Le Musée du Jeu de Paume présente jusqu'au 16 juin 2003 une rétrospective consacrée au peintre surréaliste belge René Magritte. Magritte est un peintre-marketing par excellence puisque nombre de ses œuvres ont été reproduites sous forme de posters durant des décennies. Alors, organiser autour de son œuvre a paru un défi facile à tenter quoique, certaines œuvres majeures de cet artiste né en 1898 et mort en 1967 manquent cruellement à l'appel.
Exposition tronquée dira-t-on, surtout en regard de la rétrospective organisée à Bruxelles il y a cinq ans mais utile si on considère que Magritte fut l'inspirateur de nombreux artistes du Pop Art.
Et pourtant, rien en apparence ne prédisposait cet artiste aux allures de petit bourgeois méticuleux à devenir un magicien du Surréalisme. Seulement voilà, il ne faut pas se fier aux apparences car avec un Belge on peut s'attendre à tout. Sous ses dehors sérieux, Magritte était un agitateur qui fit de nombreuses fois la nique aux conventions. N'oublions pas que les Belges ont hérité d'une tradition séculaire, celle de la kermesse, de la fête débridée telle que Breughel et ses fils la dépeignirent aux XVIe et XVIIe siècles, telle que Jérôme Bosch la déclina à travers des tableaux représentant l'enfer et le paradis. C'est en donc en digne héritier des peintres flamands et de Ensor que l'artiste manifesta son talent de raconteurs d'histoires qui voulaient dire le contraire de ce qu'elles étaient.
On raconte volontiers que Magritte n'était pas un grand peintre et qu'il détestait même la peinture qu'il faisait parce qu'il y était obligé. On peut le croire quoique parfois le besogneux René semble s'être surpassé.
Anticonformiste, Magritte le fut même au sein du mouvement surréaliste au point d'en être exclu en 1947 par André Breton. Toujours est-il qu'il parvint à devenir célèbre à travers des tableaux-rébus qui ne cessèrent jamais d'interpeller les spectateurs.
La technique, Magritte s'en soucia peu puisque son propos fut avant tout d'intriguer et de surprendre et là, l'effet est plutôt réussi comme avec son mystérieux tableau titré « Ceci n'est pas une pipe » ou cet autre, intitulé « La Reproduction interdite » montrant un homme face à un miroir qui reflète son image vue de dos. Comme sa peinture, Magritte fut impénétrable.