Numéro Un mondial du luxe et un des premiers intervenants du marché de l'art, le groupe LVMH a racheté l'étude Tajan le 18 février 2000, trois mois après avoir acquis la maison de vente anglaise Phillips, N° 3 mondial de la vente aux enchères. L'étude Tajan, qui emploie 60 personnes et fait régulièrement appel à 40 experts, est la première de France avec un chiffre d'affaires de 467 millions FF pour 1999. Elle organise notamment plus de 150 ventes à Paris, Monte Carlo et Genève chaque année.
Cette opération permet au groupe de M. bernard Arnault de combler le fossé avec Christie's, maison rachetée par son rival François Pinault, et avec le groupe américain Sotheby's.
Phillips ne pouvait rivaliser avec Sotheby's et Christie's sur le marché international car ce groupe, fondé en 1796, n'a réalisé qu'un chiffre d'affaires de 190,56 millions de dollars en 99 contre 1,96 milliards de dollars pour Christie's et 1,94 milliards de dollars pour Sotheby's.
Avec 17 salles de ventes en Grande-Bretagne et deux aux Etats-Unis, cette maison avait donc un cruel besoin d'être revitalisée surtout que ses points forts ne résident que dans les domaines spécialisés de l'orfèvrerie et de la photographie. Alliée à l'étude Tajan, elle pourra d'un côté avoir un rôle à jouer sur le marché français et de l'autre développer ses ventes de tableaux et de mobilier ancien ou moderne.
Le principal atout de Phillips a été d'être une des premières maisons à organiser des ventes aux enchères sur Internet, un point fort que Bernard Arnault a renforcé avec l'acquisition de Aucland, un site également spécialisé dans les ventes sur le Web.
L'alliance Phllips-Tajan aura cependant fort à faire face à la concurrence prochaine de Sotheby's et Christie's sur le marché français lorsque la suppression du monopole détenu par les commissaires-priseurs deviendra effective.
Le grand avantage qui sera retiré de cette alliance réside dans le fichier clients de l'étude Tajan alors que les concurrents anglo-saxons prendront un certain temps pour alimenter les leurs en France.
“depuis 30 ans, je rêvais d'une ouverture du marché de l'art sur le monde”, a indiqué Jacques Tajan qui restera encore quelques années aux commandes de son affaire.
“L'adossement à un groupe puissant nous donnera les moyens financiers de développer nos compétences”, a-t-il ajouté sans oublier qu'à ses yeux les clients de LVMH sont pour lui les mêmes clients du marché de l'art.
de son côté LVMH a poursuivi son expansion avec une rare voracité depuis un an, notamment avec la prise du contrôle de la maison de couture Gucci, la création d'un pôle d'horlogerie-joaillerie avec le rachat de Tag Heuer, Ebel et Chaumet et un nouveau positionnement en Italie avec une alliance avec Prada pour prendre le contrôle de Fendi.
Le rachat de l'étude Tajan s'annonce comme le signe avant-coureur d'une débandade parmi les commissaires-priseurs parisiens qui ne seront probablement pas nombreux à pouvoir tirer leur épingle du jeu une fois que sera intervenue la suppression de leur monopole. Selon des rumeurs insistantes, le groupe PIASA pourrait s'allier à Christie's mais d'autres études auront du mal à intéresser d'importants partenaires éventuels.
Le groupe Poulain-Le Fur a conclu une alliance avec Sotheby's pour organiser des ventes d'automobiles de collection au Palais des Congrès, Porte Maillot alors que de nombreuses études parisiennes risquent d'être forcées de conclure des pactes d'alliance pour rester compétitives. Au final, il ne restera un nombre restreint de groupes pour occuper le terrain à Paris.
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