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L'art contemporain se cherche toujours sans se trouver
01 Décembre 2004



Cet article se compose de 7 pages.
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La création en France est donc plus mal lotie qu'en Allemagne ou en Grande-Bretagne, deux pays dont les artistes sont nettement plus présents que les Français sur la scène internationale. Quand on constate que les visiteurs d'une exposition à l'autre sont en majorité les mêmes, on en déduit forcément que le public français est restreint alors que les moyens de l'élargir sont réels, peu utilisés ou mal cernés.

Ainsi, à l'image de l'art contemporain, la FIAC se cherche en allant jusqu'à présenter des meubles Design signés Charlotte Perriand ou Victor Prouvé qui font un peu désordre parmi des dessins, des tableaux, des sculptures ou des installations sans compter qu'à chacune de des éditions de cette manifestation, on trouve plus de 60% d'œuvres créées par des artistes morts qui ne sont plus que les contemporains de naguère.

Ces chers disparus permettent aux galeries de vendre en s'évitant des déconvenues avec des créateurs bien vivants mais qui ne sont pas encore des valeurs consacrées. Pour que ceux-ci le deviennent, il faut souvent un coup de pouce d'un grand collectionneur avec en écho une retombée médiatique.

François Pinault achète une œuvre de Fabrice Hybert et automatiquement, la cote de cet artiste grimpe en flèche. Saatchi laisse tomber Sandro Chia et les prix des œuvres de l'artiste italien glissent comme le dollar. Tout ça pour dire que le marché de l'art contemporain se comporte comme la Bourse avec des valeurs qui s'affirment dans les ventes aux enchères organisées par Christie's ou Sotheby's ou dans des expositions montées par des galeries en pointe. Des expositions qui se veulent détonantes mais qui font souvent l'effet d'un pétard mouillé.

On en vient à regretter les années 1980 lorsque les artistes se cherchaient d'une manière jugée encore cohérente tout en délirant gentiment mais de provocation en provocation, l'art contemporain s'est fourvoyé dans une sorte de nihilisme qui n'a même pas pris la forme d'un quelconque mouvement comme ce fut le cas avec le Dadaïsme à partir de 1914. Certes, il y a eu comme tentative le Body Art, anti-esthétique au possible et donc peu racoleur, pour produire une nouvelle formulation assez vite étouffée dans l'œuf puis la mode des installations vidéo dont les images ont souvent été puériles et lassantes même si un Sigmund Freud y aurait trouvé matière à un profond questionnement.

Tout compte fait, l'art contemporain est à l'image de notre société confrontée à ses contradictions et surtout à un mal être qui a permis en grande partie au non-dit d'être roi. Picasso, lui, parvenait à exprimer l'espace, le volume, l'existence et la modernité à travers ses œuvres alors que les artistes d'aujourd'hui versent dans la dérision, l'outrance, le mépris de soi-même ou des individus, la souffrance, la provocation ou l'abject pour se faire valoir et cela, au détriment du beau, expression du sublime dans l'art, ou d'une réflexion positive.

Les artistes actuels ont tendance à plus refléter dans leurs œuvres les syndromes de notre société dont ils sont eux-mêmes atteints sans chercher à définir des discours compréhensibles pour le commun des mortels alors que leurs aînés cherchaient, eux, à les dénoncer en essayant de faire bouger les choses. On comprend alors mieux le propos d'un Otto Dix ou même la démonstration d'un Warhol.

Aujourd'hui, les artistes du XXIe siècle rapportent des faits au départ propres à nous interpeller, mais, même en les amplifiant par le biais de la provocation, ils ne parviennent pas pour la plupart à délivrer un message pertinent en créant tout au plus un malaise chez le spectateur qui de son côté finit par se sentir encore plus angoissé. Ce dernier se trouvera ainsi bien plus à l'aise devant une œuvre de Rothko, de Pollock ou de Soulages dont les subtilités sont manifestes que face à une œuvre d'Arlan, artiste adepte de la transformation d'un corps devenu mutilé après être passée moult fois sur le billard au nom de l'art.

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