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Les Rothschild: rois des donateurs
01 Septembre 2005



Cet article se compose de 2 pages.
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Les Rothschild se constituèrent d'importantes collections d'art ancien qui furent augmentées par les générations suivantes au gré de leur installation dans leurs pays d'adoption, la branche autrichienne s'installant en France en 1830 puis en Angleterre avant 1870 alors qu'une partie de la famille anglaise vint en France vers 1850.

Charlotte de Rothschild (1825-1899), fille aînée de James (1792-1868), elle même peintre, légua ainsi en 1899 une bonne partie de sa collection à plusieurs musées, notamment le Louvre, Cluny et les Arts Décoratifs. Ce fut elle qui rapporta de différents voyages en Italie des tableaux primitifs italiens dont certains furent donnés au Louvre qui en avait peu. Elle acheta également de nombreux tableaux du XVIIIe siècle et légua au Louvre « La laitière de Greuze », acquise par son grand-père en 1820. Elle donna également au musée de Cluny une impressionnante collection d'objets du culte juif.

Adolphe, fils de Carl qui dirigea la branche italienne, fut en contact avec les plus grands collectionneurs et amateurs de son époque et se passionna pour les œuvres de la Renaissance et du Moyen Age. Son admirable collection d'orfèvrerie religieuse datant du XIe au XVIe siècle fut offerte au Louvre en 1901. Installé en Angleterre, son cousin Ferdinand (1839-1898) de la branche autrichienne fit bâtir la splendide propriété de Waddesdon et donna au British Museum une splendide collection d'orfèvrerie.

Belle-fille de James, la baronne Salomon (1843-1922) légua à l'Etat français son hôtel de la rue Berryer à Paris pour en faire une maison des artistes ainsi que ses collections d'orfèvrerie allemande du XVIe au XVIIIe siècle, d'objets de la Renaissance et du XVIIIe qui allèrent notamment au Louvre et au musée de Cluny.

Le Louvre reçut également de rares émaux peints de Limoges, des faïences italiennes, des plats de Bernard Palissy, des tabatières, des jades chinois, de nombreuses armes anciennes et des pièces d'orfèvrerie qui font maintenant l'orgueil du musée.

En 1934, Charlotte-Béatrice Ephrussi (1864-1934), fille d'Alphonse et petite-fille de James, donna à l'Institut de France sa villa de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Elle collectionna également de magnifiques objets, meubles, tableaux, sculptures, tapisseries ou tapis dotés en général de provenances prestigieuses. Les boiseries de la villa provenaient notamment de l'hôtel Crillon à Paris et son tapis de la Savonnerie de la chapelle du château de Versailles.

Etabli à Paris, Nathan-James (1844-1881), petit-fils de Nathan de la branche anglaise, collectionna des manuscrits de l'époque médiévale et de la Renaissance. Son fils Henri (1872-1946) amassa plus de 5 000 autographes ou manuscrits relatifs à l'histoire de France, tant politique que littéraire, qui fut léguée en 1933 à la BNF.

Alphonse de Rothschild (1827-1905), fils de James, joua un rôle considérable dans le développement des musées français alors que son frère Edmond (1845-1934) offrit au Louvre son importante collection de dessins et gravures.

Alphonse fut vraiment un amateur éclairé en réunissant dans son hôtel de la rue Saint-Florentin à Paris une impressionnante collection de peintures françaises du XVIIIe siècle et de l'école du Nord du XVIIe siècle, constituée entre autres d'œuvres de Rembrandt, Rubens, Hals, de Hooch. A sa mort en 1905, le Louvre reçut ainsi le portrait du jeune « Master Hare » par Reynolds.

Alphonse joua un rôle de premier plan dans l'organisation des salons et des expositions à Paris en achetant près de 2000 œuvres d'artistes contemporains qu'il donna ensuite à des musées de province, notamment des sculptures de Rodin, Camille Claudel ou Emmanuel Frémiet.

Edmond fut un des plus grands donateurs du Louvre en offrant avec son frère Gustave de sublimes sculptures archéologiques ainsi que 110 pièces d'argenterie trouvées près de Pompéi, entrées au musée en 1895. Il se constitua par ailleurs une collection de 40 000 splendides gravures et de 6 000 dessins anciens qui allèrent enrichir l'ensemble du cabinet du Louvre en 1936.

Durant sa vie, il avait réuni inlassablement les plus belles épreuves gravées de Dürer, Schongauer, Rembrandt, Raimondi ou Van Meckenem.

En 1901, les Rothschild offrirent aussi au musée des Arts Décoratifs de Paris une fabuleuse collection de bijoux des XVIIIe et XIXe siècle qui avait été réunie par la baronne Nathaniel. La famille continua à offrir des œuvres à des musées durant le XXe siècle comme le portrait de lady Alston par Gainsborough, donné au Louvre en 1947 ou la commode du salon des nobles de la reine Marie-Antoinette par Riesener, offerte au château de Versailles en 1966, ou encore la sculpture de Pigalle « L'Amitié », léguée en 1974 au Louvre.

En 1983, grâce au système de la dation permettant depuis 1968 d'acquitter des droits de donation et de succession par le truchement d'œuvres d'art, le Louvre a pu obtenir en paiement des droits de succession de la baronne Edouard de Rothschild le merveilleux tableau « L'Astronome » de Vermeer, la dernière œuvre de l'artiste restée en mains privée en France. En 1990, la dation d'Edmond de Rothschild a permis au Louvre d'entrer en possession de nombreux meubles du XVIIIe siècle, notamment la célèbre commode réalisée par Mathieu Carlin pour Mme du Barry, deux fauteuils ayant appartenu à Marie-Antoinette provenant l'un de Trianon et l'autre du château de Saint-Cloud, trois tableaux du XVIIIe siècle, « Le Grand Déjeuner de chasse » de De Troy et « Le Repas au retour de la chasse» et « Les Plaisirs du bain » de Lancret ainsi que des vases de Sèvres ayant appartenu à Mme de Pompadour.

En Angleterre, la générosité des Rothschild en faveur de nombreuses institutions n'a pas été moindre. Ainsi, le Waddesdon Manor a rejoint en 1957 le giron du National Trust lequel se charge de l'entretien et de la gestion des sites et monuments acquis par héritage ou donation. A Waddesdon, les collections ont été préservées tout comme à Ascott, un domaine offert également par les Rothschild.

La famille a également été active dans le domaine de l'art contemporain en offrant au Centre Pompidou plusieurs œuvres et n'a donc jamais cessé de perpétuer une longue tradition de mécénat initiée par ses aïeux. On ne dira jamais assez combien sa contribution au développement de plusieurs musées français et institutions anglaises a été exceptionnelle depuis plus de 150 ans tant elle leur a offert une multitude de pièces extraordinaires admirées chaque année par des millions de visiteurs.

A.D

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