Depuis la mi-septembre, le marché de l'art s'est remis lentement en selle après la longue coupure de l'été mais la pauvreté des catalogues des ventes à venir laisse présager un ralentissement inéluctable surtout que la France est soumise à une dure récession au plan économique. Eté mortel, chômage en hausse, pouvoir d'achat en baisse, économie en berne, le moral des Français n'a jamais été aussi triste alors que celui des professionnels de l'art va à vau l'eau.
L'affaiblissement du dollar n'arrange en outre pas les choses puisque sa chute entraîne une importante diminution des acheteurs américains sur le marché européen devenu sinistré depuis des mois.
Encore une fois, seules les pièces exceptionnelles se vendent à des prix soutenus comme cela s'est vérifié lors du Salon du Pavillon des Antiquaires qui s'est tenu jusqu'au 28 septembre aux Tuileries mais une véritable reprise n'est pas attendue au mieux avant le mois d'avril 2004.
Moins de bonne marchandise, moins d'acheteurs, il ne reste plus qu'à simplement vivre pour l'amour de l'art en allant voir les grandes expositions de l'automne, comme celle sur Botticelli qui se tient au Musée du Luxembourg jusqu'au 22 février 2004.
Sandro l'esthète de la Renaissance épris d'harmonie, propagateur d'une certaine idée de la beauté florentine, le perfectionniste méticuleux du détail, l'observateur attentif de la nature, le peintre toujours fidèle à ses principes et à la détrempe mais aussi l'homme aux mœurs supposées équivoques qui bizarrement ne resta pas insensible au discours de Savonarole, mérite d'être enfin redécouvert et mieux apprécié après être resté oublié durant quatre siècles.
A ne pas manquer également l'exposition parisienne consacrée à Gauguin et plus particulièrement à son séjour à Tahiti. Splendeur retrouvée du peintre incompris qui fut un magicien de la couleur et un enchanteur hors pair abstraction faite de son caractère exécrable et de sa haine des bourgeois. On peut au moins aimer Gauguin pour sa sauvagerie picturale mais l'homme valait difficilement la peine d'être fréquenté.
Maintenant, en ce qui me concerne, je n'anime plus artcult.com que pour l'amour de l'art depuis la mi-septembre après avoir perdu l'espoir de trouver des partenaires fiables pour moderniser et développer ce site au sein d'un grand portail dédié à l'art et à la culture. Ce rêve reste donc inexaucé et c'est bien dommage après tant d'années d'efforts colossaux pour en faire une référence sur le Web.
Il me reste toutefois le plaisir d'avoir pondu plus de 6500 pages, d'avoir reçu des centaines de messages de félicitations, d'enregistrer près de 100 000 visites par mois et d'être sollicité tous les dix jours par des journaux ou des chaînes de télévision qui tirent de certains de mes articles la substantifique moelle de leurs reportages. Il est vrai qu'avec son contenu, artcult.com a de quoi offrir à ses visiteurs un large éventail de sujets.
J'éprouve maintenant le soulagement de ne plus perdre de temps à courir après des sponsors et d'éventuels partenaires susceptibles d'être intéressés par l'art d'autant plus que le domaine de l'Internet reste toujours sinistré. Débarrassé d'un stress difficile à supporter au bout de sept ans, je me sens dorénavant moins épuisé, un peu plus lucide et surtout philosophe.
Tant pis si personne n'a pu soutenir artcult comme il convenait et si le ministère de la Culture n'a jamais pris conscience des 10 millions de visites enregistrées jusqu'à présent par ce site et du rôle que celui-ci a joué sur Internet en faveur de la promotion de l'art et de la culture depuis janvier 1996. Un jour quelque financier intelligent décèlera peut-être dans ce site un potentiel exploitable à travers son contenu pertinent et ses acquis et ce sera enfin tant mieux.
En attendant, il y aura un peu moins d'articles dans artcult.com mais je promets de publier toujours autant de potins amusants et instructifs dans le « Journal d'un fou d'art » que tant d'amateurs et de professionnels lisent avidement.
Pour conclure, il reste à espérer que le spleen qui touche la plupart des acteurs du marché de l'art finira par s'estomper et disparaître. On aura d'ailleurs peut-être un début de réponse à l'issue de la FIAC de ce mois d'octobre quoique, tous comptes faits, l'activité du marché de l'art repose sur la santé économique du monde industrialisé...
A.D