La FIAC 2001 s'est déroulée du 10 au 15 octobre 2001 dans un climat plutôt morose, un mois après les attentats commis aux Etats-Unis, mais ses exposants ont malgré tout manifesté leur confiance en l'avenir.
Le jour de l'ouverture, les 160 et quelques participants ont été assez surpris de ne pas voir la FIAC saisie d'assaut comme durant les années précédentes. La morosité ambiante y a été probablement été pour quelque chose tout comme le prix d'entrée fixé à 90 FF, destiné selon les organisateurs à réduire le nombre des badauds.
Néanmoins, un vent nouveau a soufflé sur la FIAC particulièrement à travers des expositions personnelles présentées par 45% des participants ; notamment celles de J.C Blais, Paul Rebeyrolle ou Philip Bradshaw alors que le contingent des femmes s'est considérablement renforcé. A ce sujet, à signaler la présentation des oeuvres de Louise Nevelson, Meret Oppenheim, Betty Rui, Carmen Calvio, Christelle Familiari, Cécile Hartmann, Isabelle Lévénez, Dana Wyse ou Isabelle Grosse.
Autre domaine en pleine expansion : l'art vidéo qui a disposé d'un espace de 500 m2 et où certaines œuvres, notamment celles de Pierrick Sorin, ont étonné les visiteurs.
Les exposants n'ont certes pas été très satisfaits du volume de leurs chiffres d'affaires mais ont été unanimes à reconnaître que cette édition était très réussie à bien d'autres niveaux.
On a enfin vu des œuvres valables de jeunes artistes et d'autres, vraiment admirables, de peintres ou de sculpteurs confirmés dont la présentation globale a permis de réaliser une symbiose intéressante entre l'art du futur et celui considéré comme déjà consacré.
A l'instar des années précédentes, la FIAC a offert ses cimaises à de nombreux chefs d'œuvres d'artistes légendaires qui servent d'habitude à mettre le public en appétit, histoire de ne pas mettre d'emblée la jeune création en première ligne.
Le test le plus important a eu lieu lors de la journée réservée aux professionnels et durant laquelle plusieurs collectionneurs n'ont pas hésité à effectuer des achats, peut-être pour se rassurer dans le contexte actuel ou simplement par pur plaisir.
Disons-le tout net, cette FIAC a été superbe et nous a donné la possibilité de nous abreuver de merveilleuses découvertes et surtout de resituer notre vision de l'art contemporain, un domaine où le sublime peut être masqué par le n'importe quoi, où le n'importe quoi peut aussi être sublime, où le vide peut en réalité receler le plein, où l'art n'est pas forcément de l'art, où ce qui n'est pas de l'art peut prouver l'être, où les discours ont un sens alors que d'autres n'ont en pas, où l'absurde peut être extraordinaire et l'extraordinaire finir par être absurde.
Cette année, il y a eu une atmosphère, une fragrance, un parfum bien qu' à vrai dire, il n'y ait rien eu d'inédit, seulement une bouffée d'art pur qui a envahi les allées et rendu parfois euphoriques les pessimistes qui prédisaient il y a quelques semaines que la FIAC serait probablement un fiasco.
C'est tout le contraire qui s'est produit, peut-être sous l'effet d'une prise de conscience face à des événements angoissants suscités par des ennemis de la culture occidentale considérée quelque part à leurs yeux comme satanique. En retour, il y aurait donc eu de la part des exposants comme une attitude de défense bien soupesée consistant à présenter des œuvres plus en phase avec les goûts du public. Résultat: il y a eu plus de bon sens et moins de provoc dans cette édition 2001.
Il faut avouer que les expositions d'œuvres d'artistes majeurs ont admirablement servi les ambitions de la FIAC. Quelques beaux Picasso, Matisse, Léger, de Chirico, Miro, Fautrier, Warhol, Indiana, Nicholson, Botero ont pu ainsi suffire à donner le «la» d'une belle symphonie qui est devenue captivante à travers les œuvres d'un Erik Boulatov, magistral dans sa vision « hyper-surréaliste » de la dualité de notre monde (Galerie Dina Vierny), d'une Martine Aballéa qui restitue des atmosphères de films noirs (Galerie Art : Concept), d'un Yann Kersalé, druide de la lumière (Baudoin Lebon), d'un Jacques Villon, un artiste étonnant qui ne fut pas seulement le frère de Duchamp (Galerie Louis Carré), d'un Richard Misrach, créateur de clichés très «Rothko-ko» (Michael Hue-Williams Fine Art), d'un Gérard Traquandi, puriste dans la tradition de Matisse (Item), d'un Jean Dewasne, géomètre de l'abstraction (Galerie Lahumière), d'un Tomas Sanchez, digne héritier de G. Friedrich et de Boecklin (Marlborough Gallery), d'un Jan Voss, parti à la redécouverte de la préhistoire (Galerie Georg Nothelfer), d'un Philippe Cognée, jongleur de la matière (Galerie Alice Pauli), d'un Paul Mansouroff joyeusement avant-gardiste (Galerie Sapone), d'un David Mach, «Mr Matchbox» de l'art ou allumé des allumettes (Jérôme de Noirmont), d'un Georges Hugnet, maestro oublié du collage surréaliste (Zabriskie Gallery) ou d'un Erro, vrai pape du Pop pour certains puristes (Galerie Sonia Zannettacci).
