Quelques beaux scores ont été enregistrés lors des ventes aux enchères organisées à Paris entre le 31 mai et le 9 juin 2001 avec notamment une enchère de 4 442 000 FF, frais compris, pour une paire d'appliques «Art Déco» d'Albert-Armand Rateau, un record mondial pour ce créateur, mais c'est l'étude Rouillac qui a volé la vedette à la capitale en vendant le 10 juin au château de Cheverny une huile sur bois de Lucas Cranach pour 14,5 millions FF.
La paire d'appliques de type «Cygne» de Rateau (1882-1938) avec un bras de lumière articulé en bronze doré d'une hauteur de 38 cm et des papillons à la base, différait des autres modèles créés dans un bronze plus sombre, d'où ce résultat. Elle a été vendue par l'étude Delorme à l'Hôtel Drouot le 8 juin.
Durant sa carrière, Rateau s'était particulièrement inspiré des créations de l'Antiquité, gréco-romaines ou égyptiennes pour créer des modèles destinés à une clientèle huppée. Un prix-record pour la France a été établi le 31 mai lors d'une vente organisée à Drouot-Montaigne par l'étude Kohn pour le peintre portugais Francis Smith (1881-1961) pour «Le petit Cognet», une huile sur toile de 81 x 100 cm adjugée à 500 000 FF. Signalons un prix de 600 000 FF atteint en 1999 aux Etats-Unis pour une vue de la baie de Naples mesurant 67 x 136 cm.
Au cours de la même vente, un cabinet romain du XVIIe siècle haut de 45,5 cm entièrement marqueté d'un décor géométrique de pierres dures, agates, jaspes, cornalines, sardoines ou améthystes avec une façade présentant une porte à colonnades entourée de nombreux tiroirs a été vendu pour 670 000 FF.
Le 1er juin, une paire de consoles d'époque Louis XVI en bois laqué, doré et sculpté de frises de laurier et de courses de ruban de part et d'autre d'un masque de femme avec l'entretoise surmontée d'un vase fleuri, le plateau en marbre gris, a été adjugée par l'étude Blanchet à Drouot pour 470 000 FF.
Le même jour, une vente de photographies organisée par l'étude Néret-Minet a été marquée par les 180 000 FF enregistrés sur un calotype de 19 x 25,8 cm de Giacomo Caneva (1810-1890) représentant un nu allongé qui n'était estimé que 30 000 FF. Par ailleurs, une photographie du célèbre Gustave Le Gray montrant le yacht impérial, la Reine Hortense au Havre en 1856 a été vendue pour 400 000 FF sur une estimation de 200 000.
Toujours le 1er juin, une coupelle titrée «Anémones rouges» en résille d'or en forme de corbeille de fleurs à bordure ajourée et pétiolée à décor d'émaux cloisonnés translucides dits «pique-à-jour», rouges, verts et rehaussés de blanc sur talon annulaire, signé d'André Ferdinand Thesmar (1845-1912) et datée 1900 (Hauteur 5 cm) a été vendue pour 400 000 FF par l'étude Tajan.
Au cours de la même vacation, un vase «Pied d'alouette» haut de 31 cm par Daum et Ernest Bussière en verre soufflé-moulé, doublé, opalescent sur fond ambré marron foncé teinté dans la masse à surface nervurée reprise à la meule et ciselé sur fond martelé d'origine à petites facettes a été adjugé pour 530 000 FF.
Un vase céramique de Théodore Deck à corps ovoïde sur piédouche à anses à tête de bélier, avec un décor violet, turquoise et céladon sur fond jaune haut de 80 cm a été vendu pour 280 000 FF alors qu'un vase «Chinois» en émail uni à décor en relief de chauve-souris reposant sur un socle en bronze doré en forme de branches feuillagées a atteint 200 000 FF.
Le 5 juin, l'étude Pescheteau-Badin a adjugé un drageoir circulaire en écaille brune doublé d'or, présentant au fond et sur le couvercle des vues de l'Hôtel de Molé, aujourd'hui l'Hôtel du Quai d'Orsay, pour 300 000 FF. Ce drageoir était une réalisation d'Adrien J.M Vachette, joaillier, de la période 1798-1809 d'après les poinçons. Une tabatière (8,6 x 6,8 x 3 cm) du début du XIXe siècle en cristal de roche sculpté de rinceaux et de volutes pour le couvercle et d'écailles et de feuillages pour le corps monté en ors ciselés de fleurs avec une sertissure de rubis, de diamants et de grenats a atteint 220 000 FF.
Une tabatière à sujet érotique en or ciselé et émaillé avec deux poussoirs, l'un ouvrant le couvercle montrant la scène et l'autre la mettant en mouvement a été emportée à 240 000 FF tandis qu'une boîte en or ciselé à automate érotique et musique avec deux airs, travail genevois des années 1810, a suscité une enchère de 330 000 FF.
Le 6 juin, l'étude Rieuner a vendu une aquarelle et crayon noir sur vélin représentant une branche de roses trémières (44 x 36 cm) par Pierre-Joseph Redouté pour 220 000 FF sur une estimation haute de 60 000 FF alors qu'un petit chandelier en argent à deux bras de lumière produit en 1776 a atteint 280 000 FF sur une estimation de 50 000 FF.
Le 8 juin, l'étude Libert a adjugé pour 130 000 FF une boîte à épices ovale en argent reposant sur quatre pieds patins feuillagés, terminés en patte d'animal réalisée par l'orfèvre Josias Dieffenbecher et portant le poinçon de Strasbourg (1692-1725). Encore le 8 juin, une scène de chasse dans la campagne napolitaine (94 x 133,5 cm) peinte en 1847 par l'artiste italien Filippo Palizzi a été adjugée pour 600 000 FF par l'étude Delorme.
Le 9 juin, succès pour des revues dadaïstes et surréalistes avec des enchères mirobolantes pour plusieurs ouvrages. 250 000 FF pour l'exemplaire de René Char de l'édition originale de l'ouvrage d'André Breton «Le Revolver à Cheveux blancs» édité en 1932, 500 000 FF, sur une estimation de 60 000 FF, pour «Artine» de René Char publié en 1930, l'un des 15 exemplaires sur papier Ingres vert, rose et bleu comprenant sur le frontispice une gravure originale de Dali et un envoi autographe de l'auteur, 575 000 FF l'un des trois premiers exemplaires numérotés sur japon impérial de «Babouao» de Salvador Dali, exemplaire ayant appartenu à Paul Eluard accompagné de quatre dessins originaux de l'auteur (il s'agit d'un scénario de film jamais réalisé) et 500 000 FF, sur une estimation de 50 000 FF, un dessin à l'encre de Francis Picabia daté de 1920, représentant André Breton de profil (17,3 x 14,8 cm) et reproduit dans les exemplaires de tête des «Champs Magnétiques» de Breton et Soupault, édités la même année. A signaler également les 240 000 FF enregistrés sur un dessin original (18,5 x 12 cm) de Toyen représentant un visage de petite fille et un nid à caractère érotique reproduit dans l'ouvrage de Dora Gabe «Davna», publié à Prague en 1938.