, prétendant aux trônes de France et d'Espagne et la relique fut placée dans la chapelle du château de Frohsdorf, près de Vienne.
En 1975, les quatre petites-filles de don Carlos rétrocédèrent le coeur au duc de Bauffremont, Président du Mémorial de France, qui décida de le placer dans la basilique Saint-Denis.
Il fallu attendre encore quelques années pour décider de procéder à un test d'a.d .n afin de savoir enfin si ce cœur momifié était bien celui de Louis XVII.
Avec l'accord du duc de Bauffremont, un échantillon de la relique, placée sous la sauvegarde du Mémorial de France à Saint-Denis, a été prélevé par le professeur Jean Cassiman, directeur du Centre de génétique humaine de l'université catholique de Louvain, celui-là même qui démontra en 1998 que Karl-Wilhem Naundorff, le plus célèbre des prétendants se faisant passer pour Louis XVII, était bien un imposteur après l'analyse d'un de ses os et des cheveux de Marie-Antoinette, la signature a.d.n n'ayant aucun rapport avec celles des descendants de la reine. Comme la dénommée Anna Anderson qui, après avoir été sauvée de la noyade en Allemagne, se fit passer jusqu'à sa mort en 1984 pour Anastasia, la seule fille du tsar Nicolas II rescapée du massacre de la famille impériale russe à Ekaterinbourg, Naundorff et sa légende finirent enfin par être balayés par le verdict de la science.
Disposant du code génétique de Marie-Antoinette, le professeur Cassiman put finalement démontrer que le cœur desséché et dur comme de la pierre conservé dans une urne de cristal à Saint-Denis était bien celui de son fils. Pour cela, il préleva deux minuscules échantillons avec une scie chirurgicale pour les faire analyser à Louvain et à l'Institut de Médecine légale de l'université de Münster.
Il fallu attendre trois mois pour confirmer les analyses après toute une série de tests minutieux avant de prévenir la presse et de mettre fin à une énigme vieille de plus de deux siècles.
Louis XVII était donc bien mort dans la prison du Temple et la légende d'une substitution ou d'une évasion n'était rien d'autre qu'une affabulation. Néanmoins, au fil des décennies, beaucoup de gens se sont persuadés que Naundorff était le dauphin, ce qui fait que cette légende tenace subsistera dans l'esprit de ceux, empreints d'une croyance confinant au mysticisme, qui refuseront obstinément le verdict de la science. Mais, pour toute personne dotée de bon sens, il ne fait plus de doute que Louis XVII n'échappa pas à un sort dramatique, inqualifiable dans son processus, voulu par ceux qui cherchèrent à éliminer toute trace tangible de la monarchie légitime et qui par ricochet changèrent la face de la France et de l'Europe.
Le prix de la liberté fut lourd à payer quand on songe aux multiples guerres qu'engendra la Révolution et les régimes qui se succédèrent avant que l'Europe ne parvienne à en profiter.
On peut maintenant spéculer sur le fait de savoir si le cours de l'histoire aurait été différent au cas où Louis XVII aurait pu être libéré à temps, soigné et guéri en Autriche pour remonter ensuite sur le trône à l'occasion d'une paix conclue qui aurait empêché l'avènement du Directoire et de Napoléon Ce qui est maintenant certain, c'est que le cœur conservé à Saint-Denis est bien celui de l'enfant martyr qui pourra enfin être vénéré par tous ceux qui savent et se souviennent.