On a néanmoins regretté l'absence de nombreux artistes des années 1950 et des représentants du mouvement Cobra alors que les chevaliers du Pop Art (Warhol, Erro, Indiana, Wesselman, Rotella, Niki de Saint-Phalle, Lichtenstein ou Dine) ont marqué un peu partout leur présence dans les stands de la FIAC mais il y avait de quoi se féliciter de la présence accrue des artistes actuels tels Johan Creten, Erik Dietman, Kader Attia, Favier ou Perramant qui n'ont pas laissé les visiteurs insensibles
Quoiqu'il en soit, un vent nouveau a soufflé sur la FIAC et la plupart des critiques ont été très sensibles aux efforts louables des organisateurs et des exposants triés à l'occasion sur le volet.
Le marché est hésitant mais les propriétaires des galeries ont plus que jamais soif de séduire et de mettre les amateurs en confiance.
L'opération de séduction semble plutôt réussie mais la restauration de la confiance dépend des résultats de la lutte menée contre le terrorisme par les Etats-Unis et leurs alliés.
Pour l'instant, il n'y a pas eu vraiment de panique mais des révisions concernant certains artistes contemporains dont les cotes ont explosé sur le marché durant ces derniers mois sont inéluctables. Ces derniers sont désormais délaissés au profit de ceux dont les prix sont restés constants durant ces trois dernières années.
En conclusion, cette FIAC plutôt élitiste a eu tout pour plaire. Il reste cependant à savoir si les acheteurs français auront été plus nombreux lors de cette édition, histoire de démontrer que l'art contemporain français est enfin en phase de renaissance, ce qui semble loin d'être le cas puisque nombre de galeries survivent le plus souvent comme par miracle.
La FIAC 2001 s'est déroulée du 10 au 15 octobre 2001 dans un climat plutôt morose, un mois après les attentats commis aux Etats-Unis, mais ses exposants ont malgré tout manifesté leur confiance en l'avenir.
Le jour de l'ouverture, les 160 et quelques participants ont été assez surpris de ne pas voir la FIAC saisie d'assaut comme durant les années précédentes. La morosité ambiante y a été probablement été pour quelque chose tout comme le prix d'entrée fixé à 90 FF, destiné selon les organisateurs à réduire le nombre des badauds.
Néanmoins, un vent nouveau a soufflé sur la FIAC particulièrement à travers des expositions personnelles présentées par 45% des participants ; notamment celles de J.C Blais, Paul Rebeyrolle ou Philip Bradshaw alors que le contingent des femmes s'est considérablement renforcé. A ce sujet, à signaler la présentation des oeuvres de Louise Nevelson, Meret Oppenheim, Betty Rui, Carmen Calvio, Christelle Familiari, Cécile Hartmann, Isabelle Lévénez, Dana Wyse ou Isabelle Grosse.
Autre domaine en pleine expansion : l'art vidéo qui a disposé d'un espace de 500 m2 et où certaines œuvres, notamment celles de Pierrick Sorin, ont étonné les visiteurs.
Les exposants n'ont certes pas été très satisfaits du volume de leurs chiffres d'affaires mais ont été unanimes à reconnaître que cette édition était très réussie à bien d'autres niveaux.
On a enfin vu des œuvres valables de jeunes artistes et d'autres, vraiment admirables, de peintres ou de sculpteurs confirmés dont la présentation globale a permis de réaliser une symbiose intéressante entre l'art du futur et celui considéré comme déjà consacré.
A l'instar des années précédentes, la FIAC a offert ses cimaises à de nombreux chefs d'œuvres d'artistes légendaires qui servent d'habitude à mettre le public en appétit, histoire de ne pas mettre d'emblée la jeune création en première ligne.
Le test le plus important a eu lieu lors de la journée réservée aux professionnels et durant laquelle plusieurs collectionneurs n'ont pas hésité à effectuer des achats, peut-être pour se rassurer dans le contexte actuel ou simplement par pur plaisir.
