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LA REPRODUCTION AU XIXe SIECLE
01 Novembre 2000


Le Musée d'Aquitaine à Bordeaux présente jusqu'au 14 janvier 2001 une exposition consacrée à la naissance de l'industrie de l'image basée notamment sur les relations commerciales entre l'éditeur Adolphe Goupil et le peintre académique Jean-Léon Gérôme.

L'important fonds Goupil démontre que l'art pompier a grandement servi de véhicule aux reproductions d'images, gravures ou chromolithographies diffusées à des centaines de milliers d'exemplaires durant le dernier tierqs du XIXe siècle.

Des peintres comme Gérôme, Bouguereau ou Meissonier connurent une grande célébrité à travers les reproductions de leurs œuvres lesquelles ont permis une diffusion de l'art à une grande échelle. Le débat n'est donc pas de savoir si les peintres Pompiers» ont joué un grand rôle dans l'histoire de la peinture mais de signaler que sans eux, il n'y aurait pas eu une industrie de la reproduction aussi prospère.

Gérôme, né en 1824, fut l'élève de Paul Delaroche et certainement un peintre très doué s'agissant de reproduire la réalité sur la toile. Il peignit ainsi avec bonheur des scènes de l'Antiquité et des sujets orientalistes que prisèrent les collectionneurs bourgeois de son époque.

Ses toiles, très minutieuses au niveau des détails, avaient surtout un côté anecdotique et dépassaient en grandiloquence celles de Ingres. L'artiste voyagea en Orient, accumula une énorme documentation et se servit de la photographie pour restituer des scènes propres à ébahir le public.

Ses tableaux se vendaient très cher et Gérôme se laissa convaincre par Goupil de diffuser des reproductions de ses œuvres lesquelles seraient accessibles pour un public moins aisé. Gérôme joua donc un rôle-clé dans la propagation de l'art dans les couches populaires.

Goupil (1806-1893) créa en 1829 une société de vente et d'édition d'estampes et ouvrit en 1848 une succursale à New-York puis quatre ans plus tard une autre à Berlin avant de s'installer à Londres, La Haye et Bruxelles. En 1860, il fonda un atelier photographique puis s'intéressa à la photoglyptie. Ainsi, il se porta acquéreur des droits de reproduction des œuvres de Gérôme et diffusa des lithographies, des chromolithographies ou des photogravures qui se vendaient à des prix modiques.

Goupil connut une réussite fulgurante à partir de 1860 et poussa Gérôme à aller jusqu'à créer des œuvres destinées à être reproduites sans avoir à les exposer dans les salons parisiens. L'alliance entre les deux hommes fut si étroite que Gérôme épousa la fille d'Adolphe Goupil, de dix-huit ans plus jeune que lui, en 1863.

Gérôme varia les couleurs dans ses compositions pour permettre à Goupil de produire plus de reproductions. A Bordeaux, on peut ainsi voir les œuvres originales accompagnées de leurs reproductions différentes et constater que l'artiste était un précurseur de produits artistiques créés en série comme le fit Warhol dans les années 1960 avec ses variantes de «Marilyn» ou de «Liz Taylor» pour ne citer que ces deux sujets.

La maison Goupil a fermé en 1919 mais le fonds a été racheté par un marchand de tableaux établi à Bordeaux. En 1986, le fils de ce dernier s'est mis en rapport avec le Musées des Beaux-Arts qui a racheté la collection pour un plus de 3 millions FF.

Le Musée Goupil, qui comprend 63 000 gravures, 60 000 cartes postales, 5 000 cuivres, 5000 négatifs en verre et 80 000 photos a été créé en 1991 avant d'être établi au Musée d'Aquitaine l'an dernier. Maintenant, ce fonds est inventorié et va devenir accessible aux chercheurs.

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