Le Musée du Luxembourg présente jusqu'au 2 mars 2003 une exposition étourdissante consacrée aux œuvres de Modigliani, dont certaines n'ont jamais été présentées jusqu'alors en France. Artiste maudit au même titre que Van Gogh, le beau Modigliani mourut à 36 ans victime de la tuberculose, de la drogue et de l'alcool et ne devint célèbre que bien après sa mort.
Peintre à part, Modigliani fit simplement du… Modigliani, en réalisant une œuvre parfaitement reconnaissable et pleine d'un charme indicible. Vingt ans après la magnifique rétrospective organisée au Musée d'Art Moderne, le Musée du Luxembourg présente 110 tableaux, une trentaine de dessin et une seule sculpture produits par celui qu'on surnommait « l'Ange de Montparnasse ».
Arrivé à Paris en 1906 avec l'intention de devenir sculpteur, le jeune artiste de Livourne découvrit Montmartre et un mauvais ange en la personne d'Utrillo qui l'entraîna dans les bistrots pour de folles virées enivrantes.
Réfugié plus tard à la Cité Falguière, il devint une figure de légende de Montparnasse sans pour autant connaître la gloire. Sa seule consolation fut néanmoins d'avoir quelques belles maîtresses et surtout des amis qui d'un côté le soutinrent et de l'autre le détruisirent un peu plus.
Le fait est que Modigliani a toujours séduit le public, néanmoins bien après sa mort. Admiré et considéré comme un très grand artiste, il n'appartint toutefois pas à aucun mouvement et travailla à la manière d'un solitaire en développant un style propre.
Quelque 70 peintures présentées au Musée du Luxembourg ont été prêtées par des collectionneurs et plus de la moitié n'a jamais été montrée en France.
Modigliani, qui se consacra qu'à la sculpture au début de sa carrière, ne fut pas vraiment un peintre prolifique puisqu'il ne peignit qu'entre 350 et 400 tableaux après avoir s'être consacré à la peinture qu'aux alentours de 1910. Parmi les plus belles œuvres, les visiteurs admireront le portrait de Léopold Zborowski, le premier marchand de Modigliani, celui de Jeanne Hébuterne, la dernière compagne de l'artiste qui se suicida de désespoir après sa mort, un « Nu couché » prêté par le Musée d'Osaka, Un Nu au chapeau peint en 1909, le portrait de Pierre Reverdy, celui de Raymond Radiguet, le « Violoncelliste », une « Mendiante », une «Rêveuse» et le Mendiant de Livourne.
Adrian Darmon