L'extraordinaire Michal Rovner a créé l'événement à Paris avec ses installations vidéo d'un genre particulier présentées au Musée du Jeu de Paume jusqu'au 31 décembre 2005. L'artiste israélienne née en 1957 a carrément inventé une nouvelle sorte de bouillon de culture en créant notamment des sortes de coupelles de laboratoire dans lequel on distingue des formes allant et venant comme des bactéries grossies au microscope. Et puis soudain, l'œil du visiteur distingue que ces formes sont celles d'humains qui avancent, se cognent, disparaissent et se reforment au gré du mouvement.
A l'entrée de l'exposition, il y a un puits en pierre et si on se penche, on voit au fond des formes rouges qui gigotent comme des poissons avant d'entrevoir qu'il s'agit de formes humaines filmées comme au haut d'une tour qui courent dans tous les sens et qui, entrées en contact, éclatent pour former comme des gouttes de sang qui se répandent et se coagulent.
Dans une autre salle, le visiteur découvre des pierres avec des inscriptions cunéiformes et subitement, il s'aperçoit qu'il s'agit de gens marchant les uns derrière les autres en formant comme une sorte de chaîne humaine transformée en écriture biblique.
D'autres installations montrent des cahiers où ces formes constituent des phrases ou des additions de chiffres qui bougent ou sautent imperceptiblement. On est alors face à une sorte de tour de passe-passe qui transforme le figé en vivant. Le texte se met donc à vivre comme l'humain qui l'a créé alors que les vestiges semblent revenir à leur état originel. D'autre part, une série d' installations montre des lignes qui représentent des paysages parsemés d'extracteurs de pétrole qui s'animent comme pour puiser la sève de la terre qui alors semble s'associer avec l'homme qui a germé en elle avant de la conquérir.
Michal Rovner a créé ainsi un nouveau genre artistique en faisant de l'homme un chaînon essentiel de l'histoire du monde et sa multiplication en centaines d'individus pas plus gros que des insectes filiformes prend finalement l'allure d'une armée redoutable tels les virus grouillant sous un microscope qui se répandent à n'en plus finir, à l'image de la population sans cesse plus nombreuse de la Terre qui finit progressivement par la dévorer.