Une internaute américaine vivant à Paris nous a adressé un mail le 20 février dernier pour saluer la qualité du contenu de artcult.com tout en regrettant l'insertion d'articles qu'elle juge un tantinet agressifs. Il y a plusieurs degrés dans l'agressivité et notre propos n'est pas de dénoncer des faits mais de les constater avec le maximum d'objectivité en informant nos visiteurs sur ce qui se passe réellement dans les domaines de l'art et de son marché qui sont bien loin de ressembler à un monde parfait.
L'art n'a jamais été synonyme de neutralité comme son histoire le démontre puisqu'il a été tour à tour annexé par l'Eglise, les monarques et les princes ou par de nombreux régimes politiques sans oublier les courants anarchistes et les milieux intellectuels. Et là déjà, il a été conjugué avec une certaine forme d'agressivité.
Ainsi, l'art a été maintes fois utilisé comme un instrument possédant plusieurs lames tranchantes lequel a servi à révolutionner ce domaine ou à l'accommoder à diverses sauces. On a vu aussi comment certaines doctrines ont cherché à le manipuler et à détruire nombre de ses facettes durant la première moitié du XXe siècle et ce, avec une agressivité sans pareille.
On ne s'étonnera pas non plus de constater que les grands génies de la peinture et de la sculpture ont fait montre d'agressivité pour s'exprimer. Vinci, Raphaël, Michel-Ange, Bosch, Brueghel, Le Caravage, Rembrandt, Goya, Turner, Courbet, Van Gogh, Seurat, et plus près de nous, Picasso, Braque, les Fauves, les Expressionnistes allemands, les Dadaïstes, Dali, Warhol et tant d'autres ont été de ceux-là.
On ne niera pas non plus que les nombreux duels entre les classiques et les rénovateurs, souvent accompagnés par l'acharnement des critiques, ont été également très agressifs. Tout cela pour dire que l'art suscite tant de passions et qu'il est impossible de l'aborder d'une façon candide.
Une œuvre d'art ne peut pas être regardée comme une fleur et si tant est qu'on cherche à faire de la sorte, on a vite envie de la décortiquer en imitant celui qui s'ingénie à retirer les pétales d'une rose. Une œuvre d'art suscite toujours une émotion, positive ou négative qui, dans un sens comme dans l'autre, verse en direction d'une forme d'agressivité.
S'il nous arrive de considérer avec ironie que les nouveaux acheteurs d'œuvres contemporaines sont plus marqués par des clichés que par le bon goût, nous ne faisons là qu'un simple constat. On peut même admettre que quelque part l'art y trouve son compte même s'il se fourvoie dans des voies cahoteuses. Historiquement, l'art a finalement toujours pu retomber du bon côté après des périodes d'errements.
Si nous écrivons que la FIAC est plutôt la Foire Internationale des Artistes Consacrés et non celle des artistes contemporains encore actifs, nous ne faisons là qu'une remarque bien réelle. Si nous rapportons avec à-propos certains faits délictueux commis par des professionnels de l'art, nous ne faisons que notre métier de journalistes qui est avant tout d'informer le public. Si nous signalons les comportements douteux de certains individus durant l'occupation de la France et d'autres pays par les nazis entre 1940 et 1945, nous remplissons encore notre mission d'agence d'informations. Si nous dénonçons ce qui se passe en Autriche, c'est avant tout avec le souci d'apporter notre concours à la préservation de la démocratie et de la liberté.
Justement, la liberté est de tout dire, avec cependant une saine objectivité, alors que sans art libre il n'y aurait pas d'hommes libres. Et là, l'art implique par moments l'obligation de prendre parti du fait déjà que l'art est porteur de messages et qu'il représente presque à lui seul le rempart de l'humanité contre l'obscurantisme. Si artcult.com se montre parfois quelque peu agressif, c'est, nous le pensons, avec le désir d'informer et de diffuser la connaissance avant tout.