La conférence organisée par l'Unesco entre le 16 et le 20 juin 1997 sur la condition de l'artiste au sein de la société a mis en lumière l'apport des nouvelles technologies à travers le système Internet. Les divers intervenants ont souligné l'amplification des méthodes technologiques offertes aux artistes dans le cadre du développement de l'art numérique, l'essentiel étant de ne pas creuser de fossé avec l'art traditionnel.
Une des questions principales a concerné les droits des oeuvres reproduites sur le Web, M. Claude Poliart, administrateur de la Commission européenne, soulignant les prétentions excessives de certains ayants-droit qui voient dans l'explosion des reproductions d'oeuvres sur Internet l'opportunité de réclamer des sommes conséquentes. A cet égard, il serait utile dans le cadre des discussions en cours sur la fixation de ces droits de faire une distinction entre les oeuvres reproduites par des sites multimédia visant à la promotion propre des artistes et celles qui le sont à des fins commerciales. Il semble en effet anormal de réclamer des droits conséquents sur des reproductions qui servent avant tout les intérêts des artistes.
De plus en plus d'artistes se sont impliqués à créer des oeuvres par le biais d'Internet et les nouveaux technologiques ont un sens évident et cela s'inscrit dans le droit fil des démarches entreprises par les Cubistes, les Futuristes ou les Dadaïstes durant le premier tiers du XX siècle. En fait, le développement artistique sur Internet n'est qu'un héritage de l'art conceptuel, cinétique ou minimaliste des ces trente dernières années. Il s'agit en fait de reformuler le monde en associant des fragments du réel et de l'imaginaire en se basant sur le système hyper-texte pour que l'artiste puisse proposer au spectateur d'oeuvrer avec lui.
Dans ce concept, il s'agit de rendre le mouvement, de faire découvrir les rouages des moteurs et pour l'artiste de réfléchir aux changements alors que les industries n'ont pas le temps de s'arrêter sur cette démarche. Par là-même, Internet remet en cause le principe de l'histoire laquelle est maintenant vue selon une perspective horizontale et non plus verticale.
Il s'agit également pour les artistes de comprendre le nouveau média qu'est l'ordinateur relié à Internet lequel est devenu un lieu de production pour développer son travail et induire le spectateur à participer à la conception d'une oeuvre.
Le milieu numérise favorise les rencontres entre artistes et spectateurs et permet à l'art de décider entre la réalité et l'illusion. En outre, l'art en trois dimensions se retrouve constamment transformé. Le Web permet ainsi une popularisation de l'art et permet de réinventer des espaces dans lesquels l'artiste peut se transcender.
Il y a finalement une convergence entre l'art et la science comme l'a rappelé Jeffrey Shaw, artiste multimédia australien,le principal défi étant de rester un artiste dans un milieu hétérogène.
Au niveau de l'exploitation économique de l'art, de profondes mutations concernant la diffusion de la connaissance sont en cours comme l'a souligné M. Poliart. Avec Internet, l'activité artistique va être stimulée et il s'agit maintenant d'oeuvrer pour mettre en place des système médiatiques performants qui rendront obligatoire un consensus entre les acteurs du multimédia.
Il sera nécessaire d'avoir un accès libre à l'informatique, de veiller à une libre concurrence entre les réseaux et de développer les supports afin de mieux diffuser l'héritage du patrimoine européen. Un autre défi sera de combler le fossé entre info-riches et info-pauvres et obtenir une baisse des coûts des accès à Internet.
L'un des principaux problèmes sur Internet concerne bien évidemment les copyrights alors qu'Internet n'est pour l'instant que dans une phase de démarrage sur le plan de l'activité commerciale. Quoiqu'il en soit, Internet promet d'être un superbe outil pour la promotion de l'art auprès de l'humanité. Adrian Darmon