La foire de Maastricht s'est terminée le dimanche 13 mars 2005 sur une bonne note grâce au retour remarqué des acheteurs américains. Néanmoins, cette 18e Tefaf n'aura pas été du meilleur cru en terme de qualité, les œuvres exceptionnelles étant devenues plus rares sur le marché.
Les grands marchands tels Agnews, de Jonckheere, Noortman, Sarti ou Kugel ont comme chaque année exposé les plus belles pièces parmi plus de 20 000 présentées par 201 exposants mais le manque de chefs d'œuvre s'est fait cruellement sentir dans les allées de cette foire.
A tout prendre, on aura préféré les objets produits entre le XIe et le XVIe siècle, notamment des aquamaniles, des statues en bois ou en bronze ainsi que quelques tableaux comme cette « Descente de Croix » du Maître du feuillage brodé (Bruxelles, vers 1495) en bel état vendue pour 410 000 euros à un musée américain par la galerie Bernheimer de Munich.
On aura aussi apprécié une nature morte au dalmatien par Jan van Kessel, peut-être un peu trop nettoyée, vendue pour 800 000 euros par de Jonckheere qui a présenté une autre belle nature morte aux fromages, pommes, olives et mûres dans une coupe en porcelaine chinoise de Floris Van Dick datée de 1610 ainsi qu'une magnifique Diane au repos avec ses bergères par Gerrit Van Honthorst sur le stand de Johnny van Haeften.
En général, les visiteurs sont restés un peu sur leur faim en dépit de la présentation de quelques œuvres modernes intéressantes comme cette « Femme assise » de Picasso datée de 1949 vendue 10 millions d'euros à un Américain par Robert Landau ou cette « Forêt » de 1927 par Max Ernst cédée dit-on à 3 millions d'euros à un collectionneur allemand par la galerie Cazeau-La Béraudière.
Les prix ont été fixés au top dans le secteur de l'art moderne, qui reste un peu le parent pauvre de la Tefaf, peut-être un trop au point que les grands collectionneurs de la planète préfèrent de plus en plus se fournir directement dans les ventes aux enchères ou plus discrètement en s'adressant à des courtiers internationaux susceptibles de leur trouver des œuvres de qualité avec la certitude de dépenser moins que dans une telle foire.
Il est vrai que les grands marchands ont des frais à supporter et un standing à assurermais en voyant un tableau être affiché sur un stand à 2,1 millions d'euros alors qu'il a été acheté 1 million d'euros dans une vente publique, n'importe quel collectionneur se posera la question de savoir s'il n'aurait pas mieux valu pour lui de l'acheter aux enchères au lieu d'avoir à payer un sacré supplément en passant par une galerie.