Ce serait un doux euphémisme de dire que la rentrée a été franchement mauvaise pour le marché de l'art en raison de la situation économique mondiale et des désastres boursiers qui ont affecté le moral des ménages. La consommation en France a baissé d'une manière significative en septembre 2002 tout comme les ventes de tableaux et d'objets d'art aux Etats-Unis et en Europe. Rien n'indique qu'elle reprendra prochainement d'autant plus que plus de 150 000 licenciements risquent d'avoir lieu dans les mois à venir.
Le marché de l'art se comporte néanmoins toujours aussi bien concernant les pièces exceptionnelles, comme cela a été récemment le cas pour une vente de sculptures d'Alberto Giacometti à Drouot mais en dehors du haut de gamme, les tableaux et les objets de moyenne qualité se vendent mal.
Autre facteur inquiétant : la pénurie de marchandises alliée à une baisse des achats que ce soit à Drouot, dans les foires et les marchés aux Puces. On a ainsi constaté que plus d'une centaine de stands sont à céder à Saint-Ouen, ce qui prouve que de nombreux marchands ne parviennent plus à faire face à leurs frais.
La récession est bien là dans tous les secteurs de l'économie même si le marché de l'art parvient encore à tirer son épingle du jeu au niveau des grandes ventes. Seulement voilà, le volume de son chiffre d'affaires dépend des vacations se situant entre 1 000 et 20 000 euros qui ont baissé d'environ 15% en un an. Ce ne sont donc pas quelques enchères mirobolantes pour des pièces de qualité musée qui peuvent compenser cette baisse d'autant plus que les affaires en dehors des salles de ventes sont au plus bas.
Le coup de frein est général et déjà les cours de l'immobilier sont en recul pour la première fois depuis des années. Les ménages n'ayant plus les moyens de procéder à des dépenses superflues, il semble désormais patent qu'une reprise économique ne sera envisageable au mieux que dans un an, voire deux, au plus.
Les taux de croissance des pays industrialisés ont été revus à la baisse dernièrement, ce qui accroît également les incertitudes d'autant plus que la menace d'attentats terroristes dans le monde s'est amplifiée depuis les attaques menées à Bali ou à Moscou.
En conclusion, le climat n'est guère propice à une reprise des affaires et la récession qui s'annonce risque d'être plus profonde que celle qui a affecté le monde occidental avant et après la Guerre du Golfe.
Adrian Darmon