Disons-le tout net, cette FIAC a été superbe et nous a donné la possibilité de nous abreuver de merveilleuses découvertes et surtout de resituer notre vision de l'art contemporain, un domaine où le sublime peut être masqué par le n'importe quoi, où le n'importe quoi peut aussi être sublime, où le vide peut en réalité receler le plein, où l'art n'est pas forcément de l'art, où ce qui n'est pas de l'art peut prouver l'être, où les discours ont un sens alors que d'autres n'ont en pas, où l'absurde peut être extraordinaire et l'extraordinaire finir par être absurde.
Cette année, il y a eu une atmosphère, une fragrance, un parfum bien qu' à vrai dire, il n'y ait rien eu d'inédit, seulement une bouffée d'art pur qui a envahi les allées et rendu parfois euphoriques les pessimistes qui prédisaient il y a quelques semaines que la FIAC serait probablement un fiasco.
C'est tout le contraire qui s'est produit, peut-être sous l'effet d'une prise de conscience face à des événements angoissants suscités par des ennemis de la culture occidentale considérée quelque part à leurs yeux comme satanique. En retour, il y aurait donc eu de la part des exposants comme une attitude de défense bien soupesée consistant à présenter des œuvres plus en phase avec les goûts du public. Résultat: il y a eu plus de bon sens et moins de provoc dans cette édition 2001.
Il faut avouer que les expositions d'œuvres d'artistes majeurs ont admirablement servi les ambitions de la FIAC. Quelques beaux Picasso, Matisse, Léger, de Chirico, Miro, Fautrier, Warhol, Indiana, Nicholson, Botero ont pu ainsi suffire à donner le «la» d'une belle symphonie qui est devenue captivante à travers les œuvres d'un Erik Boulatov, magistral dans sa vision « hyper-surréaliste » de la dualité de notre monde (Galerie Dina Vierny), d'une Martine Aballéa qui restitue des atmosphères de films noirs (Galerie Art : Concept), d'un Yann Kersalé, druide de la lumière (Baudoin Lebon), d'un Jacques Villon, un artiste étonnant qui ne fut pas seulement le frère de Duchamp (Galerie Louis Carré), d'un Richard Misrach, créateur de clichés très «Rothko-ko» (Michael Hue-Williams Fine Art), d'un Gérard Traquandi, puriste dans la tradition de Matisse (Item), d'un Jean Dewasne, géomètre de l'abstraction (Galerie Lahumière), d'un Tomas Sanchez, digne héritier de G. Friedrich et de Boecklin (Marlborough Gallery), d'un Jan Voss, parti à la redécouverte de la préhistoire (Galerie Georg Nothelfer), d'un Philippe Cognée, jongleur de la matière (Galerie Alice Pauli), d'un Paul Mansouroff joyeusement avant-gardiste (Galerie Sapone), d'un David Mach, «Mr Matchbox» de l'art ou allumé des allumettes (Jérôme de Noirmont), d'un Georges Hugnet, maestro oublié du collage surréaliste (Zabriskie Gallery) ou d'un Erro, vrai pape du Pop pour certains puristes (Galerie Sonia Zannettacci).
On a néanmoins regretté l'absence de nombreux artistes des années 1950 et des représentants du mouvement Cobra alors que les chevaliers du Pop Art (Warhol, Erro, Indiana, Wesselman, Rotella, Niki de Saint-Phalle, Lichtenstein ou Dine) ont marqué un peu partout leur présence dans les stands de la FIAC mais il y avait de quoi se féliciter de la présence accrue des artistes actuels tels Johan Creten, Erik Dietman, Kader Attia, Favier ou Perramant qui n'ont pas laissé les visiteurs insensibles
Quoiqu'il en soit, un vent nouveau a soufflé sur la FIAC et la plupart des critiques ont été très sensibles aux efforts louables des organisateurs et des exposants triés à l'occasion sur le volet.
Le marché est hésitant mais les propriétaires des galeries ont plus que jamais soif de séduire et de mettre les amateurs en confiance.
L'opération de séduction semble plutôt réussie mais la restauration de la confiance dépend des résultats de la lutte menée contre le terrorisme par les Etats-Unis et leurs alliés.
Pour l'instant, il n'y a pas eu vraiment de panique mais des révisions concernant certains artistes contemporains dont les cotes ont explosé sur le marché durant ces derniers mois sont inéluctables. Ces derniers sont désormais délaissés au profit de ceux dont les prix sont restés constants durant ces trois dernières années.
En conclusion, cette FIAC plutôt élitiste a eu tout pour plaire. Il reste cependant à savoir si les acheteurs français auront été plus nombreux lors de cette édition, histoire de démontrer que l'art contemporain français est enfin en phase de renaissance, ce qui semble loin d'être le cas puisque nombre de galeries survivent le plus souvent comme par miracle.